Je pense clairement aussi que ça a un rapport ; bien entendu, les soucis rencontrés par nos parents étant plus jeunes n'excuse pas ce qu'ils ont pu nous faire (le témoignage de
@Haneda avec l'histoire du maillot de bain m'a vraiment révoltée et j'avoue que cette manière de bafouer l'intégrité physique de son enfant en l'exposant aux autres contre sa volonté me choque et que je lui fait un gros bisou) mais c'est sûr que leurs travers psychologiques avec nous, leurs enfants, ont racine quelque part dans leur enfance.
Mon père qui me rabaisse et me claque finalement la porte au nez sous-entendant que je ne le trouve "pas assez intelligent" (sic), qui passe son temps à me rabaisser dès que je ne sais pas quelque chose tout en me poussant plus haut sans relâches, a vécu une enfance et adolescence difficiles ; ses parents le pensaient attardé et ont douté toute sa vie de ses compétences. Alors, pour être honnête, il peut parfois être très, très lent pour certaines choses vraiment basiques de la vie quotidienne, mais c'est clairement loin, très loin d'être un idiot.
Complexé par son orthographe, il a passé des années à lire, lire et lire encore, a toujours écrire ses lettres avec un dictionnaire et des tables de conjugaison et, s'il fait encore un certain nombre d'erreurs à l'heure actuelle, ça n'a rien à voir avec ce dont il était capable 20 ans en arrière.
Mais voilà, il avait - et a toujours - des complexes intellectuels et une confiance en lui quasi-nulle. Qu'il compense à fond en lisant et étudiant un peu la psychanalyse jungienne.
Quant à ma maman, pour la confiance en elle, c'était pas gagné non plus. Gamine, elle était un peu boulotte, avait de grosses lunettes et était assez décalée avec ses camarades et ses soeurs. Ça cumulé à ses yeux légèrement bridés car ma famille a de très lointaines origines Mongoles, ses parents - je rappelle que c'était dans les années 50 - ont d'abord pensé qu'elle était Trisomique, et cela pendant les 5-6 premières années de sa vie.
Du coup, quand mon père a divorcé, se sentant fichue et sans doute craignant être seule pour le reste de sa vie, elle est tombée dans l'alcoolisme. (à 14h en semaine elle était bourrée quand je l'avais au téléphone et j'ai souvent dû la ramasser, jouant tantôt le rôle de la bonne copine confidente ou de la maman)
Total, je me balade en permanence avec le syndrome de l'Imposteur alors que je suis en thèse et que j'enseigne à l'uni ("je ne suis qu'une fraude, ils vont voir que je n'ai rien à faire ici, mes anciens profs / collègues vont s'apercevoir de la supercherie,c 'était juste un coup de bol", etc.).
Mes parents, ce sont des adultes cachant toujours un enfant en souffrance, à qui on n'a jamais vraiment dit "c'est ok, tu vas t'en sortir, tu vaux quelque chose et nous t'aimons".
Dans ce genre de contexte, comment être un parent à son tour sans risquer de commettre des erreurs similaires ?
Je ne dis pas que ça excuse, mais on sait que, involontairement, les mêmes schémas familiaux peuvent se répéter.