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Membre supprimé 332225
Guest
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La "vie", c'est pas être coincé dans son corps à ne rien pouvoir faire d'autre qu'avaler des aliments par une sonde et cligner des yeux. Enfin en tout cas, si c'est la conception de la vie qu'ont certaines personnes, on n'a clairement pas la même.
Se pose ici tout le problème éthique de la liberté du suicidant et de la libre décision et exécution du suicide assisté dans les suicides institutionnels. La liberté ne peut être appréciée à sa juste mesure qu’en la situant à l’intérieur de la conjoncture culturelle d’un groupe donné et qu’en tenant compte des rapports culturels spécifiques entre la liberté individuelle et la liberté collective. (source).
Je ne comprends pas ce reproche, ou alors tu n'as pas lu mon dernier post jusqu'à la fin? Bien sûr que j'ai ce cadre légal en tête, puisqu'à mon avis, tout l'enjeu, ça serait de le construire de façon à se prémunir contre certaines visions du handicap et de la dépendance qui ont été relayées ici.Le but de la légalisation de l'euthanasie, c'est de laisser chacun choisir en son âme et conscience, tout en proposant (je le souligne encore une fois, car tu oublies cet élément essentiel dans ton message) un encadrement légal.
J'ai envie de te demander de quel droit tu décrètes que telle ou telle vie ne mérite pas d'être vécue? En plus quelques lignes plus haut tu dis aussi "Qui est-on pour décider du sort des autres ?". Donc je te retourne la question : qui es-tu pour décider qu'il vaut mieux mourir que de vivre paralysé? Qu'on s'entende hein, une vie de ce genre, je ne la souhaite ni pour moi, ni pour personne. Cela étant, je ne m'aventurerais pas à affirmer que je demanderais l'euthanasie si je me retrouvais dans un état de locked-in syndrome (LIS), parce que c'est une chose de se projeter dans cette situation d'un point de vue de personne valide, c'en est une autre de le vivre réellement. A première vue on pourrait imaginer que le locked-in syndrome c'est la fin de tout, que la conscience sans la possibilité d'agir physiquement ou de mobiliser ses sens ne sert à rien, et pourtant, même dans ce que beaucoup de gens décriraient comme un état végétatif (ou plus vulgairement appelleraient "légume"), tu as des cas qui prouvent que la créativité est encore possible. Par exemple le journaliste Jean-Dominique Bauby qui a réussi à écrire Le scaphandre et le papillon en dictant le livre par des mouvements de paupière. Bien évidemment c'est une exception qui n'est certainement pas représentative de l'ensemble des patients LIS, mais je trouve qu'elle invite quand même à s'interroger sur les préconceptions qu'on peut avoir de cet état. Tu as peut-être des gens qui même en ayant perdu toute faculté de mouvement et de parole et même en étant en mesure de choisir l'euthanasie, préféreront se raccrocher à des moyens de communication extrêmement ténus pour rester en lien avec leurs proches, profiter des sens qui leur restent, éventuellement exercer leur créativité, etc. Quand tu dis "Le but de la vie c'est pas juste d'être physiquement là, c'est aussi d'en retirer un gain/un plaisir/appelle ça comme tu veux." peut-être que c'est toi qui sacralises une certaine vision de la vie, quitte à ignorer ou mépriser d'autres conceptions qui ne cadrent pas avec ton idéal.
J'ai envie de te demander de quel droit tu décrètes que telle ou telle vie ne mérite pas d'être vécue? En plus quelques lignes plus haut tu dis aussi "Qui est-on pour décider du sort des autres ?". Donc je te retourne la question : qui es-tu pour décider qu'il vaut mieux mourir que de vivre paralysé?