ECM II : En ce moment, oui, là, maintenant, tout de suite, dis-nous tout !

[Chianti]

@Patacha C'est compliqué. C'est assez contradictoire je trouve. Après je parle vraiment pour mon cas.

Première année de licence : Bon on prévient, vous attendez pas avoir un salaire mirobolant (jpp j'utilise cette expression). Métier de passion, le monde du travail est dur les places sont rares blablabla. Bon ok soit.

Master : On nous prépare à gérer la pression, à avoir des responsabilités, à gérer les conflits internes. Stratégie commerciale, gestion. On fait des missions de consulting avec des vrais professionnels. Blabla.
J'ai adoré mon master. C'était tellement intéressant. Et je n'ai aucun regret de l'avoir fait.

Mais c'est très TRÈS frustrant de sortir avec ton diplôme en poche, d'avoir toutes ses connaissances. Et rien. Je suis diplômée depuis 2018 et j'ai vraiment l'impression de tout oublier, parce que dans mon boulot actuel, je n'applique pas directement ce que j'ai appris. J'aime mon travail parce que ça reste dans le même milieu pro. Mais je m'ennuie à mon poste, parce que je veux plus (+).
En soit c'est même pas par rapport à mon salaire. J'ai pas à me plaindre. Mais c'est plus en termes de fonction, de missions que je suis frustrée. Je sais que je mérite plus mais non.

Et d'un côté, je ne peux pas en vouloir aux entreprises. Moi-même j'aurai du mal à embaucher une jeune de 23-24 ans (à l'époque ) qui sort de l'école pour un poste de responsable. Mais ça reste très frustrant.

Surtout quand je postule du coup à des offres à position "inférieur" on me dit : Bah vous avez tel diplôme, c'est un peu du gâchis. Oui bah merci Théodule. T'es gentil mais ça m'aide pas.
Et quand je postule un poste qui me plairait plus avec une position plus importante : Bah vous êtes un peu jeune. Ou PIRE : C'est pas une place pour une femme (true story).

Enfin bref. Je raconte ma vie. Et du coup je procrastine.

Je suis convaincue que de longues études ça peut aider en fonction de ce que tu veux faire et ce que tu aimes faire (le plus important).

Cependant, il faut arrêter de promettre aux étudiants que dés qu'ils sortent de l'école, ils vont avoir tel poste avec tel salaire.

Edit : Après j'ai un certain égo. Et oui ma fierté en prend un coup à chaque fois que je pense à ça. Mais c'est pas graaave. Je prends sur moi et je sais que mes études me serviront dans quelques années.

 

[Foxy*]

Bon maintenant film de Noël avec un café (d'ailleurs l'un des protagonistes joue énormément d'ordures dans d'autres films du coup j'ai du mal à le voir en love interest du film )
@Patacha

@Iroise c'est pas exactement la même chose mais ça me fait penser que la 1ere fois que j'ai pensé à être traductrice, dans ma fac de langues on a eu une conférence d'une traductrice justement qui a en gros dit : "ne faites pas ça, c'est bouché, le monde est pourri et vous ne pourrez pas vivre de la traduction !" J'étais en mode : Ha (bon finalement je l'ai pas écoutée et j'ai bien fait même si c'est pas toujours facile effectivement mais vraiment pour toi à nouveau et j'espère que tu vas trouver de quoi construire ton pont #niaiserie )

 

[Chianti]

Je reproche beaucoup aussi le fait qu'on pousse les jeunes à faire des longues études, parce que ça "sonne" mieux sur le CV. Alors qu'il y a des formations plus courtes, plus accessibles et surtout moins chers.

Le nombre de fois que j'ai eu des stagiaires qui étaient malheureux et quand je demandais : pourquoi tu fais cette école là ou cette formation si ça te plait pas ? "Bah mes parents m'ont forcé"

Mais non. Faites pas ça
C'est une perte de temps et une perte d'énergie incalculable.

Bref un grand savant a dit un jour (mon père) : Le plus beau métier du monde, c'est celui qu'on fait avec le cœur.
Point.

 

[Membre supprimé 325467]

.

 

[Esmé.]

@Sneglia

Spoiler

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@Patacha Je pense que y a plein de trucs qui vont bof, en fait. Le fait de sur-valoriser certains emplois, de dénigrer complètement certains autres, sur des bases qui me paraissent très arbitraires.
(et là, sans que vous m'ayiez vue arriver, Bernard Friot, le salaire à vie, bim bam boum)

Pour moi, y a différents critères qui devraient entrer dans un calcul de salaire : l'utilité, la pénibilité, la spécialisation, les responsabilités...
Donc que que quelqu'un qui a étudié 10 ans pour être médecin soit mieux payé.e que moi, oui. Cette personne est utile à la société, et est spécialiste de son domaine. Que mon.a supérieur.e gagne plus que moi, bin oui, ille a plus de responsabilités, ille a un post plus stressant, et si je couille, ça lui retombe dessus. Banco.
Que quelqu'un qui a une licence de commerce, parce que la bonne entreprise, le bon post, le marketing, gagne dix fois mon salaire, je l'avale un peu moins. (je sais que par exemple, dans la boîte où je travaille, tout le département marketing a des salaires bien plus élevés que la branche artistique, et ça me rend dingue, pour moi, c'est pas justifié.)

Du coup, la longueur des études fait partie des critères mais c'est loin d'être le seul.

 

[Patacha]

@Chianti Clairement les ingénieurs et diplomés de grandes écoles qui sont prédestinés à avoir des postes "d'encadrement" de "gestionnaires de projet".... Ben quel pourcentage sera finalement adapté à ces postes là ? Mon diplôme m'a préparé à avoir ce genre de poste aussi. Mais en fait je ne suis pas spécialement faite pour ça. Edit : poke @Sowell qui a abordé le sujet. J'ai pensé à la recherche, étant très douée pour cracher des mémoires de 100 pages à 16/20 + article scientifique derrière. On m'a tendu la perche. Mais pareil je me disais 'une thèse de 3-4 ans que 15 personnes liront pour décrocher ééééventuellement une place stable aux deux instituts de recherche de ma branche que tous les diplomés se disputent ?' Je ne suis pas très courageuse je n'ai pas osé.

Et pour ceux, comme toi, qui s'y souhaitent y aller et s'y épanouiraient, combien de bâtons on leur mettra dans les roues justement ? Combien seront pas considérés légitimes car trop jeunes et externes à l’entreprise alors qu'en vrai on privilégiera souvent les recrutements internes avec des évolutions longues : Jean-mi technicien qui est passé chef de service puis qui est passé directeur départemental puis directeur régional ? Au final c'est très compliqué de faire son trou "par la grande porte" aux postes qu'on espérait car on a souvent pas la légitimité aux yeux des employeurs et même aux yeux des équipes et collègues.

Bref j'ai l'air d'en parler avec distance mais j'ai été confrontée au même doubles-discours,aux mêmes témoignages de recruteurs qui se marrent en entendant les prétentions de jeunes diplômés et à la frustration de collègues qui ont choisi des secteurs moins rémunérateurs que leur camarades de promo qui après 20 ans dans le privés ont des écarts de salaires qui font envie. Mais bon, le monde du travail est si inégalitaire et c'est normal de privilégier la passion, le sens, le service public ou que sais-je à la dernière start up ou au mammouth industriel qui crashe du cash L'industrie du plastique recrute à mort et dans de bonnes conditions d'ailleurs

Edit : @Pins Flots Mon frère a un parcours similaire au tiens, il a capté assez tard que les bibliothèques c'est bouché et qu'il faut un concours public ultra select (je caricature de loin et de mémoire). Résultat : standardiste, mais au final dans une boite qui balance du cash donc avec des primes de participation et des colis de Noel de qualitey. Au final s'il évolue dans ce secteur il aura des avantages sans commune mesure avec le secteur culturel/public mais oui, ce n'était pas sa passion première.

@Esmé. Tout d'accord.

 

[Chianti]

Je termine sur des petites anecdotes sur le monde du travail :

Lycée ou collège, on avait fait un test pour savoir quel métier nous correspondait. Je tombe sur "Pilote d'Hélicoptère" Bon euh ok why not. La personne du CDI : Ah bah on va refaire le test, c'est pas un métier pour une femme

Conseil à la fin de la seconde pour savoir si je veux faire S ES ou L : Je veux être égyptologue ou archéologue. Le conseiller d'orientation : Non mais tout a déjà été trouvé dans le monde, c'est fini l'époque des tombeaux, des pyramides tout ça.

 

[Patacha]

@Chianti Je voulais être paléontologue. Mes parents m'ont calmée DIRECT

 

[Kwoptyx]

@Chianti
Tiens ça me fait penser qu'une copine, qui a suivi un cursus du type du tien et qui a bossé quelques années, est maintenant en train de se reconvertir pour devenir pilote d'hélico dans l'armée

 

[Patacha]

Bon avec tout ça j'ai pas avancé et il est déjà 16h30

Edit : @plic tic Et après ça donne des gens qui se trainent des syndromes de l’imposteur et un sentiment de fraude permanente car gober du savoir sur une chaise, cracher des dissertations ou faire des exposés de groupe avec ses potes c'est pas spécialement ce qui nous attends dans le monde du travail. () La réussite des études ne préfigure pas grand chose de l'adaptation au milieu pro ou des qualités/défauts comme tu dis.

(Oui je regrette le temps béni des études où mes "facilités" étaient adaptées à ce qu'on me demandait alors que je me sens comme un vilain canard inadapté dans le milieu de l'entreprise, cette arène de non-dits, de masques et de gens qui se supportent pas )

 

[Chianti]

Bon avec tout ça, je dois me bouger.

Puis c'est le moment du thé.

 

[Vétiver]

Je vous rejoins, je ne comprends pas pourquoi on pousse aux études, si c'est pour finir sans job après la fac...
Je suis contente de mon salaire actuel, mais si je suis honnête, mon job actuel ne correspond pas du tout à mon niveau d'études (un master et un concours international gagné, qui n'ont servi à rien - merci le Covid - à part me faire rembourser un prêt étudiant)