Je trouve quand même le débat fort peu nuancé
Comme si le monde était peuplé de gens idiots qui pensent de façon très unilatérale que "moche" = "pas maquillée/couverte d'habits/whatever" (spoiler alert : non). Comme si c'était une faiblesse de s'aimer / se préférer avec du maquillage parce que c'est correspondre à une norme. On peut avoir conscience que la beauté c'est pas uniquement ce qui est présenté, et pourtant avoir une préférence.
On peut bien évidemment dire "oui mais penser que le maquillage c'est une liberté, une façon d'avoir confiance en soi, alors qu'en fait, c'est juste un pansement contre une norme qui te fait croire que tu n'es pas belle quand tu n'es pas maquillée" mais ça, c'est sympa en théorie. En pratique, que faire ? Ne pas se maquiller et se sentir pas aussi jolie qu'on le voudrait ? Se maquiller et se sentir mal parce qu'on joue le jeu de la norme ? En gros, quoi qu'il en soit : se sentir mal ?
Peut-être qu'il est temps de se dire que le concept n'est pas d'être à l'aise avec son corps, mais d'être à l'aise avec l'idée de ne pas être à l'aise.
C'est la pensée que j'ai fini par adopter. "Sois à l'aise de ne pas être à l'aise sans maquillage, et donc maquille-toi" (s'adapte avec toute autre situation). Sois consciente de ce qui est à l'origine de ta pensée, n'essaie pas de lutter indéfiniment contre ce qui te met mal à l'aise (...on met des trigger warning pour tout, pour ne pas être confronté à ce qu'on n'aime pas / qui nous met mal à l'aise / est à l'origine d'un traumatisme, mais on devrait, pour ne pas couvrir une norme, pleurer devant son miroir parce qu'on devrait rester sans le make-up dont on a envie ?). Ok, non, moi je me mets debout et je dis "ok, je suis pas à l'aise avec ça
et ce n'est pas grave si je suis pas à l'aise"
Mon post est pas très construit mais je suis assez en colère. Quand j'ai vu cette vidéo, je me suis pas dit "oh une thèse de doctorat", je me suis juste dit "héhé c'est rigolo, j'ai envie de remettre du rouge à lèvres tiens". Et puis je suis tombée sur les commentaires, tous ces commentaires qui moi ne me font rien mais dont la teneur est connue et a déjà tellement fait râler mes amies, les mettant mal à l'aise, coincées entre deux injonctions, comme si elles étaient trop bêtes que pour comprendre. Comme si on n'avait pas le droit de comprendre mais de ressentir autre chose. Comme si elles étaient juste des personnes, encore une fois, manipulées, incapables de penser par elles-mêmes.
(Et puis très accessoirement : ce débat c'est quand même prendre les lecteurs et lectrices doublement pour des cons, comme si ils voyaient cette vidéo uniquement, sans lire le reste des articles qui prônent une acceptation de soi, comme s'ils lisaient généralement "fais ce qui te plaît" mais que hop ils l'oublient en voyant des meufs se maquiller)
J'ai pas repris vos argumentaires, commentaires. Ils disent des choses tout à fait intéressantes, mais je pense qu'ils possèdent eux-mêmes de sacrées œillères (tout en reprochant à l'article d'être lui-même engoncé dans sa propre pensée, c'est comique comme boucle quand même).
(Je dis "vos commentaires" : je réagis surtout en bloc, ne me tombez pas dessus comme si j'avais visé chaque auteur.e d'un commentaire ici, je réagis à une pensée globale. Mes amies citées plus haut n'ont pas lu vos commentaires, mais elles ont été confrontées à des propos qui véhiculaient la même chose qu'ici)
(Ah oui et : au quotidien je ne me maquille pas. Je ne me maquille quasiment jamais en fait. Et pourtant tout ceci me met très fort en colère. Sans même oser aimer / avoir besoin de ce qui est considéré comme un diktat, ça me met très fort en colère)
(Ah et j'ai des lunettes. Je supporte très bien les lentilles et pourtant je garde mes lunettes. Mais s'il me prenait l'envie de me faire un gros make-up pour une vidéo sur Internet, j'enlèverais mes lunettes : parce que sinon, en fait, on ne verrait absolument pas le make-up de mes yeux)