Pour prendre l’exemple du crop top : c’est une pièce qui est caractéristique du vestiaire des adolescentes. C’est intéressant d’étudier ce vêtement, car souvent, les filles le portent avec un jean et des baskets. Elles montrent certes leur nombril, mais pas leur jambes ni leurs pieds…
Les femmes qui enseignent portent parfois des jupes au-dessus du genou, et elles en ont le droit puisque le règlement ne s’adresse qu’aux élèves. Et historiquement, les jambes, les chevilles ont été plus sexualisées que le ventre ! Donc c’est absurde d’interdire un crop top qui dévoile le nombril, « zone neutre », mais de ne rien dire devant une prof aux jambes nues.
Je voulais revenir sur ce passage notamment parce qu'il est complètement faux.
Déjà, en tant que prof, bien sûr qu'on peut aussi se prendre des remarques sur notre tenue de la part de la direction de l'établissement : pendant mon année de stage, les inspecteurs avaient même insisté sur le fait que ça faisait partie des critères d'évaluation de notre compétence, que les débardeurs et autres tenues aux épaules apparentes ou aux jambes trop dévoilées n'étaient pas acceptées. Et on est également soumis à des règles, on est dans notre environnement professionnel donc non, on ne vient pas en crop-top ou en mini-jupe, même si ce sont des pièces de notre garde-robe habituelle. Cela ne me semble même pas absurde qu'on demande aux professeurs d'avoir une tenue "professionnelle", de même qu'on a un positionnement et une attitude professionnels face aux élèves (on ne leur tape pas la bise, on ne dit pas de gros mots, on doit utiliser un vocabulaire et une syntaxe corrects, on ne doit pas présenter nos opinions personnelles, etc.)
Ensuite, sous-entendre voire dire que les règlements intérieurs sont par essence sexistes, c'est de moins en moins vrai (et heureusement d'ailleurs !). Dans l'établissement dans lequel je suis actuellement, on refuse les jeans troués, les sous-vêtements apparents et le torse apparent ainsi que les tongs/claquettes, pour les filles comme pour les garçons, pour des raisons de sécurité pour les chaussures, pour des raisons de "professionnalisme" pour les vêtements. Et quand on explique aux élèves que c'est leur lieu de travail et que, même s'ils ont une certaine liberté, ils doivent respecter un certain nombre de codes, ça passe très bien.
Enfin, dire que le nombril n'est pas sexualisé, c'est à côté de la plaque. En effet, je me souviens dans "Le Guépard" de Lampedusa, le héros Fabrizio s'énerve parce que sa femme lui fait une scène pour sa maîtresse et l'un des arguments qu'il donne est justement que sa femme est tellement prude qu'il n'a jamais vu son nombril, ce qui lui semble fou après 20 ans de mariage et 7 enfants. De même, dans un roman plus récent, "La Consolante" de Gavalda, le narrateur évoque un moment difficile avec sa belle-fille adolescente justement qui veut mettre des hauts courts et il y a tout un passage sur "l'intime" du nombril et ce corps à ne pas sexualiser et vouloir séduire trop vite. Je peux photographier les passages pour celles et ceux que ça intéresseraient. Le nombril, c'est hyper intime, c'est notre premier lien au monde, c'est finalement la première chose qui se construit quand on est in utero puisque c'est ce qui permet l'alimentation, donc dire que c'est une "zone neutre" et que c'est rien du tout, je trouve que c'est abusé.
Pour conclure, je suis toujours scandalisée de voir certains établissements abuser ainsi du règlement intérieur et je suis admirative de ces élèves qui se battent pour leurs droits !