Pour rappel aux personnes qui prennent le train de ces 55 pages de commentaires en marche, une petite synthèse (si j'ai oublié des choses, dites le moi j'édite).
Ce qui n'est PAS dit et qui n'est pas défendu par les personnes qui trouve qu'il y a à redire dans la façon dont on traite Idriss Sihamedi :
- il n'est PAS dit que le fait de traiter les femmes différemment des hommes n'as pas un fondement sexiste, comme le fait de tenir la porte uniquement aux femmes, comme le fait de présumer que c'est aux hommes de payer l'addition quand ils mangent avec des femmes (autant de comportements qui ne déclenchent pas particulièrement de polémique ... sauf quand cela vient de musulmans bien sûr)
- il n'est PAS dit que la religion est une excuse pour tout et n'importe quoi, pour justifier une hiérarchisation entre les individus, et qu'on devrait s'abstenir de lutter contre les comportements sexistes parce qu'ils sont le fait de croyants,
- il n'est PAS dit que Idriss Sihamedi est un féministe, qu'il n'a pas des propos sexistes, que c'est un mec trop choupi et trop swag.
Ce qui est reproché à cette polémique :
- la fabrication artificielle de l'association "musulman normal" et "ne serre pas la main des femmes", qui est le fait des questions d'Ali Badou, et du contexte d'islamophobie dans lequel on ne peut pas honnêtement demander à Sihamedi de se mettre une cible sur le dos en clamant au monde que c'est un musulman plutôt rigoriste, et où on l'on trie les musulmans en bons ou mauvais selon si ils mangent du cochon, boivent du pinard, montrent leur pénis dans les vestiaires, portent le voile, ne portent pas le bikini à la plage, etc.
- le point de vue très orienté du reportage sur BarakaCity, qui a pour but de semer le doute et nourrir les amalgames et stéréotypes sur les musulmans, à la fois sur les perquisitions rendues possibles par l'Etat d'Urgence (tu te souviens, le truc qui te permet d'aller défoncer la porte de l'arabe du coin sans qu'on puisse trouver à y redire), sur le fait que l'on ne voit pas de femmes dans l'association (je suis dans un club de sport, la proportion de femmes est de moins de 10%, rien à voir avec la religion), sur le fait qu'il ait un financement très important (vraiment, dans une société capitaliste, sur un site qui pratique le crowdfunding, est-ce qu'on est sérieux quand on lui reproche de lever des fonds pour creuser des puits ? ou c'est juste parce qu'il est arabe ?).
- la violence et le champ lexical utilisé pour parler de M. Sihamedi, qui sont à des lieues des traitements médiatiques de personnalités tout autant ou plus problématique comme Philippe de Villiers, Christine Boutin, Marion-Maréchal Le Pen, Orelsan, ou d'autres.
- le refus de considérer l'islamophobie ambiante comme un élément important dans le traitement de cette information et de ce buzz, et de considérer que cet article et ce buzz participent à un rejet général anti-musulman (en plus de participer à la fameuse curée, effet de meute, qui a plusieurs fois été décriée lorsqu'il s'agissait de s'attaquer à des blancs).
(edit) - la pirouette qui consiste à prêcher le pas-d'amalgame et condamner le harcèlement dont sont victimes les musulmans sur le fait de condamner Daesh, tout en validant totalement ce harcèlement quand le musulman en question ne s'execute pas docilement. Quand bien même Idriss Sihamedi a 2 excellentes raisons de ne pas condamner Daesh : 1. contrairement à la majorité des gens qui lui reprochent cette non-condamnation, il lutte activement contre la radicalisation et donc le risque de futurs attentats en France et explique pourquoi une condamnation de Daesh limiterait l'efficacité de leur travail contre cette radicalisation, et 2. contrairement à la majorité des des gens qui lui reprochent cette condamnation, BarakaCity intervient en Syrie, condamner ouvertement Daesh exposerait ses bénévoles à une menace de représailles.
- la volonté absolue de voir dans le choix de M. Sihamedi une misogynie affirmée (ce qui confirme bien les stéréotypes sur les arabes violents, misogynes, homophobes, qui sont maintenant bien plus qu'un bruit de fond dans notre société), en lui refusant tout bénéfice du doute sur ses intention, bénéfice du doute que l'on accorde pourtant très rapidement ce site et sur ce forum à tout dérapage raciste, sexiste, transphobe, qu'ils viennent de l'équipe ou des membres du forum.
Donc du coup, bah, à quand un article sur Navo, ce "français normal", qui considère qu'un personnage "d'homme blanc hétéro, c'est la norme" (cf le podcast "Les autres", l'épisode sur le féminisme). Il est infâme ou pas lui ? Il est fréquentable ou pas ? (indice pour répondre : il est pas musulman).
(et avant qu'on ne m'oppose que Navo ne fait que de la fiction : 1. la médiatisation de "Bref", sa participation à la culture populaire, a forcément un impact tout à fait réel sur la société, 2. le fait qu'il offre un rôle principal à un homme blanc a un impact tout à fait réel sur les possibilités de carrières pour les actrices françaises.)
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