Un sujet qui me tient très à cœur depuis que j'ai ma puce et qu'à la regarder grandir j'ai décidé que l'éducation positive et non violente était ce vers quoi je voulais me tourner. Dans tout ce que j'ai lu, il y a des choses qui me dérange : un enfant qui teste ses parents ? Vraiment ? Il teste les limites ? Donc pour les lui montrer, paf une bonne fessée, il l'a mérité, ça lui fait comprendre. Comme une Madz l'a écrit, il faut sortir des poncifs, enfant-roi ou enfant bien élevé (dressé en fait...). La question est surtout de savoir quel adulte on veut que devienne l'enfant : autonome, sûr de lui, responsable et dans ce cas, le dialogue est privilégié, on lui explique les conséquences de ses actes pour qu'il apprenne à assumer. Après si on veut un adulte qui bêle avec les autres moutons, le dressage à la fessée ça va très bien, souvent je vois ça chez des amis, j'en ai été choquée (cheveux tirés, humiliations verbales, bras attrapés, fessées bien sûr...) et le résultat est qu'on veut (mais n'a pas) un enfant obéissant. C'est quoi ? Un enfant qui fait ce qu'on lui ordonne tout de suite, qui baisse la tête en disant "oui papa/maman" ? Qui ne se pose jamais de question et prend l'obéissance comme réflexe devant tous les adultes (le respect des ainés... pardon ça me fait rire, c'est un truc qui m'a été inculqué, il m'a fallu un moment pour m'en débarrasser. Parce que sans rire, les ainés il y en a qui ne méritent pas de respect, avouons-le !) ? Donc le dressage contre l'éducation, pour moi c'est le véritable enjeu. Est-ce qu'on peut élever un enfant sans violence ? J'espère bien ! Sinon l'adolescence va être un enfer sur terre ! Ma fille nous a fait quelques "crises" à se rouler par terre, ça a été assez tardif par rapport à la plupart des enfants et c'était tellement rare, que son père et moi en sommes restés sidérés. Du coup on a pu dédramatiser la situation et avoir le retour au calme plus facilement avec des "bah, qu'est-ce qui t'arrive ??". Je pense que notre surprise et notre incompréhension exprimées l'ont aidée aussi à se calmer en l'obligeant à réfléchir à ce qui se passait. Et oui, le dialogue et l'échange, la reconnaissance de ses sentiments (tu es triste ? tu es en colère ? etc.), cela aide au lieu de nier ce que ressent l'enfant comme si sa limitation à s'exprimer était une limitation dans sa globalité !
J'ai déjà donné des fessées, quand elle a commencé à faire des colères ou des choses qui lui étaient interdites. J'ai vite vu la limite de l'exercice. J'ai commencé avec la tape sur la main pour les tous petits (deux ans environ) : zéro effet, pas de douleur (oui évidemment, une tape hein !), pas vraiment de surprise et aucun regret, retour au comportement (trifouiller dans l'étagère de livres interdits) immédiat... J'ai commencé à me poser des questions. Le moment décisif a été le jour où j'ai pété un cable, fin d'une activité qu'elle adorait, je me faisais un plaisir de la récupérer pour l'emmener acheter un magazine - autre chose qu'elle adore ! Et impossible de la garder assez longtemps pour a rhabiller, j'ai passé 30mn à lui courir après en hurlant et en laissant la colère monter comme la vapeur dans une cocotte minute. La gifle est partie toute seule. Pour le coup, effet immédiat : elle a été sidérée, moi aussi... Les deux heures qui ont suivi ont été parmi les pires de ma vie, il m'a fallu une semaine pour m'en remettre. Elle n'avait pas 4 ans, une petite fille toute excitée et heureuse qui courait partout (ces moments où on a l'impression d'avoir accouché d'une balle rebondissante...), bref une petite fille pleine de vie et qui cherchait à partager son excitation, dommage ça marche pas bien avec les adultes. J'ai ressassé ça pendant plusieurs jours, lu Isabelle Filliozat que je recommande à la terre entière, j'aime particulièrement ses vidéos, très apaisantes et déculpabilisantes (mais si je m'en veux toujours de ce geste). Et surtout j'ai mis des mots sur des émotions. Les fessées et les gifles ne sont pas le résultat du comportement intempestif de l'enfant mais du degré d'énervement des parents. J'ai été déçue ce jour-là car j'avais anticipé le plaisir de lui offrir un magazine et plus elle faisait la folle, plus je voyais ce moment dont je me faisais une joie depuis presque une heure s'échapper... Rhaaaaaaa, après elle m'a réclamé des câlins (sa stratégie pour faire la paix et avoir l'assurance d'être encore aimée), j'ai refusé, soyons logique, comme les partisans de la fessée le diraient eux-mêmes, on ne récompense pas un comportement inconvenant... Du coup je l'ai punie (et moi avec) sur le chemin du retour. Violence émotionnelle énorme, elle était dans un état de détresse que j'ai encore du mal à assumer et moi aussi du coup (mon bébé quoi !). Bref, j'ai failli pleurer autant qu'elle au bout du compte, mais j'ai discuté avec elle. Elle ne m'en parle plus depuis longtemps (elle a 6 ans), je suis surement la seule à vraiment m'en souvenir. Il n'y a plus de geste de ce genre toléré à la maison même si le papa a plus de mal. Il menace régulièrement de lui donner une douche froide (bon j'ai prévenu que c'est lui qui s'occupera de lui enlever les vêtements après parce que le jour où elle ne voulait pas aller au bain et qu'il l'y a mise toute habillée, j'ai dû enlever le jean trempé... Je ne recommande pas, ça colle au corps et c'est tout sauf pratique !).
Sinon une chose que je pratique : les hurlements. Là, en gros je n'y peux pas grand chose, ça sort tout seul ! Mais quand je lui fais peur et que je la vois figée et sidérée, je vois bien qu'elle est incapable de réfléchir ou même de réagir. Donc le calme est un idéal à viser. Après, l'idéal est ce qu'il est : un idéal. On peut tendre vers lui mais s'y tenir est presque mission impossible. Donc allons vers une maternité décomplexée et puis les donneurs de leçon à l'ancienne (dans mon cas, c'est la génération d'avant) sur les soi disant enfants roi, pour ma part, je bois du petit lait quand on va au restau tous ensemble et que les gens autour nous complimente sur le calme de notre fille... Mouhahahaahaaaaa ! Après comme ça a aussi été écrit, l'avant - après arrivée de l'enfant fait une grosse différence, j'étais sure que j'élèverai ma fille comme je l'ai été, donc sans a priori négatif de la fessée (oui j'ai été bien dressée...) et puis aussi sans sucette. Résultat : j'ai tenu 48h sans sucette (le premier qui veut me jeter la pierre, essaie de faire sucette géante dans une maternité pendant une nuit complète, on discute ensuite) ! La fessée, j'ai pratiqué et même la gifle (malgré moi), et je suis sure et certaine que ça n'offre aucun intérêt éducatif.
Pardon pour le pavé énorme, c'est un sujet vraiment viscéral - il suffit de voir le nombre de réactions ! - et qui parle à tout le monde soit parce que cela atteint la façon dont nous avons été éduqué et nous sommes aussi défenseurs de nos parents dans ce cas, soit parce que cela nous atteint en tant que parent et il y a déjà tellement d'injonctions envers les parents... On va arrêter là !
Ajout :
J'ai parlé au début "des choses qui me dérangeaient" et en fait, c'est aussi l'actualité : la Russie vient de dépénaliser les violences familiales = enfants et femmes battus n'ont plus de recours, le coupable ne risque plus la prison mais juste une tape sur les doigts (haahahahaa). Tout cela au nom de la sauvegarde de la famille (lutte contre le divorce, séparation des familles... Bref, ça ressemble à de la com d'un groupe masculiniste). Dès qu'on touche au cercle familial, le tollé est énorme, personne ne veut l'accepter et c'est pour cela que les violences conjugales ont mis si longtemps à être 1. reconnus 2. punies par la loi. Les chefs de famille ne voulaient pas qu'on touche à leur autorité ! La fessée fonctionne sur le même principe, la loi doit s'arrêter à la porte de la maison, chez moi c'est moi la loi ! Curieusement, le retour des pays qui ont légiféré sur ce sujet depuis longtemps et sont bien contents du résultat, on s'en bat les steacks... J'arrête là sinon on aura un pavé bis, j'ai pas commencé à écrire sur ce sujet pour aider les Madz à lutter contre l'insomnie