J'ai peur d'avoir peur. J'ai pour habitude de m'inventer sans cesse de nouvelles angoisses dès lors que certaines se trouvent (par miracle) apaisées.
J'ai peur de la maladie, des choses incurables qui rongent insidieusement sur le long terme. Peur de la déchéance, de rester alitée, faible, de perdre mes cheveux et d'être percée de partout. Peur d'avoir mal et surtout peur de ne pas avoir le moral pour affronter la peur.
J'ai peur de vomir, en permanence. Panique stupide s'il en est, puisque je ne suis pas prompte à tomber malade et encore moins à en arriver à ce point de faiblesse. J'ai peur des aliments "qui ne passent pas", de ce qui révulse, des gastro-entérites, des nausées en tous genres.
J'ai peur des lieux clos, ou des lieux étroits et trop fréquentés. A l'égale de Lavana, j'ai toujours une petite panique à aller voir un film au cinéma, ou à passer une soirée en boîte. J'ai peur de ne pouvoir me frayer un chemin jusqu'à l'air et l'espace.
J'ai peur de conduire, des autres voitures venant en face. Des voitures devant, derrière, droite et gauche. J'ai un mal fou à évaluer les distances, principalement de nuit, et je redoute certaines situations imprévues lorsque je suis au volant.
J'ai peur du silence, qui est pour moi comme la mort. J'angoisse à l'idée de me sentir seul élément mouvant, vivant, ne peux supporter le silence et le noir lorsque vient la nuit. Il m'est d'ailleurs impossible de me coucher dans une position où je sens mon coeur battre (par vibration ou par son), car il me vient fatalement le besoin de m'analyser l'intérieur. Je m'attache alors à mon métabolisme, et me laisse étouffer par l'absence de son en-dehors de moi.
J'ai peur des déviances mentales, de ce qui dérape et échappe du contrôle. Des "coups de folie". Peur de me laisser aller à mon bagage mélancolique (pour ne pas aborder le maniaco-dépressif), à mon hérédité. Je ne suis pas d'un naturel violent ni foncièrement méchant, mais je crains de mal faire, de stigmatiser l'erreur.