Demain, cela fera un an que je vous ai perdu. Un an. Je n'en reviens pas. Je suis encore là, dans le bureau avec mon psy, qui m'annonce cette terrible nouvelle. Un an est passé et je n'ai rien vu; je n'ai pas compris, je n'ai toujours pas compris et je ne comprendrai jamais. Un an c'est déjà trop. Je vais vous perdre davantage à cause de ce putain de temps qui passe et qui éloigne inéluctablement les vivants et les morts. Restez dans ma mémoire, je vous en supplie, que je n'oublie jamais vos yeux, votre voix - il paraît que la voix est ce qu'on oublie en premier - votre poignée de main et votre sourire. Je sais que vais forcément vous perdre un peu, mais il faut que je garde tout ce qu'il me sera possible de pouvoir garder, un maximum. Il faut que je pense à vous, toujours. Par la pensée vous vivez, et c'est si je ne pense plus autant à vous que vous allez vraiment mourir - il ne faut pas, il ne faut surtout pas. Et pourtant, je sais bien qu'avec le temps on pense moins aux absents, je le sais, même si on se bat contre, même on se jure que jamais au grand jamais on ne se laissera trahir, qu'on aura toujours un oeil ouvert là-dessus, je le sais, intimement, et c'est ça ma plus grande souffrance, c'est qu'un jour, je penserai moins à vous, un jour, j'accepterai de vous recouvrir, de vous ensevelir, je l'accepterai putain... Je ne veux pas, je ne veux pas...