Et qui est au SMIC à peine en début de carrière pour 5 ans.
Il y a aussi les orthophonistes
Ce qui est compliqué à mes yeux avec ce sujet c'est que la psychologie est une discipline très vaste et qui regroupe un grand nombre de pratiques sur lesquelles on ne peut absolument jamais faire de généralités. Entre un neuropsychologue, qui va s'appuyer sur de la littérature scientifique voulant adapter au psychisme le raisonnement par la preuve, les cohortes, les essais randomisés et tutti quanti, et qui peut-être (je dis bien peut-être) organise déjà son travail sur des séances plus cadrées, chronométrées, pourquoi pas de 30 minutes ; et le psychologue issu de la psychanalyse, de la systémie, de la dialectique, que sais-je encore, qui va utiliser d'autres outils que des outils qu'on va dire "scientifiques" ou "prouvés", qui va laisser plus de place à la parole et donc probablement choisir des séances plus longues qui s'adapteront à la parole du patient le jour J... (Je précise que je ne fais pas là de hiérarchie, je pense qu'à notre stade de connaissances sur le psychisme humain et qu'à cause (ou grâce !) au fait que le psychisme humain est une donnée bien plus complexe à tester que les mathématiques ou la physique, il n'y aura jamais de solution toute faite à tous les problèmes mentaux et dont qu'il est très intéressant d'un point de vue théorique d'avoir un panel de méthodes). Toute considération va être différente : l'emploi du temps, le travail avec le médecin, la teneur des informations sur le patient, la place dans une équipe de soins... Le neuropsychologue peut peut-être plus facilement rentrer dans cette logique de métier "paramédical" parce qu'il va par exemple travailler avec des enfants TDAH, des adultes cérébro-lésés, au même titre qu'une orthophoniste par exemple. Alors que le psychologue issu de la psychanalyse... Quel lien doit-il entretenir avec un médecin généraliste ?
Chaque pratique va vivre différemment les choses. Et travaillant avec une trentaine de psychologues, tous issus de courants différents... j'ai vu tout le monde recevoir la nouvelle différemment.
J'ai fait énormément de généralités auparavant pour pouvoir illustrer mon propos le plus simplement possible, mais cette richesse nécessaire de la psychologie est bien aussi ce qui va poser souci dans cette question ultra importante d'accès au soin.
Pour se mettre du point de vue du patient, il est bien sûr primordial que des personnes aient le droit d'être remboursées quand elles sont malades, au même titre qu'un rhume ou une tendinite (qui entraînent d'ailleurs bien moins de risques de mortalité qu'une dépression ou un trouble de la personnalité, comme quoi on marche franchement sur la tête). Le passage par un médecin pourrait permettre aux patients mis en difficulté par les manque de lisibilité des pratiques des psychologues (combien de patients ne connaissent même pas la différence entre un psychiatre, un psychologue, un psychopraticien, et les différents types de thérapies proposées ?). Mais passer aujourd'hui par le généraliste ne peut malheureusement que très peu régler ce souci, puisque les généralistes n'y connaissent pas grand chose non plus...
L'idéal, en fait, c'est un système de soin qui permet de donner des soins cohérents, de bien orienter les patients, de faciliter leur parcours de prise en charge et de remboursement. L'idéal, c'est un lieu où il y a plein de professionnels qui se connaissent, ont des temps d'échanges entre eux selon leurs spécialités, où il y a des secrétaires ou des professions annexes qui donnent de l'information, des systèmes performants et pratiques pour garantir le secret médical, des numéros d'écoute... Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Ah si, ça s'appelle l'hôpital public ! Mais le souci, c'est qu'investir dedans pour redonner une cohérence et simplement une dignité aux soins psychiatriques, ça coûte plus cher que rembourser des clopinettes des professionnels éclatés dans leurs bureaux qui n'ont pas le temps et l'argent pour faire le travail comme ils le voudraient. Le temps passé à faire le lien avec les médecins généralistes, les autres professionnels... qui le paye ? Personne ! Bien pratique pour l'Etat.
Ce modèle, c'est le modèle qui est maintenant préconisé partout, pour les enfants avec autisme : le libéral, pour les patients cérébro-lésés : le libéral, pour les troubles psychiques : le libéral. Pour tout : le libéral. N'augmentons pas les salaires du système public, n'embauchons pas plus de personnel, ne rendons surtout pas les conditions de travail plus simples : ça fera partir les pros en libéral, et tant mieux ! La preuve avec ton témoignage qui fait mal au coeur tant je reconnais mes consoeurs orthophonistes aussi dedans,
@SalvioHexia : les gens les plus motivés du soin partent en libéral. Quitte à laisser des postes vides dont les fonds disparaissent comme par magie au fil des années...
Ne soyons en plus pas trop dupes : nous n'allons pas vers la gratuité des soins. La sécurité sociale est belle et bien menacée depuis des années, les hôpitaux ont de moins en moins de lits, de personnel, les établissements médico-sociaux également, alors que les initiatives privées sont en plein essor et marchent du feu de dieu. L'ARS fait tout pour encourager les maisons médicales privées à s'ouvrir. Cette mesure de remboursement des psys est une exception qui confirmera bientôt la règle : le futur, ce sont que les meilleurs soins seront donnés dans le libéral/privé, et que les soins publics seront réservés aux plus pauvres car les conditions y seront les plus difficiles, le travail plus bâclé et que les pros motivés préféreront aller ailleurs. C'est déjà le cas pour la psychiatrie : les personnes ayant le plus d'argent consultent en libéral pour avoir des soins plus rapides, les autres se mettent sur les listes d'attente des CMP. Et les pros du CMP, aussi motivés et consciencieux qu'ils soient, galèrent complètement pour bosser. Une de mes amies et collègue psychiatre au CMP d'un département très sous-doté m'a dit un truc terrible un jour : aujourd'hui, une personne qui menace de se suicider ne peut plus être considérée comme prioritaire pour avoir un suivi tellement on a de demandes déjà "prioritaires". C'est ce qui se passe aussi pour l'accompagnement des personnes âgées : bien malheureusement, quand mon papy est passé d'un EHPAD qu'on payait de notre poche une fortune et l'EHPAD public où les infirmières sont en sous-effectif, on a bien senti la différence. Le soin finira à deux vitesses, comme aux states.
Je ne veux pas faire gourou ou complotiste, mais c'est ce qu'il se passe partout. Ce système économique ne veut pas service public, il se débrouillera toujours pour trouver des alternatives. La même sera faite pour l'école.
Force à tous, professionnels et patients, ou ceux qui sont des deux côtés de la médaille comme moi
Les solutions, elle seront économiques et politiques !