Tout d'abord je tiens à préciser que je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Fancy plus haut :
L'intérêt du concept de culture du viol c'est de pouvoir remettre en cause les normes sexuelles sans chercher nécessairement de coupable physique à punir pour toutes ces situations "grises" (bien sur en ce qui concerne le viol c'est le violeur qui est responsable). Je pense que beaucoup ont du mal avec le concept parce qu'ils ont l'impression qu'il place tous les hommes en violeurs par défaut, et ils/elles le transposent à des situations individuelles. Et en effet quand on parle de situations complexes où des tas d'éléments viennent nuancer les responsabilités, il paraît injuste de présumer coupable l'homme, de même qu'il est injuste de présumer coupable la femme (slut-shaming). Mais justement en se référant au concept, on ne s'intéresse plus tant aux responsabilités individuelles qu'à l'influence du contexte, de la culture, de l'environnement. A ce moment là on peut commencer à remettre en question les normes (plutôt que les personnes), et si possible les faire évoluer.
Ensuite, je voudrais témoigner non pas de ma propre expérience de "zone grise", voire rouge, qui a encore de lourdes répercussions sur mon moral et ma vie quotidienne, mais de son opposé dans mon histoire personnelle : l'attitude de mon copain. Je trouve que c'est souvent par les contraires qu'on arrive à définir et à poser les choses. Sans utiliser le mot "viol", je parlerai d'"attitude problématique", ce qui me permet d'englober à travers les cultures propres de chacune des Madz les attitudes aboutissant à un traumatisme de l'une des personnes concernées, à une gêne de l'une des personnes concernées, à un questionnement sur le bien-fondé moral de l'acte par l'une des personnes concernées, à l'entretien d'une culture du viol, etc.
Ce qui n'est pas une attitude problématique, pour moi, c'est un.e partenaire qui, lorsqu'il/elle désire avoir une relation sexuelle, entreprend envers l'autre
un geste minimal après l'autre afin de s'assurer du consentement de celui/celle-ci, et
s'arrête à la fraction de seconde ou il ne ressent pas qu'on lui rend son intérêt pour l'interaction entreprise, et qui en stoppant ces interactions permet un retour à la "normale" (j'entends par là, un retour à l'état des choses avant que le premier geste minimal ait été effectué) naturel,
non chargé de tensions ni de reproches implicites ni même de questionnement systématique (ce qui impliquerait que ne pas avoir envie à un moment donné suppose que quelque chose n'est pas normal)
tout en restant ouvert à la communication.
Concrètement : mon copain ne me demande quasiment jamais si j'ai envie qu'on fasse l'amour. Les premières fois, il le faisait et ensuite ça lui est arrivé si je répondais à ses avances mais qu'il ne me sentait pas réellement impliqué, pour être certain que j'en avais réellement envie. Mais ça n'est pas dérangeant que ce ne soit pas systématique puisque, dans ce cas, il "m'entreprend" (oui ce terme est assez horrible) d'une manière extrêmement progressive (vu que si je suis ok pour qu'il me touche les boobs, ça ne veut pas dire que je suis ok pour qu'il descende les mains plus bas) et
à la moindre "non-réponse" (gestuelle ou verbale) de ma part, il s'arrête et on reprend ce qu'on faisait comme si de rien n'était
sans aucune gêne, sans aucune attitude de reproche ou de questionnements de sa part. Si on regardait un film enlacés, il me reprend dans ses bras normalement (voire m'embrasse le front pour que je sache qu'il n'y a pas de soucis). Si je faisais à manger pendant qu'il était sur l'ordi, il réarrange mon pull gentiment et retourne devant l'écran.
Ce qui n'est pas une attitude problématique, c'est aussi qu
'à chaque chose nouvelle qu'il souhaite essayer, il me demande au préalable et pas vite fait dans le feu de l'action ou alors qu'il a déjà commencé, il me demande pour de vrai et sans espèce de pré-culpabilisation pour que j'aie peur de refuser. Absolument chaque chose nouvelle, même les plus banales, et il me redemande aussi chaque deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième fois au cas où j'ai finalement décidé que je n'aimais plus ça. Ensuite, il considère que c'est un acquis entre nous mais je souhaite souligner que c'est évidemment parce qu'il me connaît bien, moi et la nature de notre relation et qu'il a confiance en ma capacité à lui en parler si quoi que ce soit me gêne.
Bref, pour moi, toutes ces attitudes ne sont pas problématiques, mais je nuancerai en ajoutant que
chaque personnalité étant différente, c'est aussi aux partenaires de s'y adapter (un mec qui sait qu'il est avec une fille qui ne sait pas dire non devrait faire plus attention encore. Une fille qui est avec une fille qui n'hésite pas à refuser haut et fort et qui lui a clairement proposé des jeux de rôles où elle se fait "prendre" de force, à condition qu'il y ait des mots de code, peut très bien jouer le jeu si elle en a envie aussi) Dans le doute, quand on ne connaît pas son/sa partenaire, il vaut mieux être extrêmement prudent en ce qui concerne le consentement de l'autre.