Bonjour, et merci pour cet article.
J'ai été des harcelées au collège, en début de 6ème plus exactement, une fille tentait (et ce depuis le CM2 - mon arrivée dans cette école) de m'éloigner du groupe que je voulais intégrer. Sauf que face à une situation où j'étais désemparée, je pleurais. Alors elles me gardaient, parce que si je pleurais les adultes allaient voir, et si ils/elles voyaient, ils sauraient. En 6ème, j'étais seule avec cette fille dans ma classe à venir de la même école.
J'espérais que ça nous rapprocherait, qu'on oublierait tout ça. Avec le recul, si j'avais su que je pouvais demander à aller avec les autres de mon ancienne classe dans l'autre classe de 6ème, je l'aurais fait.
Et elle a réussi à m'éloigner de toute la classe.
"sans-ami" voilà ce qu'on disait en riant sur mon passage.
Alors je quittais tous les cours pour aller à l'infirmerie, parce qu'être enfermée avec tout ces gens hostiles me filait la nausée, le tournis. Au bout d'un moment, les profs renonçaient à demander au délégué de m'accompagner, peut-être pensaient-ils que je simulais, mais je n'en suis pas sûre, à chaque fois, l'infirmière constatait ma pâleur.
Je vomissais mon petit-dej tous les matins, sans jamais comprendre que c'était les autres élèves, et pas l'établissement et son organisation les responsables. J'ai fait ça pendant un trimestre entier.
Puis, pour ma survie, je commençais à aller voir les autres personnes seules, dont M, une fille petite, un peu ronde, avec des lunettes très épaisses, qui était la cible de sa classe. Ensemble, on ne craignait plus rien. Alors on passait nos récrés ensemble, nos midis aussi, sauf quand sa classe passait dernière de l'appel au réfectoire et la mienne première. Là, en général je ne mangeais presque rien, et j'avais des vertiges l'après-midi.
On avait fini par être un groupe de 4 filles.
L'une d'elle voulait me garder pour elle, et avait réussi à me faire virer M (finalement, elle a changé de collège, et M m'a pardonné, elle savait comment j'étais sans le groupe, juste avec elle).
Une autre des 4, celle qui était la cible n°1 de ma classe, avait des joues très rouges tout le temps et était blonde. Tout le collège, y comprit les 6è l'année suivante, ont prit l'habitude de faire comme les autres et de l'appeler "Vanille-Fraise". Avec le recul, c'est bien pour elle qu'elle soit partie en fin de 5ème.
"C'est pour rigoler" ne prenait jamais avec moi, ils étaient juste méchants, et n'assumaient pas.
J'ai aidé une copine à fuir sa mère qui la battait, malheureusement, étant partie en foyer, elle a quitté le collège, et je ne sais pas ce qu'elle est devenue.
Par la suite, j'ai toujours été très discrète, en milieu de 5ème la semaine au ski m'avait débridée un peu, j'avais parlé à mon crush du collège, et il avait l'air de m'apprécier à son tour. Puis les autres lui ont dépeint leur version de moi, et son jeu de la fin de 5ème c'était "je t'aime ; nan jdéconne". Jamais su si c'était la pression du groupe qui l'empêchait, et ça me trotte toujours en tête dans un coin. Je me suis renfermée de plus belle au retour du ski, attendant que lui soit comme durant cette semaine-là. Echec.
Puis en 4ème j'ai découvert que je n'étais qu'un bout de viande aux yeux des gars #joie
Être victime de harcèlement ne m'a pas conduit à harceler, au contraire, je me groupais avec les autres. On n'était pas populaires, mais on s'en foutait.
Au lycée, en 2nde, la fille que j'avais aidé finissait par trop me coller, et j'ai rompu trop brutalement notre amitié, mais elle m'a avoué préférer ma franchise.
Les années suivantes, je trainais avec deux potes gars, geeks comme moi, en classe, et avec des filles des niveaux inférieurs aux récrés et repas.
Comme j'avais passé maternelle et primaire dans une école classe unique jusqu'au CM1, c'était ce schéma qui m'allait le mieux, et je n'ai plus été victime. Des gens disaient qu'on était paumées, ou que j'étais paumée de trainer avec "des petites" mais elles étaient 1000x plus intéressantes qu'eux.
Finalement, tout ça a développé mon empathie et l'entraide, et ça me va