La matinée s'écoule tout doux, je regarde maître oiseau perché sur son bambou, et elle est toute crispée toute tendue, guette le moindre de mes gestes, et si je m'approche trop près elle se colle aux barreaux opposés...
Elle me fait une peine immense, j'espère que le courant passera bien avec l'autre et que je pourrais bientôt les mettre ensemble.
D'ailleurs, du coup ça faisait une semaine que j'allais à l'animalerie, et oh my god tant de chagrins. L'humanité n'a pas encore tout compris à la vie, car tant que l'on enfermera des êtres vivants si loin de leur habitat naturel dans des cages réduites, quelles que soient nos valeurs ou nos idées, je trouve que c'est une torture. Et ça vaut aussi pour ces petits poissons que j'ai observés, si mimis et si jolis, qui peuvent aller n'importe où & chez n'importe qui pour la modeste somme de 1 euros 50 (et mon expérience de caissière actuelle vous indiquera que c'est moins cher qu'un ananas à l'unité, et presque moins cher qu'un avocat...).
Enfin je trouve ça révoltant.
Et là j'ai ce nouvel oiseau qui nous a coûté plus de 80 euros tout de même (et je suis tellement contente qu'elle coûte ce prix là, ça évite que des attardés viennent prendre un oiseau de son espèce sur un bête coup de tête et la laisse croupir ensuite - du moins j'espère -) et qui s'ennuie dans sa cage... Qui me surveille et qui semble progressivement se dire que si je lui voulais du mal, je l'aurais déjà fait, mais elle se méfie quand même car on ne sait jamais.
Et hier soir en la couchant, je lui disais de pas avoir peur, que tout irait bien, que désormais chez elle c'était ici et qu'elle ne partirait plus jamais nulle part, et qu'elle allait "être heureuse ici". Cette affirmation m'a fait rire, m'a fait culpabilisée, et j'ai vite corrigé: "du moins, tu ne seras pas trop malheureuse, je m'occuperai bien de toi, tu verras".
Je ne vaux guère mieux, puisque je les enferme moi aussi, et pire encore, j'en enferme une seconde pour que le premier ne se sente pas seul. Je n'aurai jamais le pouvoir de changer l'humanité, alors j'espère qu'au moins j'atténuerai cette cruauté déguisée, cet égoïsme mal assumé.
Et j'espère qu'aux cieux, la petite qui nous a quitté la semaine dernière nous pardonnera... bien qu'elle, elle me mordillait le doigt affectivement.
Roh, tant de soucis. J'aurai souhaité qu'elle m'aime d'un coup direct, qu'elle me considère comme sa sauveuse... Mais elle me rappelle que c'est moi le tyran.