Je pense qu'à chaque fois qu'on s'énerve et qu'on en vient aux formules, c'est qu'on a perdu, quelque part. Ca m'est arrivé sur d'autres sujets, de stopper la discussion en moi même parce que visiblement mon avis dérangeait : j'étais peut-être en tort, mais on ne convainc pas avec des formules, on y adhère ou on y adhère pas.
Mais du coup, quand un truc m'énerve de ouf (genre présentement, qu'on préjuge de l'intelligence de quelqu'un, et aussi la rhétorique de "ce n'est que mon avis calmez vous"), si je me sens pas d'expliquer des trucs qui me paraissent aussi basique, j'essaye de ne pas répondre. Mais ces avis ont quand même le droit d'être là, parce qu'ils existent.
A ce titre je trouve ça assez agaçant de voir régulièrement des messages qui disent que c'est pas normal de lire tel ou tel truc sur un forum féministe, et là je rejoins en partie l'avis de
@Cépamoi : si on s'était toutes mis d'accord sur l'idée que c'est pas bien d'empêcher quelqu'un d'entrer quelque part et qu'il n'y a rien à dire sur sa tenue, y aurait-il eu matière à débat ? Si tout est acquis il n'y a plus rien à dire et vous n'auriez pas eu l'occasion de développer votre argumentaire.
Alors oui c'est chiant de se répéter mais bon c'est le but, on est toujours obligés de réactualiser nos pensées et nos arguments, on est toujours confrontés à des gens qui n'en sont pas aux mêmes points, qui ont un parcours et une sensibilité différente.
Par exemple, moi ma formation féministe elle est politique avant tout. Ca n'a pas de sens de lutter contre l'oppression féminine si on ne l'interroge pas par tous les angles : culturel, biologique, psychologique, économique. Or très souvent je trouve que ça va pas assez loin.
Genre là, pour moi la question de savoir si sa tenue est correcte ou pas, on s'en fout. On pourrait tous se balader à poil que je m'en foutrais. C'est pas important de savoir si on peut voir ses tétons ou pas (franchement ?). Par contre moi ce qui m'intéresse, dans mon engagement absolu contre le différencialisme, c'est de comprendre pourquoi les normes vestimentaires sont si marquées entre les hommes et les femmes.
Je crois que ce qui est important dans le féminisme et dans une démarche d'égalité en général, c'est pas seulement de donner des armes contre les hommes, c'est aussi savoir se protéger de "la femme en nous" (ouais c'est moche ça veut rien dire
) qui est impregnée des mêmes principes, des mêmes automatismes, et qui rempli parfaitement son rôle genré. Si peu que parler déconstruction ait un sens, je pense qu'elle n'est pas complète tant qu'on n'a pas rompu avec ces normes, qu'on ne les a pas toutes décortiquées une à une et rejetées (mais là, c'est mon point de vue, je sais qu'on m'a déjà dit qu'il s'agissait entre autre de réappropriation. Je ne suis pas d'accord avec ce concept et il me déplait, mais je n'irai jamais dire que c'est du mauvais féminisme que d'y trouver un intérêt ^^)
Et donc, même si dans les dernieres pages c'est à un total autre niveau, dans ce débat j'avais bel et bien l'impression de me positionné contre un sexisme intégré qui était défendu. Comme quoi...
Et donc bref même si je comprend la douleur et l'agacement de devoir infiniment se répéter, et dans le calme, je crois que c'est une nécessité quel que soit le sujet de mettre à jour son avis encore et encore, ne serait-ce que pour se rendre compte qu'il a parfois changé, et qu'on est jamais fini, qu'on continue d'évoluer, et que là où le sexisme semble toujours avoir le même visage, le féminisme lui est mouvant et suffisamment souple, à mon avis, pour avoir la force d'absorber tout ça.
Et peut être que j'aurai changé d'avis dans 30 ans quand je serais sec et épuisé comme un pruneau
Après, y'a pas des genre de dossier-réponse à envoyer pour s'épargner face à des débats récurrents ?