Lancez moi des pierres si vous le voulez mais je trouve que vous allez trop loin : personnellement je n'ai pas une personne de mon entourage, tout bords politiques confondus, qui ne pense pas plus ou moins la même chose que Cyprien (sans pour autant l'apprécier).
Alors certes c'est stigmatiser une population c'est mal. Mais franchement comment penser autrement? Vous avez un exemple de rom civilisé?
Je n'en connais pas, et je n'ai honte de dire que pour moi aussi "rom" rime dans mon esprit avec "relou qui fait la manche". Pourtant je ne suis pas une sans coeur, loin de là. Et je ne pense aucunement qu'ils sont des sous humains, ou qu'ils méritent la dure vie qu'ils mènent, mais ils m'abèrent. Peut être qu'ils sont comme ils sont parce qu'ils ont du mal à s'intégrer mais ils ne pourront JAMAIS le faire s'ils continuent sur leur lancé.
A titre d'exemple un peu racontage de vie, dans mon bus l'année passée, s'est assis à côté de moi un jeune garçon tout mignon de 5-6 ans. C'était un rom, sa famille lui parlait au loin. Par curiosité j'ai voulu lui parlé, et je lui ai demandé ce qu'il faisait à cette h ci (11h un jeudi) dans le bus et pourquoi il n'était pas à l'école. Il m'a répondu que c'est "parce que l'école ne sert à rien puisqu'il suffit de voler ce qu'on veut, et que si quelqu'un les embête il leur suffit de sortir une arme pour faire peur, comme son père le fait"... Perplexe j'ai tentée de lui expliquer que c'était pas bien de tuer des innocents juste pour son intérêt personnel blabla... En vain,et j'ai eu quelques détails (affreux) sur la vie qu'il menait lui et sa famille. Il était très gentil avec moi et il était à 2 doigts de me faire des bisous, comme quoi il était à l'opposé de l'image des roms que j'ai en tête.
Reste que de part l'éducation qu'ils ont -ou qu'ils leur manque-, ils n'évolueront pas, et on ne peut pas plaindre une population qui se fait "taper dessus" si elle même ne fait pas l'effort de changer, de s'intégrer. Et je ne me sens pas conne de penser ça, désolée.
Bon je voulais pas trop réagir parce que j'ai pas la possibilité de voir la vidéo donc je voulais pas débarquer sans avoir tout suivi à l'histoire mais finalement, je pense que je peux réagir sur ton message et sur ceux qui ont la même teneur. Je prends le tien parce qu'il fait partie des plus extrêmes mais tu n'es pas la seule à dire ça et je trouve qu'il y a quand même un gros souci qu'il faut déconstruire absolument.
Je vais pas dire que je sais pas d'où sortent tes stéréotypes car ils sont si ancrés que t'es bien loin d'être la seule à tenir ces propos "en toute bonne foi". Pour être honnête, ya pas si longtemps que ça, je pensais tout bas des choses plus ou moins similaires sur les Roms. J'ai déjà vu des "Roms" voler (et d'ailleurs, je sais pas comment vous pouvez tous être sûrs qu'ils sont Roms parce qu'en plus de 25 ans à Paris, j'ai jamais vraiment eu de certitude là-dessus) mais ça n'est pas ce qui a établi mon racisme anti-Roms.
Ce que je pensais des Roms, ça venait surtout des autres : des gens qui avaient eu des altercations avec "des Roms", des gens qui vivaient à côté de Roms et qui démontraient par A+B que c'était une nuisance pour eux etc. Devant tant d'exemples et de témoignages de bonne foi, je ne savais pas bien comme rejeter l'argument de "les Roms posent problème quand même". Depuis que je suis gamine, j'entends des trucs sur les Roms, avec des adultes qui s'en plaignent. Avant que les Roms soient aussi stigmatisés sous Sarkozy, on m'avait déjà planté dans l'esprit qu'ils n'étaient pas comme les autres et que ces étrangers-là étaient des voleurs, des truands qui tabassent les gentils locaux au moindre souci, des misogynes. J'ai lu des articles sur la situation des femmes dans les camps Roms, sur les réseaux mafieux de prostitution et de mendicité Roms, sur les camps de Roms pauvres et les enfants déscolarisés : bref chaque fois que j'entendais parler des Roms c'était négatif. Et quand on me montrait quelqu'un en me disant "il est Rom", c'était toujours quelqu'un qui parlait pas français, qui vivait dans le dénuement et qui s'habillait différemment. Ce qui n'est pas un problème en soi mais toutes ces choses cumulées les unes aux autres, ça a contribué à construire dans ma tête cette construction du "Rom" que je croyais ancrée dans ma réalité, dans mon expérience, dans ce que je voyais, mais qui était en fait basé sur des images soigneusement choisies, sur des fantasmes amplifiées par le discours collectif.
Depuis Sarkozy, c'est encore pire.
En dehors de ces préjugés que j'avais (et qui m'embarrassaient beaucoup parce que je ne voulais pas être raciste mais que je me disais que là, quand même, c'était bien justifié, mais j'avais encore le tabou de ne pas le dire à haute voix), je m'offusquais quand le Ministère de l'Immigration faisait des opérations coups de poing contre les Roms et j'avais aussi participé à une campagne sur les Roms en Moldavie dont les enfants sont privés d'une scolarité correcte parce qu'on les considère comme des handicapés mentaux et qu'on les met donc dans des classes inadaptées.
Bref, j'avais bien conscience qu'il fallait lutter contre la discrimination contre les Roms et mon discours était assez policé. ça ne m'empêchait pas d'avoir des croyances racistes bien ancrées.
Un jour, une copine m'a proposé d'aller voir le documentaire Une population négligée, un film du Canadien Aaron Yeger (j'en parle ici). Il promettait de nous faire "découvrir le peuple Rom au-delà des clichés".
Je n'avais AUCUNE envie de voir ce film parce que je n'avais pas du tout envie d'en apprendre plus sur les Roms : j'avais ma mauvaise image d'eux et je pensais que ça suffisait à me dire que leur culture n'était pas du tout une priorité pour moi. Seulement je me voyais mal dire à ma copine "Non désolée, je n'aime pas les Roms". Donc après avoir trouvé des excuses nulles, j'ai fini par accepter.
Le film était un peu bordélique, son propos principal était le génocide des Roms pendant la Seconde Guerre Mondiale et il y avait plein de témoignages à glacer le sang. Mais on apprenait aussi des choses sur les Roms à travers l'Histoire, les Roms aujourd'hui dans le monde etc. Le film a été une énorme révélation et une grosse leçon pour moi. Il faisait le parallèle entre les Juifs (dont j'ai largement étudié l'histoire) et ça m'a déjà fait un choc de réaliser qu'en fait, ils avaient eu un destin très similaire et que je trouvais pourtant normal de parler d'eux comme je sais pertinemment qu'on a parlé des Juifs chaque fois qu'ils ont subi de violentes discriminations.
Ensuite, j'ai réalisé que je ne savais absolument pas qui étaient les Roms. Un truc du docu, par exemple c'était d'expliquer le nomadisme de certains Roms non pas par culture mais par nécessité à force d'être expulsés d'un endroit à un autre au fil des siècles. J'étais stupéfaite parce que j'avais toujours cru que se balader en caravane, "c'était leur truc", je ne m'étais jamais dit que c'était peut-être parce qu'on ne leur laissait pas le temps ni la possibilité de s'installer et de s'adapter à leurs nouveaux lieux de vie.
Enfin, le film était commenté par un Américain méga-beau, méga-cultivé, habillé super-classe. Tellement cliché du mec sexy qu'on aurait dit qu'il sortait tout droit d'une série. En fait, le mec était un Rom dont la famille avait immigré aux US quand il était petit, et ça aussi ça a été une belle claque. Je ne veux pas blesser des Roms si certains lisent ça et je peux effacer ça si ça vous parait trop violent mais je n'imaginais pas du tout qu'un Rom puisse ressembler à ça : pour moi le mec de 25 ans Rom c'était un gars un peu brutal, sale et en haillon, pas cet espèce de top-model sorti d'Harvard. Il a expliqué qu'il avait grandi avec sa mère qui lui disait de cacher son identité Rom pour éviter les discriminations. Il l'avait plus ou moins écoutée, en croyant qu'elle exagérait et puis c'est en allant en Europe qu'il avait réalisé POURQUOI elle lui avait dit ça, parce qu'on lui parlait des Roms sans savoir qu'il l'était en des termes ahurissant.
A la fin de ce film, j'ai réalisé qu'en fait on s'en fout si ya des Roms qui correspondent à nos clichés, c'est pas définir si c'est vrai-quand-même ou faux qui compte. Parce qu'en disant "oui mais quand même" et en continuant à adhérer à fond à ce stéréotype, on colporte un mythe extrêmement dangereux qui a conduit à la PERSECUTION d'une population entière depuis le Moyen-Âge, comme les Juifs.
En continuant à dire "les Roms posent quand même problème sur certains points" :
- On ne voit pas tous les Roms invisibles qui comme cet Américain beau gosse vivent la même vie que nous en passant sous silence qu'ils sont Roms et nient en public leur identité en espérant qu'on les laissera tranquille (quand j'ai dit ça à ma grand-mère, elle a REFUSE de m'écouter en disant qu'elle voyait tous les jours les vrais Roms et que c'est pas parce que j'ai trouvé un d'eux beaux que je peux dire qu'ils sont pas pauvres et illettrés)
- On pousse les Roms à rester dans la même spirale de pauvreté et on les empêche de pouvoir participer à notre société comme on leur répète sans cesse qu'ils devraient faire
- On en fait des semi-apatrides car ils sont discriminés dans les pays dont ils ont la nationalité et que théoriquement, en tant que citoyens européens, on ne devrait pas avoir le droit de les voir comme des indésirables
- On créé une nouvelle catégorie de paria à qui on reproche tous les maux
Cette image des Roms est en fait une méconnaissance totale de ce que sont les Roms, une invisibilisation de toute une partie d'entre eux.
Donc avant de dire "non mais c'est vrai, ils font chier, je le vois bien", cherchez vraiment à en savoir plus, parlez avec des assos roms, regardez des films, bref renseignez-vous au-delà de quelques articles "classiques" des médias habituels.