@Locke Je ne sais pas du tout comment tu expliques ça vu que je ne t'ai jamais ni vue ni lue le faire, mais peut-être qu'utiliser des termes différents aiderait ? On a discuté oppression en cours d'anglais cette année et quand le prof a demandé ce qu'était le racisme, tout le monde a parlé de la haine de l'autre, de celui qui est différent, mais j'ai été la seule à pointer que le racisme est systémique et repose sur des siècles d'histoire. Depuis, je différencie bien le racisme/sexisme ou toute autre oppression systémique de la discrimination que je considère comme individuelle. Donc peut-être qu'expliquer qu'on peut être discriminé individuellement selon son genre ou sa couleur de peau ou sa sexualité ou whatever mais que le terme racisme/sexisme/homophobie/transphobie/whatever ne s'applique qu'à la catégorie de personnes qui sont considéré.e.s comme "déviant de la norme sociale" ?
Bah en soi, c'est pas tout à fait juste, parce que de fait, être raciste/sexiste, c'est poser sur quelqu'un une représentation basée sur des préjugés qui créent une forme de hiérarchisation (c'est le naturel humain : on fait tous partie de groupes sociaux de taille +/- importante, on s'identifie fortement à ceux dont on fait partie, et on considère que ceux qui font partie de groupes différents sont forcément très différents de nous... ce qui peut vite amener à considérer qu'ils sont moins bien). Moi je ne parle pas de haine (d'ailleurs, est-ce qu'une personne sexiste, par exemple, est forcément haineuse ? je ne crois pas), je parle d'un point de vue sociologique et psychologique, car il y a des mécanismes cognitifs, supposés créer des économies cognitives - eh ouais, on a le cerveau écoresponsable et ça n'a pas que des conséquences joyeuses - qui mènent à ce genre de classification. D'ailleurs, la discrimination n'est pas nécessairement individuelle, il suffit de parler du plafond de verre pour le constater (et l'exemple n'est qu'un parmi plein d'autres), les discriminations étant les conséquences directes de ces préjugés racistes, sexistes, agistes, et tout ce qui peut exister.
Je vais pas ré-inventer des termes issus de théories centrales en sociologie/psychologie sociale sous prétexte que c'est un peu subtil quoi.. Je ne crois pas que dire "Un individu peut-être raciste envers les blancs, qui ne sont pas pour autant opprimés, parce que l'individu ne constitue pas en lui-même un système qui ostraciserait l'ensemble des blancs" est très compliqué à comprendre (surtout que pour en venir à parler de racisme, du fait que le racisme anti-blanc n'existe pas - en tant qu'oppression systémique - est déjà un effort cognitif, donc ajouter à cela qu'une personne peut être raciste n'ajoute pas une difficulté particulière).
Après je comprends tout à fait ce que tu veux dire, et je suis d'accord sur le fait que ça peut porter à confusion, mais bon.. Si on est capable de remettre en question le système d'oppression systémique duquel on fait tous partie, on peut faire un tout petit effort cognitif de plus.
Edit : j'ajoute juste une piste de réflexion. Si le racisme, et les xénophobies en règle générale, en terme d'oppression systémique à l'égard de toute personne qui n'est pas assez blanche/homme/hétéro, bref, pas assez dans la norme valorisée par la société, est historiquement liée à une logique de hiérarchisation des groupes sociaux,les formes de contre-xénophobie, si l'on peut dire ("racisme" anti-blanc, hétérophobie, misandrie, pour ne citer que ces phénomènes précis, sont plutôt réactionnaires aux formes d'origine... Elles font parties d'une causalité qu'on peut facilement identifier à la fois à travers l'histoire et à travers l'époque contemporaine, donc en soi, elles n'existent même pas en tant qu'elles-mêmes, puisqu'il y'a fort à parier que s'il n'y avait pas de racisme/sexisme/homophobie, pfiout, évaporées...) Je ne sais pas si je suis claire, par contre.