Le problème est là, et il l'a souligné, en quelque sorte : les mères n'ont plus le choix que de bosser si elles ne veulent pas crever la dalle. Etre mère au foyer n'est une option confortable que pour les plus aisées, dont le mari gagne très bien sa vie. Les femmes pauvres n'ont pas cette possibilité de rester chez elles à s'occuper de leurs enfants. Et ça, ça me choque et ça m'énerve. Notre choix d'être au foyer, on ne l'a pas. Et perso, bosser pour gagner un pauvre smic plutôt que d'avoir d'autres enfants et m'en occuper à la maison, ça me brise le coeur, parce que j'en ai pas envie. je ne trouve pas ça "aliénant" de m'occuper de ma famille en fait. Je voudrais me consacrer à la maternité, et je ne peux pas. J'ai pas le choix. Je n'aurais surement qu'un seul enfant, mon fils,à cause de cela, parce que je refuse d'être une de ces mères épuisées par les doubles journées et qui n'a pas les moyens d'élever plusieurs enfants. Elle est où, ma liberté de choisir, bordel? Sérieux, faut forcément être un-e réac pour s'indigner de cela? La liberté d'une femme, c'est forcément d'être à la botte d'un patron, l'usine, l'hyper du coin, pour un salaire merdique??
Le vrai progrès, le vrai féminisme, ce n'est pas d'imposer aux femmes une voie unique. Ce n'est pas de les empêcher de faire ce qui les rends heureuses. Ce n'est pas les juger d'idiotes réac' si elles refusent le modèle de la "working girl". Laissez-nous être au foyer si on le désire, sans crever de faim. Un seul salaire devrait suffire à nourrir et faire vivre dignement une famille!
Moi je vois un autre problème : pourquoi les pères ne pourraient-ils pas, eux aussi, avoir ce choix ? Le discours "les femmes ne peuvent plus choisir de rester à la maison, blablabla" me met très mal à l'aise car il est souvent utilisé par les milieux réacs et d'extrême droite (ce qui revient souvent au même
), qui voient dans cet "argument" un moyen de reléguer les femmes à leur place traditionnelle de mère au foyer et de délégitimer leur présence dans la sphère publique.
Oui, chaque individu devrait pouvoir avoir le choix de bosser ou pas. Mais pourquoi ne parle t-on que des
mères dans ce cas ? Et les pères, qu'est ce qu'on en fait ? Contrairement à la croyance populaire, les hommes aussi peuvent avoir envie de lever le pied, de s'occuper de leurs enfants, de lâcher leur boulot chiant pour se consacrer à leur famille. Il est plus que temps d'en finir avec cette représentation genrée des femmes comme des mères de famille, forcément maternantes, forcément soucieuses de s'occuper de leur famille. Comme si c'était leur rôle naturel. Non seulement cette représentation est dangereuse en ce qu'elle légitime les inégalités entre les sexes, mais en plus elle est fausse.
Oui, il faut que l'on questionne la place du travail dans notre vie, mais il ne faut pas uniquement le faire sous un angle genré. Les hommes aussi doivent pouvoir s'arrêter de bosser s'ils en ont envie, les femmes aussi doivent pouvoir ramener les bifetons à la maison si tel est leur souhait. Ça devrait être une question de choix individuel et non une question féministe, en fait. Une question qui concerne autant les hommes que les femmes.
Parce que si la liberté d'une femme ne passe pas par le fait d'être à la botte d'un (ou d'une !) patron/patronne, la liberté d'un homme non plus. Reste que sans argent, la vie est quand même compliquée, et qu'il faut bien bosser pour gagner sa croute. Au-delà de ça, se posent aussi les problèmes évidents de dépendance économique (que je considère personnellement comme un véritable danger), mais c'est encore un autre sujet
Le choix de bosser ou pas, on l'aura vraiment quand les femmes auront des salaires égaux et des situations moins précaires (temps partiel, etc) : parce que pour l'instant, je vois mal comment on pourrait parler de "choix" libre et éclairé quand on voit que les femmes qui s'arrêtent de bosser ont quasiment toutes des salaires nettement inférieurs à ceux de leur compagnon, ou qu'elles ont un poste moins important / plus précaire / avec beaucoup moins de possibilités derrière. Un choix précédé d'une contrainte économique (par exemple) n'est pas un véritable choix, même si la personne qui le fait à l'impression qu'elle est libre de décider. C'est tout un système qu'il faut changer.
(J'espère que mon message n'est pas trop brouillon, j'ai l'impression d'avoir un peu sauté du coq à l'âne !)