Je suis sortie de la ville pour rejoindre un village situé à 6km. Pour cela, il faut marcher le long de la route, tourner dans une rue, longer les maisons puis les bidonvilles (ouais, autant appeler un chat un chat), pour se retrouver sur un chemin de terre puis le long d'une piste. Le tout entre une voie ferrée et des champs à ciel ouvert. Il restait encore beaucoup de neige de la semaine, entre le reste de verglas et la boue, mes chaussures pas vraiment adaptés, je manque de me casser la gueule à chaque pas. Le chemin est plat et droit, sans intérêt particulier. Entre la boue glissante de la piste et la neige sur les côtés, je préfère encore la neige. Je passe devant un tracteur à l'arrêt, un homme et une femme assis à côté. Ils me regardent galérer ma race pour essayer d'enlever la boue collée à mes baskets. Ils m'adressent quelques mots, je réponds gênée que je ne comprends rien. Je ne sais même pas s'ils ont compris que je ne suis pas d'ici. L'homme a un énorme sourire et des dents d'une blancheur étincelante, je ne sais pas si c'est par sympathie ou si c'est parce qu'il me trouve bonne. Je continue mon chemin, et j'aperçois un troupeau de moutons que je prends en photo. Le tracteur passe à ce moment. Le berger me fait des signes comme quoi je ne peux pas continuer (???). Je le laisse arriver à ma hauteur, je lui demande si c'est bien la direction du village, et là, ça se gâte. Il fait mine de passer le bras autour du cou et de m'embrasser sur la joue, que je repousse immédiatement, je marche tout droit sans me retourner tandis que lui me gueule des trucs après. C'est la première fois depuis que je vis ici que je subis une agression (je compte pas les regards insistants dans la rue). Il a sûrement profité qu'il n'y avait personne, à mon avis, il aurait suffit que le tracteur passe plus tard pour que ça n'arrive pas.
J'ai les pieds gelés à cause de la neige et de l'eau de la rivière. J'arrive au village mais le cœur n'y est plus. Je me retrouve à craindre qu'il n'arrive de nouveau la même chose. Je prends quand même des photos, de toute façon, les rues ne sont pas goudronnées et je n'en peux plus de la boue. Demi-tour dans la neige, en sachant très bien que j'allais de nouveau affronter le berger. Impossible de l'éviter, je passe à quelques mètres de lui le plus vite possible, tandis qu'il continue de crier en arménien.
Ça m'a dégoûtée d'aller seule à la campagne mais je compte quand même recommencer, je ne sacrifie pas ma liberté
