ECM II : En ce moment, oui, là, maintenant, tout de suite, dis-nous tout !

[Patacha]

@Chianti @Iroise Vous trouvez qu'on est pas assez prévenus des réalités du monde du travail et du fait que certains secteurs payent / recrutent plus que d'autres ? Peut-être à notre époque, on nous poussait aux études longues au détriment de voies pro qui pourtant recrutent et peuvent permettre de belles évolutions mais maintenant c'est peut-être moins le cas ? Je me rend pas compte, j'ai 28 ans on m'a très vite dit de privilégier le secteur privé / les secteurs "de rente" à par exemple l'associatif ou au culturel On m'a d'ailleurs bien poussé à éviter certains types de BAC en me causant très rapidement "débouchés à la sortie". Mais bon j'ai pas écouté me vlà dans l'associatif muhahahahaha.

 

[Esmé.]

@Iroise Le nombre de personnes que je connais avec des masters ou des doctorats qui ont fait derrière des formations courtes professionnalisantes à cause du manque d'emplois, des conditions de travail, ou de l'état désastreux de la recherche en France...

Spoiler

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[Faol]

@Iroise I feel you J'ai eu la "chance" d'être prévenue de la réalité de l'après-thèse en France pendant mon Master 2, et j'ai donc eu la possibilité de renoncer à ce projet. Parce que, comme toi, je ne voulais pas devoir enchaîner les années de post-docs à l'étranger et d'ATER pour espérer avoir, un jour, un boulot stable.
Résultat 5 ans après : je me suis plus ou moins réorientée, j'ai refait un BTS, je suis toujours aussi précaire mais hey, au moins je n'ai pas fait de thèse Cela dit, je ne regrette pas ce choix, je suis dans un domaine qui me plaît, où je m'y retrouve plus, et pour le coup je m'y suis dirigée en mon âme et conscience en sachant bien que c'était aussi un secteur compliqué professionnellement parlant. Mais j'avoue que le manque de stabilité commence à me peser un peu...

 

[Esmé.]

@Patacha Je trouve que le discours "un dilpôme élevé = un emploi assuré" est très présent, et c'est pas vrai. (cf mon post précédent)

 

[Kwoptyx]

@Chianti
@Iroise
Tout pareil, on est ensemble

Toute ma jeunesse () on m'a répété que plus les études étaient longues, plus grande serait la réussite.

*regard en coin sur ma fiche de poste*
*regard en coin sur ma fiche de paie*

Huhu. Quelle bonne blague.


EDIT :
Après, j'ai pas été fute-fute non plus : j'ai pas pensé stratégie. Au fil des expériences, j'ai juste voulu aller dans une voie qui me plaisait bien, sans trop être au courant des débouchés. Si c'est un milieu vu comme "prestigieux", alors les conditions sont forcément prestigieuses, n'est-ce pas ? (spoiler : non )
En fait, je n'ai pas été vraiment bien aiguillée. Comme toi @Iroise, on m'a simplement répété que tant qu'on intègre une formation bien valorisée, et tant qu'on va haut dans les études, alors tout ira bien : salaire, stabilité, responsabilités, le monde du travail nous ouvrira les bras.
Ben... surpriiiiiise

D'anciens camarades de promo touchent 2 voire 3 fois mon salaire (bande de suppôts du capitalisme ), parce qu'ils ont sciemment choisi une branche qui ne les passionne pas des masses, mais qui est rentable.

Tandis que moi, je découvre que pour gravir les échelons dans mon secteur, faut limite être né.e dans le milieu, faut avoir su toute sa vie qu'on voulait faire ça, et avoir coché toutes les cases dès le départ.
Moi j'suis arrivée certes avec mes beaux diplômes, mais pas de LA seule et unique bonne voie d'accès, donc diplôme ou pas, je serai toujours considérée comme une touriste

Si jeune et déjà j'ai raté ma vie

 

[Patacha]

@Esmé. Je suis bien d'accord ça doit toujours être le cas et je ne suis pas du tout d'accord non plus. C'est le type de structure et sa capacité à générer du cash (et à le partager avec ses salariés évidemment) qui joue. Entre mes potes qui ont des épargnes d'entreprise hyper avantageuses, des CE, des tickets restau car bossant dans des industries qui génèrent du cash et à l'inverse certains secteurs très précaire ou bibi dans son asso de deux pelos salariés sans 13ème mois ni rien du tout.... Un monde

Les études longues et un profil atypique "taillé" pour un poste rare et recherché ouais, mais encore faut-il pouvoir et surtout vouloir aller vers les postes et les secteurs économiques en question (souvent fort capitalistes ).

 

[Iroise]

.

 

[Esmé.]

@Patacha ... J'ai pas compris ta première phrase, désolée.
Avec quoi t'es d'accord et avec quoi t'es pas d'accord ?

 

[Patacha]

@Esmé. Je suis d'accord qu'on pousse trop les gosses dans les études longues quand les études courtes très professionnalisantes peuvent être tout aussi épanouissantes et rémunératrices. Mais après ce qui prévaut c'est la stratégie d'inclusion sur le marché du travail et d'avoir le revenu comme critère prioritaire. Mais comme vous je déplore que ça se passe comme ça et qu'on ne prévienne pas assez les jeunes.

Ou alors idéalement que tous les secteurs économiques soient mis sur un pied d'égalité niveau rémunération mais je ne crois plus au Père Noël T-T

@Iroise Ouais tous les cursus font ce qu'ils peuvent pour attirer les étudiants quand même et oui un petit pourcentage arrivera à se placer donc tout le monde carbure à ça. Mais dans les faits comme tu dis, au bout combien arrivent à se placer dans leur cursus initial à un poste rémunéré ET stable ? Je suis vraiment désolée que te retrouves dans cette situation et j'espère que tu trouveras "ta passerelle" ou l'équilibre vie pro-vie perso qui te convient C'est tout aussi noble de vouloir privilégier sa famille, ou sa carrière ou de vouloir mener les deux de fronts, l'important c'est que ça te convienne

 

[Chianti]

@Patacha C'est compliqué. C'est assez contradictoire je trouve. Après je parle vraiment pour mon cas.

Première année de licence : Bon on prévient, vous attendez pas avoir un salaire mirobolant (jpp j'utilise cette expression). Métier de passion, le monde du travail est dur les places sont rares blablabla. Bon ok soit.

Master : On nous prépare à gérer la pression, à avoir des responsabilités, à gérer les conflits internes. Stratégie commerciale, gestion. On fait des missions de consulting avec des vrais professionnels. Blabla.
J'ai adoré mon master. C'était tellement intéressant. Et je n'ai aucun regret de l'avoir fait.

Mais c'est très TRÈS frustrant de sortir avec ton diplôme en poche, d'avoir toutes ses connaissances. Et rien. Je suis diplômée depuis 2018 et j'ai vraiment l'impression de tout oublier, parce que dans mon boulot actuel, je n'applique pas directement ce que j'ai appris. J'aime mon travail parce que ça reste dans le même milieu pro. Mais je m'ennuie à mon poste, parce que je veux plus (+).
En soit c'est même pas par rapport à mon salaire. J'ai pas à me plaindre. Mais c'est plus en termes de fonction, de missions que je suis frustrée. Je sais que je mérite plus mais non.

Et d'un côté, je ne peux pas en vouloir aux entreprises. Moi-même j'aurai du mal à embaucher une jeune de 23-24 ans (à l'époque ) qui sort de l'école pour un poste de responsable. Mais ça reste très frustrant.

Surtout quand je postule du coup à des offres à position "inférieur" on me dit : Bah vous avez tel diplôme, c'est un peu du gâchis. Oui bah merci Théodule. T'es gentil mais ça m'aide pas.
Et quand je postule un poste qui me plairait plus avec une position plus importante : Bah vous êtes un peu jeune. Ou PIRE : C'est pas une place pour une femme (true story).

Enfin bref. Je raconte ma vie. Et du coup je procrastine.

Je suis convaincue que de longues études ça peut aider en fonction de ce que tu veux faire et ce que tu aimes faire (le plus important).

Cependant, il faut arrêter de promettre aux étudiants que dés qu'ils sortent de l'école, ils vont avoir tel poste avec tel salaire.

Edit : Après j'ai un certain égo. Et oui ma fierté en prend un coup à chaque fois que je pense à ça. Mais c'est pas graaave. Je prends sur moi et je sais que mes études me serviront dans quelques années.

 

[Foxy*]

Bon maintenant film de Noël avec un café (d'ailleurs l'un des protagonistes joue énormément d'ordures dans d'autres films du coup j'ai du mal à le voir en love interest du film )
@Patacha

@Iroise c'est pas exactement la même chose mais ça me fait penser que la 1ere fois que j'ai pensé à être traductrice, dans ma fac de langues on a eu une conférence d'une traductrice justement qui a en gros dit : "ne faites pas ça, c'est bouché, le monde est pourri et vous ne pourrez pas vivre de la traduction !" J'étais en mode : Ha (bon finalement je l'ai pas écoutée et j'ai bien fait même si c'est pas toujours facile effectivement mais vraiment pour toi à nouveau et j'espère que tu vas trouver de quoi construire ton pont #niaiserie )

 

[Chianti]

Je reproche beaucoup aussi le fait qu'on pousse les jeunes à faire des longues études, parce que ça "sonne" mieux sur le CV. Alors qu'il y a des formations plus courtes, plus accessibles et surtout moins chers.

Le nombre de fois que j'ai eu des stagiaires qui étaient malheureux et quand je demandais : pourquoi tu fais cette école là ou cette formation si ça te plait pas ? "Bah mes parents m'ont forcé"

Mais non. Faites pas ça
C'est une perte de temps et une perte d'énergie incalculable.

Bref un grand savant a dit un jour (mon père) : Le plus beau métier du monde, c'est celui qu'on fait avec le cœur.
Point.