Je suis étonnée de ne lire presque aucune réaction de MadZ issues de STAPS, ça aurait été intéressant!
Pendant mes études, j'ai suivi un double cursus avec STAPS en Master et j'ai fait pas mal de colos, donc avec beaucoup d'animateurs de STAPS, et après avoir côtoyé les étudiants de cette filière (d'où sont issus la majorité des profs de sport), je comprends mieux l'état d'esprit des profs de sport.
Beaucoup d'élèves choisissent STAPS parce qu'ils adorent le sport, puis ils se rendent compte rapidement que le débouché de la filière c'est prof d'EPS et donc ils s'orientent vers ça un peu par défaut, parce que c'est le seul métier lié au sport qui leur parait plutôt accessible avec leur diplôme. Je ne dis absolument pas que c'est le cas de tous les profs d'EPS, mais c'est un parcours assez classique, ce qui fait que c'est rarement l'amour de la pédagogie envers les élèves allergiques au sport qui pousse à devenir prof d'EPS.
Pourtant, je trouve qu'ils font partie des profs les mieux préparés au métier de prof car la filière STAPS prévoit énormément de cours sur la pédagogie, la psychologie adolescente/enfantine etc. et ce, dès la première année. Alors que par exemple, un prof de maths ou de français fait 3 ans d'études purement axés autour de la discipline, sans réfléchir à la pédagogie avant de s'orienter vers le métier de prof. Donc il y a quand même un gros potentiel en STAPS!
Par contre, les cursus ont peut-être évolué depuis, mais moi qui était aussi en sciences humaines en même temps, je trouvais les cours de STAPS très conservateurs. Ils réfléchissaient aux mêmes sujets que les sciences humaines (par exemple, les différences genrées dans la pratique du sport ou la pédagogie), mais je trouvais l'angle de vue un poil en retard sur la société.
Par exemple, je me souviens que c'était une pensée très mainstream de croire parmi les élèves de STAPS que je côtoyais qu'il vaut mieux séparer les filles et les garçons dans l'apprentissage à cause de leurs cerveaux différents qui fait qu'ils n'assimilent pas les choses pareil. Alors qu'en sciences humaines, on n'était pas forcément contre le fait de séparer filles et garçons, mais pour des raisons différentes (le fait que la sociabilisation des filles et des garçons étant culturellement différentes, la mixité peut inhiber certains comportements, notamment en reléguant les filles sur les bancs pendant que les garçons prennent l'espace, etc.). Parler de cerveau différent, c'était quand même un peu vieux jeu.
Aussi, il y avait pas mal de filles en STAPS quand même (je crois que c'est 30 ou 40% des élèves), mais comme le sport est très empreint de valeurs masculines (je pense que ça évolue ceci dit), les étudiantes avaient tendance à adopter le rôle de "la fille qui déteste les filles" pour se faire accepter. La situation était un peu différente quand leur sport d'origine était un sport connoté complètement féminin, mais la plupart des étudiantes issues de sport neutres ou plutôt vus comme masculins avaient vraiment tendance à dénigrer tout ce qui était vu comme trop girly ou comme trop "fille", à mépriser les filles qui montraient trop de caractéristiques girly pour se démarquer d'elles et être vues comme de vraies sportives. Ce qui peut expliquer que certaines profs femmes n'aient aucune pitié avec les "élèves chouineuses" ou celles qui crient en voyant la balle. Elles ont appris à n'avoir aucune patience pour ce qui est vu comme un défaut féminin, et il y avait un gros gros potentiel de sexisme intégré.
Pour les garçons et les filles, il y avait dans certaines promo une sorte de culture sportive en mode "healthy" qui était pas mal propagée à travers certains cours comme les cours en lien avec l'alimentation, les muscles, etc., mais aussi le côté compétitif du sport. Du coup, je constatais que certains étudiants avaient l'impression que leur grossophobie était justifiée scientifiquement ou que la "mollesse" de certains était plus un signe de faiblesse qu'un point à travailler. Certains n'avaient aucune patience pour les non-sportifs et les voyaient avec beaucoup de mépris, mais je pense que ça vient en partie du fait qu'il y avait beaucoup de vieux profs à la fac de STAPS où j'étais, donc avec un côté coach sportif à l'ancienne et qu'ils transmettaient cet esprit aux nouveaux.
Après, je parle juste de mon expérience et elle commence un peu à dater (c'était il y a presque 10 ans), donc les choses ont pu changer. Mais je pense que la formation des profs de sport explique en partie le comportement des profs de sport en cours. Pourtant, ce sont ceux qui ont le plus réfléchi sur la pédagogie et le fait de transmettre leur savoir (par exemple, en fac d'informatique ou de chimie, on apprend à obtenir un résultat - en fac de sport, on apprend comment tout fonctionne pour pouvoir permettre à d'autres de pratiquer le plus sûrement possible). En réformant un peu la mentalité de la filière, je pense que ça pourrait vraiment être de très bons profs.
Par exemple, quand je suis entrée à la fac, je suis tombée sur un coach de natation qui était un pur STAPSIEN, ancien prof d'EPS agrégé. Jusque là, je faisais de la natation depuis des années avec des coach qui avaient un brevet d'état en natation ou ce genre de diplôme, mais qui n'étaient pas passé par la fac de sport. Et avec ce prof, ma pratique a complètement décollé car c'était la première fois que quelqu'un pouvait m'expliquer aussi précisément les notions de biomécanique, d'aérodynamique ou de techniques de ma discipline. L'organisation de STAPS en avait vraiment fait un expert en sport et en pédagogie, c'était génial pour une adulte qui a choisi ce sport. Ce serait bien que ce genre de prof-là se retrouve aussi à l'école et au lycée!
EDIT : Et ça m'a fait beaucoup rire d'entrer en STAPS car mes profs de sport me maltraitait pas mal au collège. Je me souviendrais toujours de la prof d'EPS qui m'avait foutu dans le petit bassin pendant les cours de natation en 6e où je passais toute la séance à devoir faire le petit train dans l'eau là où on a pied avec les autres qui ne savaient pas nager pour "me familiariser avec l'eau" alors que... je faisais de la compétition de natation et que je commençais même à apprendre le sauvetage!!! Je nageais mieux que plein d'élèves qu'elle avait mis dans le groupe des meilleurs et je n'avais même pas le droit de faire des longueurs avec eux. Je devais être une des seules élèves de la classe à me réjouir que les cours de natation arrivent enfin après un trimestre où je me faisais humilier dans les sports de ballons et d'agrès et enfin, j'allais pouvoir être la meilleure... Mais non, la prof avait décidé de m'humilier jusqu'au bout! J'étais allée protester, en lui disant que je savais nager, que j'avais mon "dauphin d'argent" (c'était un vrai niveau de natation, ça a un peu changé depuis), elle m'a ri au nez en me disant que ça n'existait pas et que je ne savais pas plonger correctement, donc je n'avais pas ma place avec les bons nageurs (c'est vrai qu'à l'époque, je ne me sentais pas à l'aise avec les plongeons, ce qui fait que je ne concourrais pas dans les nages qui commençaient par un plongeon). Mais au final, je ne suis même pas sûre qu'elle ait été très bonne en natation elle-même (les profs d'EPS maitrisent souvent 2-3 sports vraiment et les autres, ils les connaissent plus en surface), parce que je ne vois pas comment une vraie nageuse aurait voulu me punir comme ça.