@Shadowsofthenight On en revient à la problématique de la définition du consentement : est-ce que l'argent fait office de consentement ? Et comment peut-on savoir si une TD est véritablement consentante ? Parce que faut pas se leurrer, dans la vie de tous les jours les clients ne vont pas vérifier ça, ils s'en foutent. Il y en a même qui préfèrent continuer à aller voir des TDs exploitées parce qu'elles ne peuvent pas refuser et qu'ils peuvent leur imposer davantage de pratiques non safe et des prix plus bas. Je pense qu'il faut vraiment se rendre compte que ce n'est pas tant le besoin sexuel qui prime que le besoin de domination et "l'entitlement" à pouvoir obtenir du sexe quand on le souhaite.
Oui, le fait de reconnaître que c'est un travail permettrait (en théorie parce qu'on l'a vu, en fait ça ne marche pas du tout) de leur donner les mêmes droits. Sauf que si on le reconnaît comme un travail, alors on le banalise (parce qu'on dit : c'est un métier comme boulanger, etc alors que non ça n'a pas les mêmes enjeux,
ça touche à la sexualité qui - je le rappelle - a un statut juridique très particulier). Et donc qu'est-ce qui empêche de dire à quelqu'un "bah maintenant c'est un travail donc vous devriez le faire sinon on vous coupe les allocs" ? Je vais essayer de le résumer le plus simplement possible :
on ne peut pas à la fois dire que la prostitution est un travail, donnant les mêmes droits que les autres, et en même temps dire que c'est un travail très particulier qui ne peut pas être considéré comme les autres (ex : proposé par Pôle Emploi). C'est incompatible, vous comprenez ce que je veux dire ?
Ah mais ça je suis d'accord qu'il y a des conséquences négatives dans plein d'autres métiers.
Mais au point d'avoir des PTSD genre pire que des soldats ? Au point d'avoir des taux aussi énormes de dépression et d'addictions ? Au point de devoir subir les conséquences d'années de viol ? J'ai quand même l'impression qu'on est plusieurs à avoir donné des chiffres très parlants sur les gros problèmes que ça pose, je suis fatiguée de répéter les mêmes choses parce qu'on dirait que ce n'est tout simplement pas lu. Je crois qu'on l'a amplement montré, des dizaines de fois, que ce n'était pas un métier normal. Relis mes précédents messages et ceux d'autres personnes, je ne sais pas quoi dire de plus...
Pour le reste, je ne trouve pas ça tolérable non plus d'avoir de tels problèmes dans certains métiers. Et je ne pense pas qu'on devrait obliger les gens à travailler dans des abattoirs, par exemple. Mais la différence est que ce sont des métiers, alors que - j'en ai déjà parlé - pour moi la prostitution repose sur un système qui est de
la marchandisation du corps humain (en plus d'être, concrètement, un gros bastion de l'exploitation sexiste), ce que - philosophiquement et juridiquement parlant - je ne considère
pas comme un métier. De même que pour moi, être mère porteuse n'est pas - et ne devrait pas être - un métier.
Après bien sûr, on peut se poser la question :
qu'est-ce que la marchandisation du corps humain et où trace-t-on la limite ? Est-ce que la prostitution est fondamentalement différente du fait de vendre sa force de travail pour être maçon ? Et là je dirais que oui, parce qu'elle engage les parties sexuelles d'une personne, qui - je le répète encore - ont un statut particulier. Ce n'est pas par puritanisme ou morale que je dis ça, mais bien parce que juridiquement c'est le cas !
Et aussi parce que pour beaucoup de personnes, c'est une limite à ne pas franchir, sous peine de traumatismes.
Refuser la marchandisation du corps, c'est protéger la majorité des gens des abus que cela constituerait pour eux. Si une minorité de TDs vit bien cette dissociation du corps et du reste, tant mieux, mais c'est loin d'être la majorité des cas et en plus on sait que pour beaucoup c'est un mécanisme de défense qui leur permet de survivre (on a parlé aussi des drogues et de l'alcool qui permettent à beaucoup de ces personnes de tenir).
Pour la fin de ton message : certes, mais je le répète, je ne considère pas la prostitution comme un simple travail. C'est sur ce point qu'on diffère, je pense, parce que le postulat de départ n'est pas le même. J'ai déjà expliqué pourquoi donc je ne reviens pas dessus.
@Dame Andine cogite En fait je crois qu'on a tout simplement un point de vue différent sur le problème ou qu'on ne parle pas de la même chose mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus
du coup je ne sais pas trop comment te répondre. Ce n'est pas tout à fait ce que je voulais dire, ou en tout cas pas uniquement. Ou alors j'ai dû mal m'exprimer. J'y reviendrai peut-être plus tard si je vois plus clair.
Par contre je ne suis pas sûre qu'on puisse tout rapporter à la religion (même inconsciemment). Le fait que le sexe soit une partie intime, c'est dans la grande majorité (la totalité ?) des cultures humaines. Si un type te viole ou commet des attouchements sur toi tu vas jamais bien le vivre, même si t'es pas dans un pays religieux.
Par rapport à ton spoiler : je pense que là, tout de suite, la situation la "moins pire" ce serait surtout d'aider cette personne avec des moyens financiers (ou des associations dédiées à l'aide des TDs qui y sont par contrainte, financière ou autre) plutôt que de la laisser galérer à subir quelque chose qui peut lui laisser de profonds traumatismes... Et d'ailleurs ce n'est pas forcément une solution si top que ça parce que j'ai lu beaucoup de choses sur les personnes qui se font "piéger" par leurs dettes, qui doivent de plus en plus d'argent aux réseaux et qui ne s'en sortent jamais.
Ca je suis d'accord, les conditions de travail ne sont pas les mêmes. Seulement, comme je l'ai déjà dit, c'est le principe d'utilisation des parties génitales qui
juridiquement et philosophiquement me pose un gros problème pour qualifier la prostitution de travail (quelles que soient les conditions).
Et puis de façon concrète, on sait qu'en légalisant la prostitution, on va forcément avoir de l'industrialisation de la prostitution. C'est la loi de l'offre et de la demande (et c'est ce qui s'est produit en Allemagne et ce qui se produira ailleurs si on légalise). Du coup c'est sur tous les plans que ça me semble une mauvaise idée.
Et qu'une personne aime bien être en vitrine, ok, tant mieux pour elle. Qu'en est-il de la majorité des personnes qui ont le droit d'être protégées par le système ? J'ai l'impression qu'on parle trop en termes d'individus et pas assez de façon générale, sur le plan social et systémique.
Si la prostitution ne convient pas à une grande majorité de personnes, les fait souffrir, même en étant légalisée, et qu'elle banalise le sexisme et la marchandisation du corps, alors pourquoi ne pas abolir un tel système ? Pour moi ça ne sert à rien d'essayer de le changer ou de bricoler avec s'il est intrinsèquement problématique.
Je l'ai pourtant écrit clairement,
je ne te considère pas comme une personne privilégiée par rapport aux non-TDs et la société en général. Je te considère uniquement comme une personne privilégiée par rapport à la "classe" prostituée (sur le plan sociologique).
Et oui, votre situation n'est pas fun, mais celle d'une mineure clandestine, prisonnière d'un réseau, qui enchaîne les viols chaque jour, qui en souffre et qui n'arrive pas à s'en sortir est mille fois pire que la vôtre et sera toujours ma priorité. J'ai pris l'exemple le plus "extrême", mais il ne faut pas oublier qu'il est aussi très courant en termes de statistiques !