Commentaires sur Matière scolaire genrée, les mathématiques sont de plus en plus désertées par les filles

25 Février 2014
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Nantes
En fait ce qui me pose problème c'est de vouloir nier l'expérience de certaines, sous prétexte qu'on est toutes opprimées par le patriarcat et que par conséquent nos choix ne sont pas vraiment éclairés. Je ne fais que relayer mon expérience personnelle ainsi que celle des filles comme moi qui ont choisi un bac L car elle préféraient les matières enseignées dans la filière littéraire, c'est tout.
Il faut se rendre compte que quand on réfléchit à une échelle aussi grande que dans l'article (soit les dizaines de milliers d'élèves et leurs choix de matières), on tire des conclusions de tendances statistiques générales, mais ce ne sont que des tendances, et ça ne dit rien d'un individu (toi en l'occurrence). Ca ne nie pas ton expérience de personne qui n'aime pas les maths.

Par contre, venir supposer que les filles aiment moins les maths naturellement, bah c'est totalement prendre le chemin de les enfermer dans ce stéréotype, de ne plus chercher la cause du phénomène ou d'essayer d'équilibrer les choses.

D'ailleurs, là dans l'article, on voit qu'on passe de classe maths avec 48,4% de fille dedans en 2019, à 38,6% en 2022, et cette différence elle est lié exclusivement à la réforme. C'est la preuve de l'influence de la politique/la manière d'organiser/la manière de présenter les choses sur les choix de chacun.
Oui, tout le monde n'aime pas les maths, et tout le monde n'aime pas la littérature, mais il ne devrait pas y avoir de différences statistiques entre les hommes et les femmes (à moins de considérer que les hommes ont des prédispositions à ça mais ce qu'on observe le plus, c'est à quel point les facteurs environnementaux font varier les ratio h/f selon les secteurs. )

Et sinon, il a été démontré plein de fois l'influence des stéréotypes sur la réussite ou l'échec des gens. Notamment le fait que pour un même exercice, selon qu'il soit présenté comme un exercice de dessin ou comme un exercice de géométrie, on obtient pas les mêmes résultats : les filles ont de meilleurs résultats quand il est dit que l'exercice est du dessin, et les garçons ont de meilleurs résultats dans l'autre cas.


edit : est-ce que mon usage disproportionné d'étude, de chiffres, de pourcentage et de statistiques montrent que je suis partie en filière scientifique : oui :cretin::cretin:
 
15 Octobre 2022
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il ne devrait pas y avoir de différences statistiques entre les hommes et les femmes (à moins de considérer que les hommes ont des prédispositions à ça mais ce qu'on observe le plus, c'est à quel point les facteurs environnementaux font varier les ratio h/f selon les secteurs. )
Ah bon ? Pourquoi ?
D'ailleurs, ton dernier paragraphe me semble aller à l'encontre de ce que tu dis ici (sur l'idée que les filles préférent un mode d'enseignement plutôt qu'un autre. Du coup, est-ce qu'il y a des différences entre les filles et les garçons ou pas ?)
Enfin bref, il faudrait sûrement que j'aille me coucher car il se fait tard...
 

Anechka

Fiodorophage
28 Janvier 2021
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@Hazel_P Il n'y a pas de différence de potentiel ou de capacités entre les femmes et les hommes, mais il y a des différences dans les goûts et les aptitudes à cause de nos socialisations genrées.
Femmes et hommes peuvent être performants en math => la socialisation genrée fait que plus d'hommes aiment/font des maths.
Femmes et hommes ont des poils => la socialisation genrée fait que les femmes ressentent le besoin de les enlever.
@Margay ne dit pas que les femmes sont naturellement meilleures en dessin et les hommes naturellement meilleurs en géométrie. La socialisation genrée fait que les femmes sont davantage amenées à développer des compétences en dessin et les hommes davantage amenés à développer des compétences en géométrie (pour résumer en très gros). Aussi, pour un même exercice, l'énoncé va mettre plus à l'aise un groupe ou l'autre... Alors qu'il s'agit de faire la même chose !
Et pourquoi il ne devrait pas y avoir d'inégalités statistiques entre hommes et femmes (dans un domaine n'ayant pas de liens avec leur aptitudes différenciées, type force physique) ? Ben parce que... Les inégalités ça pue du cul, tout le monde devrait avoir les mêmes chances, ce qui à grande échelle devient vérifiable lorsqu'il y a égalité statistique :egyptian:
 
30 Décembre 2013
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@Hazel_P
Savoir qu'il y a un enjeu de socialisation genrée comme l'ont dit le Mmz avant, c'est différent que de remettre en jeu les choix individuels.
Personne ne doute ici que toi, personellement, tu n'étais pas hyper fan de maths, depuis des années, tout comme les autres filles de ta classe.
De la même façon que on peut constater une surabondance de femmes dans les metiers du "care" ou de l'ethetique, et qu'on ne remet pas en question forcément non plus le fait qu'elles aiment ce qu'elles font.

Mais le constat est là : comme dans bien des domaines dans la vie, il y a des gouts/attraits pour certaines choses qui sont beaucoup plus/moins représentées chez les femmes que les hommes, et inversement.
Jusqu'à présent, tout laisse à penser que ces différences sont liées à des questions d'éducation/de "système" et pas à quelque chose de génétique/biologique.
La question est donc de savoir d'où ça vient, pourquoi, et ce qu'on peut en faire.

Le but n'est pas de dire "il faut plus de femmes dans les maths car les maths c'est mieux que le Français", mais de dire "les maths c'est sympa et c'est dommage que beaucoup de femmes perçoivent ça comme un truc vraiment bof". Si on creuse un peu, on se rend compte que beaucoup de gens qui n'aimaient pas les maths, en fait, avaient des grosses difficultés en maths, et trouvaient ça difficile/pas intuitif.
L'idéal, ce serait qu'on ait tous la même opportunité de se sentir (ou pas) à l'aise avec les sciences et les matières littéraires, qu'on puisse vraiment choisir en fonction de ce qui nous plait fondamentalement.

Après, on peut être à l'aise avec les maths/la physique et néanmoins trouver ça un peu barbant, et décider que l'histoire c'est mille fois plus passionnant, et tant mieux ! Mais c'est aussi une réalité qu'en fait, beaucoup de jeunes qui n'aime pas les maths sont en réalité largués par les maths assez tot, et voient ça comme une matière difficile, exigente, et pas très fun. Et que la majorité de ces jeunes là sont en réalité des filles.
On peut alors se demander pourquoi ? Il y a de nombreuses pistes :

- La sous représentation des scientifiques femmes fait que on s'identifie moins et du coup on va moins voir ça comme un truc accessible, voire "cool"

- Le fait que depuis toujours ce soit vu comme une matière plutot ciblée sur les hommes, et que même si on ne nous l'a jamais dit en face, on va avoir cette représentation inconsciente

- Le fait que peut être on sera plus valorisée suite à une bonne note en Français/histoire

- Mais aussi (et je pense, surtout), le fait que les maths, au fond, c'est un peu comme un "jeu", comme des énigmes, c'est une forme de logique qui peut être vue comme un casse tête à résoudre. Petite, je me souviens que dans les catalogues de Noël, on trouvait beaucoup de truc dans la section des garçons qui étaient du type "programmer un robot" ou "énigmes", alors que coté filles c'était plutot des loisirs créatifs, de l'immagination ...
Quand j'étais en primaire, j'allais à deux activités : je faisait de la poterie et j'allais à un "club scientifique". Les deux répondaient à une caractéristique que j'avais petite: j'aimais bien manipuler des trucs, voir des réactions. Du coup mes parents se sont dit que j'allais aimer la poterie (manipulation, et puis la peinture/l'émail c'est assez fascinant), et on leur a aussi suggéré que le club science c'était cool (on mélangeait de la maizena et de l'eau pour avoir une sorte de fluide liquide/solide, c'était très rigolo). Au final, ça partait d'un même trait de caractère chez moi, et pourtant à la poterie on était 90 % de filles, et 10% au club science. Et je suis persuadée qu'à cet age, toutes les filles qui étaient avec moi en poterie auraient trop aimé aussi le club science.
Un autre exemple tout con, mais petite j'avais des jeux vidéos éducatifs, où il y avait plein de petit jeux de logique (mais aussi littéraires), que je trouvais vraiment trop cool. Et pourtant, on sait tous qu'il y a une tendence à diriger plus les garçons vers les jeux vidéos que les filles (ce qui n'empèche pas au niveau individuel à ce que il y ait des tas de filles interessées par les jeux vidéos, mais elles sont juste moins représentées, et ça se passe aussi dans l'enfance ce genre de différences)

Les maths, quand on est "bon", c'est assez stimulant car on a cette satisfaction d'avoir "trouvé la solution", d'avoir décrypté le code, d'avoir pigé le concept. Voire une sorte d'émulation, en mode "je suis le plus rapide à avoir fini l'excercice", façon escape game.
Alors que comme c'est une matière où on a souvent besoin de notions déjà vues pour avancer, si on commence à prendre du retard, celui ci s'accumule, et on a beaucoup plus de mal à rattraper.
Mais du coup, quand depuis tout petit on nous habitue avec les jeux, les activités ou autre, à considérer les sciences comme des énigmes, qu'on nous "amuse" avec des jeux de logique, qu'on nous fait déjà nous triturer le cerveau avec des nombres tout en nous présentant ça de façon ludique, on arrive forcément avec de l'avance. Et cette avance se creuse, ce qui fait que 5 ans après, il y en a déjà qui considèrent ça comme une matière difficile et limite incompréhensible, alors que d'autres s'amusent à finir le plus vite possible leurs exos.

Je dis juste que j'aimerai que les filles et les garçons aient ces mêmes chances de trouver les maths "fun" (même avec des prof pas fun), et qu'ensuite ils puissent décider si oui ou non, finalement, l'histoire c'est en fait plus sympa.

Et pour ça, il y a plusieurs leviers : essayer que depuis la petit enfance, les jeux de logiques soient vus comme fun pour les petites filles et les petit garçons, mettre en avant plus de femmes scientifiques, mais aussi, une fois au collège et lycée, lorsque les différences sont "déjà" marquées, essayer de "rattraper le coup". Peut être en essayant d'autres manières d'enseigner.

On peut aussi se demander pourquoi pousser des gens vers les sciences, comme si les sciences "c'était mieux". Sauf qu'en fait, dans beaucoup de boulot, c'est important d'avoir des notions de maths et/ou de science. Beaucoup plus qu'on ne le pense ! Par exemple, je bosse dans le milieu de la santé, et il y a énormément besoin de modèles mathématiques, de statistiques ....
J'ai donné il y a peu des cours de maths à des élèves orthophonistes, qui ont fini par se rendre compte de l'utilité, car rien que pour lire une comparaison entre deux méthodes, on a besoin de comprendre les méthodes stats utilisées (pour savoir si on nous baratine ou non).

Sauf que même en choisissant un cursus scientifique, on arrête rarement toute matière littéraire. En prépa maths, on avait quand même des cours de français/philo assez poussés (enfin, à relativiser quand même ^^ mais on y passait du temps), et d'anglais (où les épreuves étaient des analyses d'articles de journaux (pas scientifiques), et du coup on était très encouragés à developper notre culture G, littéraire, culturelle, historique, car on attendait de nous des analyses/mini dissertations à partir d'articles parfois un peu pointus niveau culture).
De plus, la philo, la politique, l'histoire, l'art, sont assez valorisés socialement, on a régulièrement des livres de philosophes mis en avant, si on veut faire parti d'un certain milieu social, c'est également mis en avant.
Alors que souvent, quand on choisit une formation plus littéraire, les maths (et la physique etc) sont abandonnées. Et une fois mis de coté, c'est difficile de revenir vers ces matières. Qui sont pourtant importantes pour comprendre le monde, parfois même pour acceder à des formations ou à des postes importants.
 
21 Juin 2020
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Sur l'informatique, je pose ça là, c'est très intéressant: https://www.ritimo.org/Les-femmes-et-l-informatique-histoire-d-une-exclusion-enjeux-de-la

Extraits:

Trois autres facteurs expliquent pourquoi les femmes ont été massivement embauchées comme codeuses entre les années 1940 et 1970. Premièrement, le code était une discipline émergente : l’activité n’était pas professionnalisée au sens où il n’y avait pas de diplôme de codeur, pas de société de professionnel·les et pas non plus de définition consensuelle et précise de l’activité. Le métier étant nouveau, les embauché·es ne pouvaient être que néophytes, ce qui a grandement bénéficié aux femmes : c’était donc les employé·es le plus en bas de l’échelle, à savoir les femmes, qui avaient le plus d’intérêt à postuler. D’ailleurs le critère d’embauche fut dans un premier temps un simple test de logique : nul besoin de diplôme ou d’une expérience préalable, ce qui aurait pénalisé les femmes qui étaient de fait moins diplômées. Deuxièmement, l’obtention d’un diplôme dans une discipline ne garantissant en rien l’obtention d’un poste dans celle-ci tant le sexisme était important, de nombreuses femmes entrantes dans l’éducation supérieure se sont orientées vers l’informatique où le problème semblait ne pas se poser. De plus, des doctorantes en astrophysiques, des mathématiciennes, des physiciennes... qui ne trouvaient pas de travail ou voyaient leur évolution professionnelle bloquée, se sont tournées vers l’informatique pour y occuper des postes nécessitant des opérations très complexes. Enfin, troisième facteur, l’informatique se développant à toute allure, le besoin en main d’œuvre pour utiliser les machines explosa. Par économie, les entreprises se tournèrent vers un des groupes sociaux économiquement les plus exploités : les femmes. Un argument de vente récurrent des fabricants d’ordinateur était qu’il « suffisait » d’une femme pour le faire fonctionner – sous-entendant non seulement que si même une femme peut y arriver alors tout le monde peut s’en servir, mais aussi que cela ne reviendrait pas trop cher aux entreprises.

À partir des années 50, parallèlement à l’embauche massive des femmes, un nouveau modèle de compréhension de ce qu’est le code, qui deviendra par la suite hégémonique, commence à émerger. Les limites matérielles des machines, en particulier leur faible mémoire, imposait de réduire son code sans perdre en efficacité, donc de passer du temps à plancher sur des problèmes très restreints pour bricoler des solutions ingénieuses ; chaque machine avait ses spécificités et les solutions d’un codeur n’étaient pas toujours transposables. De là naît l’image d’un génie créatif et singulier exerçant une forme de magie noire – image renforcée par une série de tests de personnalité qui ont eu un fort retentissement à l’époque, les dépeignant comme des hommes blancs, chevelus et antisociaux. Cette image, appartenant largement au domaine du fantasme, s’est cependant rapidement traduite par une politique à l’embauche dans les entreprises informatiques qui se sont mis à privilégier ce profil en introduisant des tests psychométriques. À la fin des années 1960, quand des enquêtes plus sérieuses furent menées sur les codeurs [4], ils retrouvèrent de façon prévalente ces caractéristiques, renforçant ce stéréotype.


Le coup de grâce aura été porté par ce qui se présentait pourtant comme la promesse de démocratisation de l’informatique : l’arrivée des Personal Computers dans les foyers [5]. Quand les parents achetaient un ordinateur familial, celui-ci était dans la plupart des cas installé dans la chambre d’un fils ; les pères encourageaient leurs fils à s’approprier l’ordinateur et passaient du temps avec eux pour les aider, alors que les filles devaient « se battre pour avoir un peu d’attention ». Dans le même sens, les publicités pour ces ordinateurs – Commodore 64, TRS-80, Apple I & II – étaient entièrement tournées vers les garçons. Ainsi, les jeunes hommes ont été bien plus exposés à l’informatique, dès leur enfance, que les femmes. Arrivés à l’université, les jeunes hommes étaient en avance sur leur formation informatique.

L'informatique n'a pas toujours été vu comme un secteur masculin, loin de là. Si les filles s'orientent moins vers l'informatique parce que "c'est comme ça", que c'est naturel, et que le contexte social ne joue aucun rôle, comment se fait-il que leur proportion dans le secteur de l'informatique ait drastiquement changé au fil du temps ? Et en particulier qu'elle ait diminué dans les dernières années ?

Soit dit en passant, ce n'est pas honteux, ni le signe qu'on est une "pauvre petite chose influencée par la société", de dire qu'on subit l'influence du contexte social jusque dans ses choix d'études, ses choix professionnels et même ses goûts en matière de loisirs. Même insidieuse, même quand c'est une question de représentation (i.e. qui sont les scientifiques dans les films, de quels grands noms en science on apprend les exploits - sachant que beaucoup de femmes ont vu leurs découvertes réappropriées par des hommes, je pense notamment à Marthe Gautier, découvreuse de l'origine chromosomique de la trisomie 21, qui s'est fait chiper la vedette par Jérôme Lejeune qui avait pourtant eu un rôle beaucoup plus marginal). Parce qu'on l'est tous. Et je m'inclus très largement.

Parce que j'étais une petite fille, on m'a offert moins de jeux de construction, de représentation spatiale ou de guerre que si j'avais été un petit garçon. Parce que j'étais issue de CSP+, on m'a présenté le fait de faire une prépa comme une évidence vu que j'étais bonne élève, parce que c'est "ce qui se fait" (ce n'est pas le cas dans toutes les familles). Parce que je suis française, les stéréotypes de genre auxquels j'ai été exposée petite sont ceux qui correspondent à la culture de ce pays dans les années où j'ai grandi (i.e. en Inde l'informatique c'est toujours pas un truc d'hommes). Etc.
 
20 Juillet 2011
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Arrêter de se battre pour une meilleure représentation des filles en maths et en science, c'est également arrêter de se battre contre un pan très important des inégalités salariales plus tard. En effet, les métiers du numérique, de la finance, du Big data, de l'ingénierie, etc, sont les branches où la rémunération est plus élevée. Alors oui, on peut déplorer (à raison !!) que les métiers des langues et des sciences humaines et sociales soient moins rémunérés. Mais ça reste un fait dans notre société capitaliste. Oui il faudrait renforcer la rémunération et la valorisation de ces métiers, mais en l'état, ouvrir des possibilités aux filles de carrières dans les sciences ou les maths, c'est leur ouvrir des possibilités de carrières plus rémunératrices.

Et oui, encore aujourd'hui, la société dictent à tout le monde que les sciences dures, c'est un truc de mec. Et ça va bien plus loin qu'une discrimination active, comme c'était le cas au siècle dernier. Aujourd'hui à l'école je ne pense pas qu'il y ait encore des gens qui recommendent aux filles de ne pas faire de maths. C'est plus insidieux. C'est l'idée ancrée au plus profond de nous que être une fille et faire des maths, c'est être une exception. Être dans un milieu qui n'est pas le nôtre. Pour certaines, ça ne les empêchera pas d'y aller, voire même, ça peut être un argument (j'avoue, au lycée, j'aimais bien l'idée d'être une fille "pas comme les autres filles"). Mais tout au long de leurs études, elles se battront probablement avec un syndrome de l'imposteur que les garçons subissent bien moins. J'ai commencé l'informatique dans mes études supérieures, et pour moi c'était un domaine obscur, geek, pas attractif. Avant même de commencer, j'avais dans la tête que je n'y arriverai pas. J'ai persévéré et j'ai fini par aimer ça, mais encore aujourd'hui, j'ai dans la tête que l'info et moi, ce n'est pas naturel. Je n'ai pas de facilité naturelle pour ça. (Alors que je suis pareillement convaincue d'avoir des facilités naturelles en communication, rédaction, etc !) Mon avis c'est que rien de tout ça n'est naturel, mais un processus entamé durant l'enfance à rendu les garçons confiants et à l'aise avec la logique, les machines, le bidouillage, l'expérimentation. Ce même processus à rendu les filles confiantes et à l'aise avec la communication, l'expression, etc.
Et je pense que ça sera évident pour tout le monde : quand on commence une activité en étant convaincu qu'on est parfaitement capable de la réussir, nos chances de réussite sont de fait bien plus élevées. À l'inverse, si on commence en ayant dans la tête que wow, c'est difficile, on n'est pas câblées pour ça, les chances de réussite chutent.

Il faut vraiment à tout prix renforcer les actions concrètes pour ce battre contre cette répartition genrée, dès le plus jeune âge et pour chaque catégorie d'âge. Il n'est jamais trop tard pour se défaire d'a-prioris !
 
28 Avril 2015
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Personnellement je n’ai jamais eu l’impression d’avoir des profs qui avantageaient les garçons en maths. En moyenne j’ai même eu l’impression que les filles étaient plus scolaires / sérieuses donc avaient de meilleures notes.

Sinon je pense qu’on prend le problème à l’envers.
Au lieu d’imposer les maths sans raison, il faudrait peut être faire un véritable travail d’orientation. Expliquer concrètement les métiers possibles, les débouchés, les salaires etc. Chose qui n’est jamais faite :lunette:

Édit :
En fait j’ai même l’impression si je regarde bien que les garçons tout comme les filles ne sont en général pas passionnés des maths à part de rares cas. Les garçons choisissent les maths parce que c’est le choix de la « raison » : ouvre le plus de portes, meilleures carrières etc.
Donc le travail au niveau des filles, se situe peut être plus dans le fait de leur expliquer à quel point c’est important d’être indépendante financièrement plus tard et d’insister sur les débouchés, les métiers rémunérateurs etc… plutôt que de leur parler du goût des maths, que peu ont au final :cretin:
Je pense qu’il faut remettre au centre, qu’à la fin des fins les études sont faites pour avoir un métier.
 
Dernière édition :
5 Août 2021
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Donc le travail au niveau des filles, se situe peut être plus dans le fait de leur expliquer à quel point c’est important d’être indépendante financièrement plus tard et d’insister sur les débouchés, les métiers rémunérateurs etc… plutôt que de leur parler du goût des maths, que peu ont au final :cretin:
Un big up n'était pas suffisant.
Si je devais rajouter un petit truc: je dirais que c'est pas facile d'avoir le goût pour une manière quand laquelle tu as des difficultés. C'est pas impossible non plus mais avoir des difficultés ça finit par décourager, et on ne peut pas prendre de plaisir à réussir quelque chose si on finit quand même avec 5 de moyenne.

Et les maths sont vendues comme une matière compliquée, même en primaire, alors que les cours de primaire se basent surtout sur des connaissances en calcul que tout le monde devrait maitriser pour son quotidien.

Aussi le fait que si un élève rate quelque chose une année ça peut le mettre en difficulté à comprendre ou maitriser les cours d'après, résoudre les calculs et réussir les exercices.
Il y a un effet chute de domino: au bout d'un an il faudra revoir avec l'élève la difficulté initiale, mais aussi tous les cours qu'il a eu depuis et les refaire entièrement si on souhaite que l'élève ne soit plus en difficulté.

C'est vrai pour d'autres matières mais beaucoup moins: on peut facilement sauter tout le programme de 5e en histoire-géo sans se retrouver en difficulté en 4e (si on pas de difficulté en rédaction ou en mémorisation).

De mon humble point de vue de non-prof, les points suivants jouent beaucoup dans la situation:

- L'enseignement des maths en primaire avec beaucoup de par-coeur très vite (tables d'addition, de multiplication, les doubles dès le CP-CE1) qui n'aident pas à la compréhension ou à la résolution de problème.
Pour moi (toujours mon humble avis): la mémorisation devrait arriver beaucoup plus tard, lorsque la compréhension des notions (ex: multiplication) est bien installée et que les élèves savent déjà résoudre des problèmes qui comportent ces notions.
Sinon les élèves qui comprennent vite (ou maitrisés déjà les notions) suivent et les autres ont l'impression que les maths c'est obscure et compliqué car ils arrivent toujours pas à résoudre les problèmes, même après avoir tout appris par-coeur.

- Le manque de moyens pour repérer et travailler sur les difficultés avant qu'elles s'installent dans le temps. C'est surtout au niveau de l'institution: programme chargé, classes surchargées, refus de faire redoubler, éventuellement un manque de formation et de méthodes disponibles qui soit efficaces.

- L'idée que les maths c'est dur et pas fun. En français, on a aussi de l'étude de la langue (grammaire, conju, orthographe...), des dictées.... On demande souvent aux collégiens de chercher dans un texte telle proposition, de justifier en citant ect.
C'est pas le fun absolu non plus et pourtant c'est utile et ça permet de faire des choses plus intéressantes après.

- Le programme de 1er et terminal:
Si un élève choisit math/sciences il a toujours la moitié de son programme non scientifique (14h programme scientifique, 14h autres matières).
Si un élève choisit d'autres matières tout ce qu'il verra de scientifique sera un "saupoudrage" sur 2h, qui honnêtement ne sert à rien.
Ça fait longtemps qu'on a plus de vrai filière scientifique au lycée. Soit c'est mixte (ancienne S ou ES nouvelles options) soit c'est non scientifique.
Et les maths ça sert dans de nombreux domaines (commerce, économie, psycho, sport...) donc ça ferme des portes de ne plus en faire. Il faut être sur de soi.

D'accord avec @Camility Jane : les jeunes filles se prennent souvent des critiques par leurs pairs lorsqu'elle sont intéressées par les maths. On va moins reprocher à une fille son intérêt si ça parle de gâteau que si ça parle de portail électrique. Alors que les moqueries sont moindre pour les garçons.
 
Dernière édition :
27 Juillet 2021
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Hello, perso j'ai toujours aime les math et j'etais plutot douee (j'ai fait mat sup math spe, puis ecole d'inge avec pas mal d'equation treees sympa). Je dois reconnaitre que concretement au colleges, mes profs felicitaient beaucoup plus les garcons (prof de math femme inclus). C'etait toujours un peu bizarre, une autre meuf et moi n'etions jamais mise en avant alors qu on avait toutes les deux de bonnes notes, aussi bonnes que certains garcons felicitees regurlierement. Sans parler de mon prof principale (d'histoire) qui me voyait une ame d'artiste (et effectivement les math ca peut etre hyper creatif). Depuis j'ai rencontre notamment une amie iranienne, data scientist et donc matheuse. Elle m'a dit etre surprise de la confiance en soi des ado francaise quand elles en venait a parler math. Elle ne comprenait pas pourquoi autant d ado filles avec qui elle discutait se trouvaient nulle en math, et qu'elle n'avait pas eu cette impression dans ses cours de college/lycee en Iran. Et en effet, la premiere femme medaille Field (Prix Nobel des math) est iranienne (Maryam Mirzakhani). Ca semble assez dingue quand on y pense. Une difference majeure entre un cours de math de lycee en Iran et en France c'est la separation des filles et des garcons. Or dans une classe uniquement composee de filles, il devient plus difficile de ne feliciter que les garcons, ou d'ignorer completement les filles qui reussisse bien, ou encore de motiver celle qui sont a la traine. Le comparatif Fille vs Garcon n'a plus tellement de sens. J'imagine que certains prof doivent quand meme reussir a glisser qqe propos mysogines, mais ca expliquerait peut-etre cette histoire de confiance en soi en math. Si on regarde l'ensemble des propos que l'on peut entendre quand on s'oriente dans nos choix de bac/etudes, c'est un peu l'open bar des stereotype de genre, que ce soit par la famille, les amis, les conseillere d'orientation ou les profs principaux, il y a toujours une belle equipe pour nous conseiller des metier plus saillant a notre "sensibilitee". J'imagine que ca joue un role assez fort, de la meme maniere que certains garcons sont decouragees dans leur voeux de devenier sage-femme / infirmer / assisstante maternelle.
 
25 Février 2014
3 811
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Nantes
Je me demande aussi dans quel mesure les filles fuient tout ce qui à l'air compliqué par sentiment d'imposture ou de manque de légitimité? Tandis que les garçons sont beaucoup plus éduqués à relever les défi et avoir confiance en leur capacité. Du coup, le fait de présenter toujours les maths (et la physique) comme quelque chose de compliqué donnera direct un appriori négatif et un sous invetissement de la part d'une plus grande partie des filles que des garçons?
(je trouve ça toujours assez fou le manque de légitimité que beaucoup de femme ressentent, entre celles qui se dénigrent au préalable pour ne pas qu'on en attendent trop, celles qui se sentent mal à l'aise dès que ça sort un peu trop de leur champ de compétence.... quand à l'inverse les mecs se permettent beaucoup plus souvent de se sentir légitime et capable sur plein de truc :stare: -ça a aussi été démontré)
(et j'ai beau avoir conscience du phénomène, je rentre totalement dans ce schéma de manque de confiance en moi, donc je jette pas la pierre)
 
9 Mars 2018
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@Margay
Vaste sujet ainsi lancé ! Mais qui me paraît très pertinent. Une étude (danoise de mémoire) avait observé que les filles avaient tendance à perdre confiance en elles dès qu'elles se savaient évaluées en même temps que des garçons. Bon je le résume là au bulldozer, c'est bien mieux expliqué dans cette vidéo ci (on reste dans le thème avec les maths):
Le sentiment d'imposture me semble en effet être une source générale de problèmes, mais ça devient difficile de savoir comment s'en extirper...
 
15 Octobre 2022
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Personnellement, j'avoue que je ne vois pas trop en quoi c'est un problème que les filles et les garçons puissent avoir des préférences distinctes. Et je ne vois pas non plus en quoi ces différences seraient forcément liées à la socialisation. Je pense qu'à la fois l'éducation et la biologie/personalité de chacun doit jouer dans cette décision.

Aussi, j'aimerais réagir à ce passage :

@esky
L'idéal, ce serait qu'on ait tous la même opportunité de se sentir (ou pas) à l'aise avec les sciences et les matières littéraires, qu'on puisse vraiment choisir en fonction de ce qui nous plait fondamentalement.
Le truc, c'est qu'on ne peut pas garandir que tout le monde se sente pareil par rapport à quelque chose. C'est une mesure extrêmement abstraite. A l'inverse, donner l'opportunité aux deux sexes d'avoir accès aux mêmes études, c'est pratique et dans le domaine du réalisable. Et de ce que je vois, les filles et les garçons ont déjà tous les deux accès aux filières scientifiques. Libre à chacun, donc, de choisir ce qui leur convient le mieux.
(et encore une fois, pour moi, vouloir forcer les garçons à faire S à tout prix relève de la discrimination liée au sexe, donc je ne vois pas pourquoi on voudrait faire la même chose pour les filles)
 
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