Il s'est passé un truc trop moche hier soir. Ça me perturbe un max, je me sens toute tourneboulé.
Il était 20h. J'attendais sur la grande place de Rennes. Et un type s'approche de moi. Pas spécialement méchant ou goguenard. Non, normal, en somme. Et il me demande un truc, il articule mal, je comprend qu'il me demande une cigarette, je lui dis que non, je n'en ai pas. Il répète plusieurs fois, il insiste, de plus en plus fort, en répétant, « mais pourquoi ? ». Je répète « non ! » plusieurs fois, je comprend qu'il y a un problème, il ne me quitte pas des yeux, je commence à avoir peur.
Il s'approche, je recule, il s’approche encore, je suis coincée contre le mur, il fait des gestes de la main en direction de sa braguette. Je comprend qu'il veut que je le suce, et qu'il me demande combien je veux en échange. J'ai l'impression qu'on me met une putain de gifle.
Il se penche sur moi, il tend la main pour attraper mon épaule. Je me dérobe, je m'énerve et j'ai peur, et je me sens conne et honteuse, je lui dit qu'il ne va pas bien, et qu'il me foute la paix.
Je traverse la place, je vais me mettre à l'autre bout de l'arcade. Et je vois le mec, qui a traversé l'arcade à son tour, qui me suit, qui s'approche de moi à nouveau. J'ai mal au ventre, j'ai envie de vomir. Je me barre à nouveau, je l'entend qui m'appelle.
Je retourne à l'autre bout de la place, je me met prés des arrêts de bus. Je me demande si il va me suivre à nouveau, si il va m'insulter, si il va encore essayer de me toucher.
Je vois mon ami sous l'arcade. Je marche vers lui, je me sens plus ou moins soulagé. L'autre mec marche dans ma direction, nous nous croisons donc. Je m'écarte largement de lui. Cette fois, il ne cherche pas à m'attraper le bras, ou à m’arrêter. Il me fixe pendant que je l'évite, puis il continue son chemin.
Je retrouve mon ami. On va chez lui. On pose nos affaires, on s'assoit sur le lit, je me jette dans ses bras. C'est tellement pas mon genre, mais c'est ce que je fais. Ça le surprend, puis il serre ses bras autour de moi et il dit : « t’inquiète pas, c'est bon, c'est fini. »
Mais c'est bien le problème. C'est pas bon, et c'est pas fini. Ce genre d'histoire m'est arrivé des dizaines des fois, et ça continuera.
Ce mec n'a même pas fait ça pour me provoquer. Il était sincère. Il estimait sincèrement que j'étais une fille seule, donc j'étais pas un être humain avec une volonté et des désirs. Non, j'étais un bout de viande, j'étais bonne qu'à ça, et je cédais pas tout de suite, il suffisait de me forcer.
Ça me tue. Je me sens malade de tant d'inhumanité. Parce c'était ça, c'était me nier en tant qu'être humain. Y a rien de plus violent.