van-kasteel;4277660 a dit :
Je voulais revenir sur quelque chose qui me gène dans l'argumentaire de certains végétaliens.
Ils montrent le bienfait du végétalisme avec l'argument de l'Inde/cuisine indienne.
Sauf que ça ne tient pas bien et qu'en plus, on peut trouver l'exact inverse : les inuits qui ont traditionnellement un régime très fortement marquée par la consommation de viand
Espérance de vie plutôt élevée, globalement moins de cancers. On a même cru à une époque qu'ils en étaient épargnés ! C'est surtout l'européanisation et la pollution qui les ont fragilisés.
Pourtant un tel régime ne serait pas souhaitable pour des européens et auraient sûrement des conséquences négatives.
En résumé, il n'est pas forcément souhaitable de parler de l'alimentation/mode de consommation d'une ethnie pour parler de l'aspect sain à long terme de celle-ci.
Surtout concernant l'Inde où les personnes sont relativement peu suivies et étudiées.
Si je suis ton raisonnement, l'un des arguments des végé qui consiste à informer les gens que le régime végétarien est possible sans carences et avec une grande variété de plats, notamment en piochant dans la gastronomie Indienne (ou Asiat' hein ne soyons pas restrictif) ne serait pas valable car grosso modo tout régime alimentaire non européen serait néfaste pour l'européen.
Je trouve que tu prends comme exemple pour étayer ton argumentation un cas de régime alimentaire très particulier qui existe au regard des conditions de vie assez extrême des Inuits.
Or, les plats Indiens sans viande, ceux sans poisson et enfin ceux sans œuf, ne contiennent pas des aliments très différents dans l'ensemble, de ce que l'Europe consomme.
Les légumes de la cuisine Indienne sont en très grande majorité des légumes qu'on a dans notre cuisine Française. Les légumineuses et farines sont aussi en grande partie les mêmes.
Les seules légumineuses qu'on ne consomme pas en Europe sont le soja (mung dâl) et la lentille corail (masur dâl). La grande différence gustative en Inde ce sont les mélanges d'épices or il est reconnu que les épices utilisées dans cette cuisine sont bonnes pour la santé et en aucun cas nocives. On encourage d'ailleurs à consommer le curcuma (largement utilisé en Inde, Maurice, La Réunion, Les Antilles...) pour ses nombreuses propriétés dont sa capacité d'anti-inflammatoire naturel.
On peut facilement limiter sa conso de viande en cuisinant des plats variés de diverses cuisines y compris UE. Il n'y a pas que l'Inde qui a des plats sans barbaque.
Liste indicative d'aliments qu'on retrouve en cuisine Indienne
On pourrait penser que selon toi la nourriture
devrait être fondamentalement différente en fonction des ethnies.
Donc, selon toi, l'
homo sapiens qui peuple l'Europe actuellement ne pourrait pas sans dommage se nourrir comme son cousin vivant en Inde (ou ailleurs, super loin de la vieille Europe et de sa bidoche à tous les repas). Notre différence serait telle au niveau biologique, donc génétique, que les régimes végétariens d'autres contrées ne nous conviendraient pas.
La réalité multifactorielle est plus complexe que le simple regard géographique pour pouvoir affirmer (ou pas) les liens de tolérance/intolérance d'une population humaine à un aliment.
Oui, les populations dites européennes et celles de l'Inde et d'Asie ne sont pas à 100% génétiquement identiques.
La génétique, discipline qui étudie la transmission de l'information héréditaire et son utilisation dans le développement et le fonctionnement des organismes, couplée avec la génétique des populations et l'ethnobiologie tente d'expliquer toujours plus en détails l'origine des différences entre groupes humains au regard de migrations/mutations génétiques/adaptation et maladaptation à la consommation d'un aliment.
La littérature scientifique "lisible" pour des non spécialistes (comme moi) se concentre à ce sujet sur la répartition de la lactase (qui permet de digérer le lait) dans la population humaine.
Après quelques lectures on apprend que oui, il y a bien des personnes qui ne peuvent plus après 5-7 ans consommer de lait sans troubles digestifs (55% en moyenne dans les études). Si on pousse le vice à chercher un peu plus en profondeur dans la littérature scientifique on découvre que l'histoire de la mutation permettant une persistance de cette lactase à l'âge adulte est fascinante car le schéma vulgarisé par les médias
[population qui digère le lait = population pastorale ou agro-pastorale qui boit du lait]
ne suffit pas à expliquer les résultats trouvés.
Il y a une non-concordance entre le mode de vie et la fréquence de cette mutation car certaines populations, pastorales avec une alimentation basée sur les produits laitiers ne présentent pas une fréquence élevée de lactase à l'âge adulte.
De même la mutation du gène AGTX est intéressante.
Une des mutations existantes pour ce gène, qui sans provoquer de pathologie, délocalise une partie (05%) de la production de glycine dans les mitochondries comme chez les carnivores, devrait en théorie se retrouver en plus grand nombre dans le génome des populations fortes consommatrices de viande, mais ne s'y retrouve pas toujours (la mutation Pro11Leu sur le gène AGXT). Une étude de 2010, sur les populations d'Asie, en a conclu que la distribution de la variation observée pour ce gène, serait plus causée par l'histoire démographique que par l'adaptation locale a un régime alimentaire.
clic1 pour les madz scientifiques, j'espère avoir résumé correctement sans erreur de nullos, sinon corrigez-moi
clic 2
On sait de plus que ce que nous mangeons a une grande importance puisque certains éléments de notre alimentation ne sont pas détruits par la digestion et le matériel génétique de ces aliments va pouvoir interférer, influencer, l'expression même de nos gènes.
(conf. travaux sur miARN, lu dans sciences et vie mars 2012, n°1134, source de l'article :
abstract de l'article sur Cell Research).
En conclusion même la génétique n'explique pas encore tout en 2013
Mais affirmer encore aujourd'hui, que ce que l'on mange n'a pas de réelle incidence sur notre organisme c'est un peu comme revendiquer là tout de suite que la Terre serait plate.
Se nourrir plus ou moins correctement c'est un choix, que l'on fait ou pas. Mais chacun ses priorités dans la vie
Faites-vous plaisir, mais en étant informées
Aparté [mylife] :rotate: