C'est là que je comprends qu'on ne peut pas catégoriser les gens en fonction de leur argumentation. Vous me traitez de masculiniste et de réac, la bonne blague... et pourtant, moi aussi j'en ai catalogué des gens, tout comme vous le faites présentement.
Donc, stop : on est dans un lieu de débat, pas nécessairement de jugement hâtif d'autrui. On a pas toutes les mêmes idées, il faut l'accepter.
Lisez peut-être mon premier post sur cet article, ça vous éclairera si ce n'est déjà fait.
Moi aussi je pourrais vous traiter de réac, à déclarer que si un mec est moche il a qu'à coucher avec une moche, que "plein de filles n'ont pas froid aux yeux, c'est étonnant", que les personnes en manque de sexe n'ont qu'à se branler...
Et pourtant je pense que, comme moi- comme la plupart des femmes en fait -, vous avez connu des violences sexuelles ou été témoin de violences sexuelles de votre entourage. Vous réagissez avec vos trippes, combien je vous comprend.
Mais on va essayer de se décentrer de sa petite personne et de cesser le nombrilisme, ok ?
Je ne doute pas que vous soyez des canons de beauté aujourd'hui (allez, disons, des personnes jeunes et en bonne santé qui ont la chance de susciter le désir sans trop de soucis), mais supposez que demain ce ne soit plus le cas? Victimes d'un accident, de maladie ? Ou tout simplement âgées et seules ? Vous pourriez très bien ressentir du désir et ne pas vous satisfaire de la seule masturbation. Vous pourriez également ne pas en avoir besoin, car personne ne meurt de ne pas avoir de rapports sexuels, c'est certain. Vous feriez comment dans ce cas ? Vous vous contenteriez d'un lapidaire "la sexualité, c'est pas pour toi, c'est la vie"? Si votre réponse est oui, tant mieux pour vous. C'est pas le cas de tout le monde, comprenez ça.
Enfin, qu'est ce qui empêche une femme ou un homme de choisir la prostitution pour subvenir à ses besoins matériels, ou par kif ? Votre jugement ?
J'ai déjà dit que j'étais contre les réseaux et la prostitution forcée, et que je n'envisageais ce métier que dans le cadre où c'est la prostituée qui a le pouvoir et la loi derrière elle.
Alors, moi, masculiniste et réac... Réfléchissez un peu que tout n'est pas si simple svp. Sortez des jugements péremptoires. Moi, je m'efforce de le faire.
C'est réac de dire que si quelqu'un est en manque de sexe, il n'a qu'à aller se branler ?
J'ai déjà eu de trèèès longues périodes sans sexe, et spoiler : je ne suis pas morte. Ça ne me serait jamais venu à l'idée de me dire "oh bordel, j'ai pas baisé depuis X temps et personne ne me plaît, je vais aller voir sur Internet si je ne peux pas m'offrir les services d'un prostitué (comme c'est bizarre de genrer ce mot au masculin, d'ailleurs)".
Le truc, c'est qu'on instille dans la tête des gens (enfin, surtout des MECS) que le sexe est un droit, voire un besoin vital, que l'accès au corps des femmes s'achète au même titre qu'un sandwich jambon-beurre et que si t'as pas couché depuis X temps, c'est que quelque chose ne tourne pas rond et que tu DOIS absolument remédier à cela. Mais sans l'existence de cette idée toxique, est ce qu'on (est-ce que TU) tiendrait le même discours sur la sexualité comme étant un droit inaliénable ? Je ne crois pas.
Le problème, c'est que si l'on décide que chacun.e a droit à du sexe, alors on admet nécessairement l'idée qu'il est acceptable pour certaines personnes de faire des concessions sur leur intégrité physique (en gros : le droit des uns limite la liberté des autres, c'est à dire des plus faibles, des plus vulnérables et des plus précaires), et l'on admet que le corps puisse être une marchandise comme une autre. (ce que le droit français réprouve, soit dit en passant).
C'est aussi la porte ouverte à la banalisation des discours type "il l'a violée parce qu'il était en manque, le pauvre" ou bien "tu pourrais te forcer un peu, ton mec a des besoins". Qu'on entend déjà beaucoup trop, et qui n'ont pas besoin de plus d'encouragements.
Si je n'avais pas accès au sexe, pour X ou Y raison (au passage, ça arrive souvent dans une vie, et jusqu'à preuve du contraire personne n'en meurt contrairement à l'absence de nourriture), eh bien je prendrai mon mal en patience, c'est tout. Et en attendant, je me masturberai, parce que la sexualité, le plaisir, les orgasmes, ça peut aussi se faire tout seul, hein. Ça ne me viendrait jamais, jamais à l'idée de me dire : "je ne baise pas, ouin ouin c'est pas juste, les gens me doivent du sexe".
Personne ne doit de sexe à personne, peu importe les circonstances. Bizarrement, les femmes abstinentes s'en sortent bien, beaucoup mieux en tout cas que les mecs à qui l'on répète à longueur de journée que s'ils ne baisent pas, c'est une terrible tragédie et qu'ils doivent absolument remédier au "problème". C'est cette idée répugnante et toxique, qui nourrit véritablement la culture du viol (et l'existence du porno, de la prostitution, etc), qu'il faut à tout prix renverser.