Cette féministe va se balader en ayant ses règles, et sans protection

[Rosenrips]

@100drillon De mon côté, à une époque où j'étais vraiment dans une situation financière hyper pénible et avec des menstruations assez violentes, j'avais à peu près un budget de 5 euros pas mois. Je reconnais que c'est pas énorme, mais mine de rien quand on commence le mois entre 50 et 70 euros (quand on a payé toutes ses charges), j'avoue que ça me trouait un peu les fesses de payer chaque mois 5 euros de serviettes hygiéniques (il m'en fallait par exemple absolument des medium plus, avec ailettes, pour la journée et un autre paquet pour la nuit). Et oui je m'achetais bien du savon (qui me servait aussi de shampoing) ainsi que du PQ, mais en contrepartie je n'achetais pas de sopalin, le PQ faisait office d'essuis-fesses, sopalin et mouchoirs à la fois (par contre je différenciais quand même les rouleaux )

Enfin tout ça pour dire que ce n'est pas forcément un non-débat, disons que les protections périodiques constituent une dépense que les personnes dotées d'ovaires doivent absolument faire régulièrement, contrairement aux personnes dotées de pénis donc déjà, je trouve que ça pose un problème d'inégalité. Je pense aussi aux personnes qui ont des maladies du type endométriose, ce qui est probablement mon cas (je suis en cours de diagnostic) et qui perdent énormément de sang. Aujourd'hui je suis sous pilule donc ça va "mieux", mais quand j'étais au lycée, sans rire, je devais en avoir pour 15 euros de protections par mois, en raison d'une potentielle maladie. Et dans ces cas-là, je trouve que sur prescription médicale, les protections périodiques devraient être remboursées au même titre que les médicaments qui aident à surmonter les symptômes, mais j'ai l'impression que ça n'a même pas traversé l'esprit de nos dirigeants.

Et puis honnêtement, c'est pas comme le rasage pour les hommes, ou le manque potentiel de PQ ou de shampoing. Si les hommes arrêtaient de se raser, on aurait pas des traînées de poils partout. Si on arrêtait tous de s'essuyer les fesses, ben ça sentirait pas super bon, mais on pourrait se rabattre sur la douche ou du moins ça ne laisserait pas de "traces visibles", idem avec le savon. Mais si on arrêtait toux.tes de mettre des protections hygiéniques et qu'on commençait à laisser des traces de sang un peu partout où on irait, ben je pense que tout le monde reverrait un peu les choses en perspectives et que beaucoup comprendraient à quel point ça serait chiant si plus personne ne mettait de serviettes, alors qu'on doit payer pour ça. On se rase pour nous-même, on se savonne et on s'essuie les fesses pour être bien dans sa peau, mais on met des serviettes (aussi certes pour se sentir safe dans la culotte) mais en grande partie aussi pour ne pas tâcher, donc c'est aussi beaucoup pour les autres.

Bref, je trouve ça dommage de dire qu'il s'agit d'un non-débat et qu'il suffit de faire gaffe à comment on dépense son argent, alors que je pense que c'est beaucoup plus complexe !

 

[Pelleas]

Alors ok le jetable c'est pratique et globalement plus hygiénique, mais on sait aussi pertinemment que c'est surtout une superbe trouvaille des industriels (épaulé par les marketeux) pour nous faire consommer toujours plus. Et surtout toujours plus mal (merci les agents blanchissants etc)

Donc qu'on mette une bonne fois pour toutes ne avant la cup, ainsi si que les culottes menstruelles et les serviettes lavables. Ces dernière que l'on peut d'ailleurs se fabriquer toutes seules en y prenant le temps. Et pour le lavage un gros pain de savon de marseille fait très bien le boulot.

Donc pareil que certaines ici, je trouve aussi que c'est un peu un faux problème.

 

[Denis]

Pour info, la fac de Lille distribue déjà gratuitement un kit de protection !

Combien ça coûte d’avoir ses règles ?
Extrait : L’université de Lille a d’ailleurs annoncé cette semaine qu’elle distribuerait gratuitement 30 000 kits de protections hygiéniques, contenant tampons, serviettes et coupe menstruelle.

 

[pi.cassoux]

Ok, je comprends l’initiative de se battre contre la précarité menstruelle de façon provocante, j’ai moi même été dans cette merde pendant une période (le commentaire au dessus m’a fait rire jaune, j’ai déjà eu le choix entre les tampons et les pâtes, j’ai choisi... de manger. Et oui, le shampoing me servait de savon, et oui, le pq que je piquais au boulot me servait de protection hygiénique. Comme quoi avec un travail et sans être sdf on peut être dans la grosse merde...).
En revanche, je ne vois pas en quoi mettre du sang partout où on s’assoit peut aider. Ça va juste remettre en selle notre cher « les règles c’est degueulasse » et ça exhibe juste la honte que les femmes ressentent quand elles n’ont pas de protection et n’osent pas s’assoir de peur de tacher les choses et se faire insulter. Marcher dans la rue avec un pantalon taché et l’assumer, ok, ça ne tient qu’a la personne qui porte le pantalon. Tacher les bancs de métro, les bancs publiques, et risquer un sort encore plus sévère pour les femmes dans la précarité (on a déjà mis des pics sur les devantures des vitrines et elles ont déjà peu de bancs où s’installer (d’une part parce que les jardins publics sont fermés la nuit et d’une autre part parce que les hommes occupent la plus part du reste), faudrait pas leur retirer le chouillas de confort qu’il leur reste sous prétexte qu’elles sont sales), je trouve ça très mal réfléchi comme méthode de combat.
Cette femme veut un truc parlant et choquant? Elle fait un petit calcul : combien de femmes sdf en France x combien de litres de sang menstruel par femme par an? Un partenariat, une idée proposée à une entreprise de bouteilles d’eau (conséquente et engagée dans la cause féminine, disons Evian, une marque française qui a assez de budget pour qu’on les voit partout et qui fait de grands pas en matière de publicité), on remplit leurs bouteilles desdits litres obtenus par un liquide rouge, et on obtient un spot publicitaire, dans le métro, sur internet (à la tv?) dans lequel la marque fait parler d’elle même et également de la santé de toutes les femmes.
C’etait quoi déjà leurs slogan? « Parce que l’eau que vous buvez est aussi importante que l’air que vous respirez » en changeant quelques mots, ils peuvent faire quelque chose de bien plus parlant, sans faire le moindre mal. Un exemple?
« Tant de femmes se retrouvent chaque mois dans une situation contraignante, parce qu’elles n’ont pas les moyens de se procurer des protections hygiéniques. Pour toutes ces femmes, cela représente chaque année tant de bouteilles de notre marque.
Agissons.
Parce que le confort de chacune est aussi importante que l’eau que vous buvez. »
Un truc comme ça, c’est pas mieux que de tacher tous les bancs de paris?
(Après, c’est qu’une idée lancée, je fais partie des gens qui ont l’imagination mais pas le cran)

 

[Mercutio]

Les gars, on est en train de dire sans trembler des genoux que la précarité c'est un faux problème.
Le féminisme privilégié ça se pose là.

 

[Rosenrips]

@Pelleas Mais si les gens achètent des tampons ou des serviettes jetables, c'est parce que c'est plus "facile" de dépenser 5 euros tous les mois, que de payer en une fois une protection qui coûte cher.
- La cup, pas tout le monde ne la supporte. Moi je peux pas en tout cas, c'est juste impossible. Je suis ravie (sincèrement) pour les personnes qui la supportent et qui ont eu une épiphanie (Point Chandeleur du jour) en la mettant, mais je peux pas. Et avec des prix qui tournent en moyenne à 20 euros la cup, ben pas tout le monde peut se le permettre.
- Pour les culottes lavables, j'ai regardé les FEMPO, c'est 32 euros la culotte. Perso à une époque j'avais pas 32 boules à dépenser dans UNE culotte. Puis comment on fait avec juste une culotte ? Tu la laves le soir, et le lendemain quand t'as un vieil appartement pourri et humide, elle est aussi mouillée que la veille. Donc il faudrait au moins une culotte de rechange. Donc on arrive à 64 euros pour deux culottes.
- Quant à la fabrication des serviettes jetables, j'ai regardé quelques tutos, il faut genre trois tissus différents, dont un tissu type serviette éponge. Faut aussi savoir bien coudre, et du temps. Et toujours le même problème, quand on a un flux impossible à maîtriser, ben désolée avec du tissu ça traverse, et t'as le cul mouillé pendant des heures. Enfin, si à l'époque où j'avais pas une thune on m'avait dit "Ouais non mais faut que tu passes aux serviettes jetables, c'est normal que tu t'en sortes pas aussi, t'as un faux problème" alors que clairement j'avais ni le temps, ni les moyens de m'acheter trois bouts de tissu ou de découper ma seule serviette de bain, que je ne savais pas coudre et pas les moyens de m'acheter une machine à coudre, j'aurais répondu "Ah oui merci bien du conseil" en me disant que la personne en face n'a vraiment rien pigé au problème. Et franchement, pour finir avec les serviettes jetables, les gens qui sont dans une situation vraiment difficile vont pas de faire une jolie serviette avec des tissus motifs trop cute à fleurs, comme les tutos qu'on nous montre, avec la jolie photo, le mug de thé et la jolie machine à coudre. Ma mère a expérimenté les serviettes jetables quand elle était plus jeune et qu'elle avait pas une thune, c'était bien loin d'être glamour. C'était du fourrage de tissu random dans la culotte comme elle pouvait, avec une grosse boule dans le pantalon, avec une démarche de canard. Et le summun c'est en effet le lavage au savon de Marseille, après une journée exténuante le cul bourré de tissu, elle était en effet ravie de passer une heure à frotter ses "serviettes" pour les laver.

(Et PITIÉ qu'on ne me dise pas que 20 euros la cup c'est un investissement, que ça n'a jamais tué personne de payer un truc 20 euros car ça vaut le coup de payer cher une fois pour économiser par la suite. Faire des économies, c'est quand on en a les moyens. Y'a des personnes qui ne peuvent juste pas payer 20 euros d'un coup en un mois.)

 

[Merrypippin]

J'adore vos idées de serviettes lavables rentabilisées hein, mais à un moment donné quand t'es dans une situation précaire t'as absolument pas 40 euros à mettre là dedans et surtout: vous pensez vraiment que les femmes (ou autres genres qui ont leurs règles) qui sont dans la rue ont un endroit où laver leurs serviettes et les faire sécher?
Le papier toilette que vous évoquez souvent comme autre produit de nécessité est disponible dans les toilettes publiques alors pourquoi pas les produits périodiques? D'autant plus qu'on peut se passer de papier toilette en se lavant comme c'est le cas dans pas mal de pays orientaux.
@100drillon ah bah oui bien sûr les pauvres sont en situation de précarité parce qu'iels se prennent pas en main, bien sûr Est-ce que tu te rends compte de la violence de ton mépris?
Et sinon effectivement c'est mal vu pour un homme (ou autre genre barbu) de pas être rasé dans certains milieux pros, sauf que ce n'est pas exclusifs à eux: les femmes doivent avoir des cheveux propres et coiffés, pilosité épilée,... Donc je pense que ce n'est clairement pas à mettre sur le même plan que les règles qui concernent la santé.

 

[Léona B.]

Je n'ai jamais été dans la merde financièrement et je considère quand même que les protections hygiéniques sont beaucoup trop chères et devraient être accessibles et gratuites pour tou.te.s (si ça ne se fait pas, en priorité aux personnes précaires, évidemment). C'est cher, c'est chiant d'en acheter, le Monoprix à côté de chez moi les mets même dans une deuxième partie de magasin avec les vêtements et les produits de beauté, j'ai mis des plombes l'autres fois avant de trouver où c'était.

Pour la personne qui a avancé que les hommes doivent se raser et que ça représente le même coût : si demain je ne mets pas de tampon et que mon copain arrête de se raser, lui aura une barbe cheloue et moi j'aurai bousillé mes sous-vêtements et mes vêtements, j'aurai senti à longueur de journée et tâché tous les trucs sur lesquels je me serai assise. Donc, je ne suis pas tout à fait d'accord.

Et personne n'a évoqué jusque-là le flux instinctif, mais c'est une non-solution : être à proximité de toilettes pour aller "déposer" ses règles toutes les demi-heures, ça n'est pas possible pour la majorité des femmes, donc re-non.

 

[RainyMood]

@100drillon Je te trouve d'un mépris sérieux ! Non tout le monde n'a pas forcément deux euros, voire 4 euros à mettre dans un ou plusieurs paquets de serviettes ou de tampons et encore si tu ne les prends pas BIO parce que là ça revient à plus de 4 euros le paquet donc si t'en prend deux ça te revient à 8 euros. Et tout le monde n'a pas forcément l'argent pour s'acheter une culotte à 32 euros. Tout le monde n'a pas forcément une machine à laver, parce soit tu peux pas t'en payer une ou soit tu vis à la rue. Et comme tu vis à la rue, tu la commande comment ta culotte ? Une boite postale ? Mais c'est payant une boite postale. Et la cup ? Eh bien pareil faut pouvoir la payer et c'est pas tout le monde qui la supporte.

Les règles c'est biologique, si tu n'as aucun soucis de santé particulier ou que tu n'es pas ménopausée ça peut vite devenir contraignant. Et comme le dit @Léona B. Les règles ça bousille les vêtements, donc une nana qui déjà a du mal à se payer un paquet de serviette ou ne peut pas s'en payer et/ou n'a pas de machine à laver ne pourra pas se racheter de nouvelles fringues. Les messieurs avec leurs barbes, ne pas la raser n'aura pas de conséquences grave.

 

[LaFlo]

@LaFlo @grenouilleau Je vais un peu jouer l'avocat du diable mais les hommes eux doivent se raser (ok, ils peuvent se laisser pousser la barbe, mais ça reste assez mal vu dans pas mal de milieux pro). Du coup on leur paie les rasoirs et la tondeuse ?

Et @grenouilleau , sache que je suis actuellement dans une situation financière très précaire. Pour mes règles j'ai une cup donc le sujet est évacué. Mais en tout cas je commence mon mois par acheter les produits de 1ère nécessité et pour le reste je vois après. Hors de question de plus avoir de pâtes ou de PQ le 20 du mois quand j'ai plus d'argent sur mon compte...

A un moment faut aussi se prendre en main quoi....

Mais à ce compte là les femmes aussi doivent se raser selon le boulot que tu as, si t'as un taf où tu dois mettre des tailleurs et que tu te rases pas les jambes c'est pas forcément bien perçu par la société actuelle !

Désolée mais je vois pas le rapport avec le fait de se "prendre en main", je gagne bien ma vie mais ca change rien au fait que ca ne me semble pas logique que je doive dépenser tous les mois une somme pour les tampons alors qu'en je me mets à le place des nanas qui galèrent financièrement bein là je trouve ca carrément injuste.

 

[Pelleas]

Pour les protections lavable, déjà pas besoin d'une machine à laver, un simple lavabo et un bout de savon font le travail. Et pour l'argument du temps que cela prend on vit de plus en plus dans un paradoxe. On est sensée vivre une époque ou tout est fait pour nous faire gagné du temps mais tout le monde gueule ne n'en avoir jamais assez. Et laver une serviette en tissu cela prend autant de temps qu'un brossage de dents. Ok à la longue il reste quelques auréoles, mais ce n'est pas sale pour autant.

Apres évidement que quand tu es vraiment en galère ce n'est pas forcement simple de sortir une trentaine d'euros d'euro coup pour un lot de serviette lavable (et je dis bien un lot). Mais plutôt que de vouloir à tout pris distribuer gratuitement des protections jetables, autant en filer des lavable/réutilisable. Et je suis sur qu'il y aurait plus d'une asso du troisième age qui serait prête à en coudre pour la bonne cause.
Pourquoi pas faire des session dans les collèges ou chaque gamine apprend et se fabrique une serviette en tissu. Ou plus simplement un savoir à se transmettre de mère en fille. Plutôt que de vouloir encore et toujours faire du jetable, du sur-emballage et faire le jeu de la grande distribution.

 

[Azala]

Nous n'avons pas dû lire les mêmes choses, parce que ce que moi j'ai vu, cela correspond plutôt à : "le vrai problème est la précarité, pas les règles quand on est dans la précarité".
Je trouve également cette initiative ridicule et sans objet : 2 € de surbudget, cela devrait être négligeable. Le réel problème, est justement qu'il y ait des personnes pour qui ces 2 € ne soient pas négligeable, que ce soit des hommes ou des femmes. Il s'agit de précarité, qui n'a rien à voir avec les règles ou le féminisme, et qui a tout à voir avec l'économie et le social.

Oui, aucun rapport entre la précarité et le fait d'être une femme. Oh, wait...