T'as beau être ma mère, t'es un putain de poison.
Je sais, tout le monde t'adore. Tu as accueilli mes amies, mon copain à bras ouverts. Tu es ouverte d'esprit, moderne.
Mais t'es tellement différente dans l'intimité. Et c'est pour ça que toutes ces choses, je ne peux pas les dire. Toute la haine que j'ai pour toi, je ne peux que le garder parce que personne ne me croit.
"Ta mère ? Non mais c'est pas possible elle est géniale et elle t'aime tellement !".
Ah oui, tu m'aimes, c'est sûr.
Mais t'as vraiment besoin de te calmer, et rapidement.
Parce que tu sais que la relation qu'on a est très très loin d'être une relation mère-fille basique, avec autorité/soutien et rôles définis.
Tu sais que si tu lèves la main sur moi tu te prendras une mandale dans la gueule sans vergogne. Je ne te respecterai pas plus sous prétexte que j'ai vécu dans ton utérus.
Je ne supporte plus ton besoin de te faire passer pour une victime. Ton besoin d'attention et ton égocentrisme. La première fois que je t'ai timidement demandé de l'aide, parce que j'allais mal, tu as pris rendez-vous chez un psy. Pour toi. La deuxième fois où j'ai plongé, où j'ai perdu 10 kilos en 6 jours et où j'étais à deux doigts de faire une connerie, tu t'es auto proclamée dépressive et a passé 1 an à pleurer sur le canapé, à appeler tout ton répertoire pour raconter en long en large et en travers comment tu allais mal. En me laissant gérer l'intégralité du ménage, des courses, de l'administratif. En me prenant pour ton éponge à me raconter comment papa te trompait et comment c'est rien qu'un pervers.
Aujourd'hui j'ai grandi, et "tu vas mieux". Je ne serai plus ton éponge et ta victime. Et pourtant tu tentes, à chaque fois, de me faire plonger encore. En me disant à quel point je ne fous rien, à quel point tu aurais aimé avoir une fille "comme ta copine machin qui fait des études tellement supeeeer". Tu ne me vois plus. Tu pars au boulot, tu reviens, tu passes la soirée au téléphone avec ton mec. Tu vas dormir. Et c'est pareil le lendemain. Je gère tout, toujours. Les courses, le ménage, les lessives, la vaisselle, la bouffe. Une fois tous les deux mois, tu te décides subitement à tout nettoyer et t'es incapable de faire ça tranquillement, il faut que tu me fasses chier toute la journée pour qu'on se répartisse les tâches. Mais putain pour une fois que tu bouges ton cul, laisse moi tranquille, merde.
Et ta superbe indifférence face à mes études. Tu n'en as rien à foutre, tu ne veux rien savoir. Le pire étant que j'ai besoin d'une alternance pour l'année prochaine, et qu'à chaque fois que je prononce un mot sur ma recherche d'entreprise, tu changes de sujet, tu ne me réponds pas, tu ne me regardes même pas.
Je pense qu'aujourd'hui, si je n'avais pas mon copain, j'aurais pété un plomb depuis longtemps. Lui me soutient, lui m'aide. Il m'achète à manger tous les week end, quand tu pars en laissant le frigo vide après tes crises de boulimie, alors que tu sais que je suis à découvert et que je ne peux pas me permettre d'acheter à manger. Il m'aide à nettoyer l'appartement, y compris tes merdes. Il me soutient à 100%, quoi qu'il arrive, dans tous mes choix et dans toutes mes recherches. Il m'accompagne lors de mes entretiens. Tu ne veux même pas savoir pour quelle entreprise j'ai postulé.
Aujourd'hui, on parle sérieusement de s'installer ensemble. Malgré mes études, il peut gérer financièrement pour nous deux, ça ne sera même pas un problème.
Je ne vais même pas t'en parler. Je te l'annoncerai juste avant, que je déménage. Je veux voir la putain de bombe que tu vas te prendre dans la gueule à force de faire ta connasse d'adolescente et de jouer à la conne avec ta fille.
Parce que oui, au fond tu m'aimes, et ça va te crever le coeur quand tu n'auras plus de mes nouvelles. Et ça, ça me fait sourire.