Je reviendrai bientôt sur votre tombe. Je vous amènerai de jolies fleurs jaunes et un bocal rempli de petits mots avec votre nom écrit dessus. Je veux venir un jour ensoleillé, peut-être un matin. J'ai juste peur de découvrir votre nom gravé sur la pierre tombale; vous savez, je n'y crois toujours pas et peut-être que je n'y croirai jamais vraiment, il vaut mieux ne pas y croire, sinon je ne sais pas ce que je ferais. Je vous aime et vous me manquez. Ici l'été a été chaud, j'aurais aimé partager avec vous mes lamentations perpetuelles et regarder ensemble la nature évoluer. J'aurais aimé qu'on s'asseoit sur ce putain de banc au parc, il nous attend toujours vous savez, il n'attend d'ailleurs plus que vous, moi j'y suis déjà assise, je vous attends. Au CMP c'est comme avant. Les gens sont toujours aussi gentils; je me suis beaucoup rapprochée du psy, le nouvel infirmier est gentil, je l'estime beaucoup, même si ce n'est pas vous et ce ne sera jamais vous. Il y a par moments votre odeur qui ressort, et par moments elle s'en va, vous êtes parfois là-bas, je le sais à l'instant même ou j'ouvre la porte et que je vous ressens. Dans un an nous déménagerons au nouvel emplacement, et cette vieille maison où je vous ai rencontré sera peut-être fermée pour toujours. J'ai peur des nouveaux lieux, des endroits neufs, des nouvelles constructions. J'ai besoin de fantômes autour de moi. Dites, vous viendrez là-bas, aussi? Je l'espère.
Je vous aime.