Je suis enfin sur l'ordi, je vais pouvoir vous raconter
Avec ma mère on rigolait un peu en attendant qu'on m'emmène à ma chambre, parce qu'on voyait le magasin de fleurs et de peluches et je lui disais "vas-y achète-moi la plus grande peluche du magasin", et ça nous faisait rire (on a le rire facile).
On m'emmène à ma chambre, je me change, j'attends un peu et là un infirmier vient chercher mon lit pour m'emmener dans la salle à côté des salles d'opération. Je pensais que j'aurais plus peur que ça, mais j'ai fait comme dans l'avion et comme pour chasser une araignée : je me suis dit "est-ce que t'as vraiment envie d'avoir peur ? Non, t'as la flemme, tu n'as plus envie de ça, reste calme", donc je suis restée plus ou moins chill.
Mon chirurgien est venu me chercher dans la salle et m'a amenée dans une petite pièce pour faire les dessins sur ma poitrine (comme dans les films
).
"T'es bas de contention là ils sont beaucoup trop grand ils sont inutiles.
- C'est ce que je pensais, mais ma mère était persuadée qu'on avait la même taille. Sauf qu'il y en a une de nous deux qui a 50 ans et c'est pas moi.
- C'est pas très grave. Tu as essayé le soutien-gorge ?
- Noooon...
- ...tu as lu les papiers ?
- Plusieurs fois mais j'ai zappé...
- C'est pas grave."
On m'a remise dans mon lit, puis on m'a transvasée sur une table d'opération, et on m'a emmenée en salle d'op. Je voyais que le plafond, c'était très impressionnant. L'anesthésiste était là, elle m'a mise une perfusion avec les anti-nauséux et tout, puis m'a dit:
"Là, tu vas bien réfléchir à l'endroit où tu as le plus envie d'être...et tu vas imaginer très fort que tu y es."
Ca m'a un peu stressée, parce que je savais pas quoi imaginer
Et je commençais à avoir très peur, je tremblais comme une fleur, et j'entendais mon moniteur qui faisait "bip...bip...bip...bipbipbipbip...bip...bip...bipbipbipbip..." à mesure que je paniquais, puis me calmais, puis paniquais...
Donc à un moment je me suis dit "je m'en balèk, je vais penser au crush, la fin justifie les moyens et faut que je m'endorme, là."
Et je sais pas pourquoi, d'un coup je me suis sentie super bien, super en sécurité, même si une petite voix dans ma tête me disait "est-ce que t'es sérieusement en train de penser au crush, là..." j'étais un peu à la guerre comme à la guerre.
Et genre...tout de suite après, je sens que je me réveille petit à petit. Je marmonne un truc, genre "qu'est-ce qu'il se passe ?" parce que je pensais que je m'endormais pas. Et j'entends des infirmières dire "c'est fini ! Ça s'est très bien passé !" Elles l'ont dit plusieurs fois parce qu'à première vue j'avais pas l'air de capter ma vie
Mais ça me semblait TELLEMENT étrange ! J'étais là, je pensais au crush, j'étais cosy, et PAF 15 secondes plus tard je me rendais compte qu'on m'avait ouvert la poitrine, foutu des prothèses, tout ça à 15 cm de ma gueule, et que j'avais rien soupçonné (oui c'était ma première opération vous moquez pas
pour moi c'est un peu mystique).
On m'a ramenée dans ma chambre, ma maman était là, j'ai emmergé doucement, on m'a emmenée aux toilettes, et l'infirmière et ma voisine de chambre arrêtaient pas de rire parce que je disais vraiment que de la merde, et j'avais l'aie trop contente d'exister.
Donc j'étais dans mon lit, je papotais avec ma maman, deux amies de l'université m'envoient des sms pour me demander comment ça s'est passé, comment je vais.
Et là, on toque à la porte, elle s'ouvre, et...mes amies
J'ai pleuré comme une baleine je m'y attendais pas du tout et j'étais tellement contente. Ma maman est sortie pour nous laisser papoter et elle est revenue avec trois roses et trois muffins, pour chacune d'entre nous, c'était trop chouette.
Et là je suis rentrée depuis hier soir et je ne sais toujours pas à quoi ressemblent mes seins. Je dois attendre ma douche de ce soir. C'est le stress total.
, mais là depuis la fin de mes vacances, je le supporte de plus en plus mal ...
