Je me permets de te citer parce que je trouve ton message super intéressant
Mais je tiens ce raisonnement-là puisque pour moi les bases scolaires restent à acquérir quelque soit l'enfant : savoir lire, écrire, faire des additions, des divisions, apprendre les bases de la grammaire, de la conjugaison ... Et autant je conçois qu'on puisse apprendre ce genre de choses à ses enfants, autant je ne sais pas si les parents sont les mieux placés pour enseigner. Au delà de l'aspect "connaissances pures", il y a une forme de pédagogie à maîtriser aussi.
Je vais peut-être aller à contre-courant (enfin pas sûre au final !), mais pour les connaissances que tu cites, aussi primordiales qu'elles soient, ce sont encore les plus simples à faire acquérir à un enfant car elles sont très basiques, surtout par rapport à ce qui l'attend plus tard (genre les fractions, les notions de maths de fin collège / début lycée, les langues étrangères etc.). Après, effectivement, ce sont des connaissances à maîtriser pour pouvoir les enseigner, mais ça reste plus abordable que des notions avancées. Par exemple, ma mère m'a appris à lire (avec des supports adaptés : un livre de lecture), à compter, mais ne m'a pas aidé à étudier les polynômes une fois arrivée au lycée ni même enseigné l'espagnol arrivée au collège, elle m'a lâché bien avant dans ces matières et d'autres encore
.
C'est un métier que de l'apprendre à plusieurs dizaines d'enfants en même temps ; mes parents eux-mêmes, sans formation, n'en auraient pas été capables je pense. Mais c'est différent lorsque tu es face à un seul enfant. Il n'y a qu'à regarder certaines personnes (étudiants ou particuliers) qui donnent des cours particuliers (que ce soit dans des disciplines scolaires ou en musique par exemple). Toutes n'ont pas la formation pour enseigner, et pourtant, certaines sont vraiment très bonnes pour transmettre et faire preuve de pédagogie !
Dans mon cas, il s'avère que l'un de mes parents est plutôt pédagogue s'il prend son temps pour expliquer, et l'autre pas, tellement cela lui paraît évident. La capacité de transmettre dépend vraiment des gens et impose une vraie remise en question - encore plus quand on voit que ça ne fonctionne pas toujours et qu'il faut donc expliquer différemment.
(j'ai l'impression d'avoir digressé par rapport à ce que je voulais dire initialement, désolée
)
Par ailleurs, je ne veux clairement pas diaboliser les personnes qui ont été déscolarisées, mais je pense que lorsque ces personnes-là souhaitent reprendre les études, le retour dans le système classique risque d'être compliqué : au delà de l'aspect administratif évoqué plus haut (diplômes, livrets scolaires ...), la rigueur demandée peut être un vrai défi. Quand on est habitués à vivre sans contraintes liées à un système global (je pense aux codes sociétaux dans leurs ensemble : horaires et look par exemple), devoir se conformer à une série de normes arbitraires peut être un vrai défi. Et, en l'occurrence, le système scolaire pré-bac prépare à ces contraintes-là, alors qu'une scolarité à la maison ou pas de scolarité du tout y préparent moins.
Pour la rigueur, ça va franchement dépendre du profil des personnes déscolarisées. Une personne déscolarisée, c'est comme une personne autiste : quand tu en rencontres ou que tu en vois une, tu ne connais pas les personnes autistes ou l'autisme, tu connais
une personne autiste, donc ici,
un parcours
(c'est la comparaison qui me vient à l'esprit parce que ça me touche personnellement, il ne faut pas y voir une caricature ou une volonté de pathologiser quoi que ce soit). Il n'y en a pas une qui a le même parcours ou qui va ressembler à une autre
.
Etre désco/non-sco, ça peut recouvrir des quotidiens extrêmement différents, comme être :
- adepte de cours par correspondance -
unschoolé (aucun cours, même par les parents) - homeschoolé (pas de cours par correspondance mais des supports scolaires) - faire l' "école à la maison", littéralement - avoir des apprentissages "libres" - avoir des parents qui "enseignent" comme des simili-profs - avoir des parents qui guident les apprentissages seulement - se démerder entièrement seul(e) (selon l'âge de l'enfant) - avoir une progression traditionnelle (par classe), ou bien par matière, ou bien discontinue - passer des examens - ne pas passer d'examen - être suivi par des profs (cours par correspondance) ou pas du tout etc.
C'est un éventail super large qui va du plus classique au plus... original ou rare disons.
Donc dire qu'une personne déscolarisée expérimente moins de contraintes, mmmh... ça va franchement dépendre de son cas. Hyper rares sont les familles où les enfants n'expérimentent pas la contrainte de quoi que ce soit je pense.
Par exemple, j'ai été désco pendant 10 ans (de la lecture jusqu'au bac), j'ai utilisé une approche plutôt scolaire... et mes contraintes étaient aussi réelles que celles d'un enfant à l'école. Au début, j'avais des horaires à respecter, des taches (scolaires ou non). Au bout d'un moment, passé un certain âge, je n'avais personne pour me "pousser" à travailler (car c'est une contrainte qu'on a à l'école ça aussi, de devoir travailler). Donc je me suis imposée des contraintes même si c'était pas rigolo : travailler régulièrement (c'est une contrainte) avec des horaires (c'en est une aussi), toutes les matières (idem), devoir se corriger et réétudier ce qu'on ne comprend pas... Encore plus à l'approche d'examens. Et cela risque d'être de même pour des personnes qui veulent passer des examens - à moins d'être douées et de ne pas avoir besoin de travailler
.
Ça s'appelle effectivement de la rigueur, et ce sont aussi des contraintes qu'on a également à l'école, je pense... Certaines personnes les intègrent, d'autres pas, école ou pas école, et puis voilà. Ce n'est pas parce qu'on en aurait "moins" qu'on serait de facto moins "capables" de les intégrer par la suite.
Je connais plein de personnes qui ont été scolarisées, et qui ne supportent pourtant pas la contrainte ou n'en supporteront jamais certaines
. D'autres gens (sco ou non sco) sauront en prendre leur partie et considérer les "contraintes" qu'on leur impose comme une espèce de mal nécessaire (à bon escient, je ne pars pas dans les extrêmes
). et puis... voilà, c'est tout. Etre désco, c'est pas non plus être un "enfant-roi" tyrannique et libéré de toute obligation
.
Tu dis «
Quand on est habitués à vivre sans contraintes liées à un système global (je pense aux codes sociétaux dans leurs ensemble : horaires et look par exemple), devoir se conformer à une série de normes arbitraires peut être un vrai défi. » Mais qui vit réellement aujourd'hui libéré de toute contrainte ou en dehors du système ?
Quant au look, je ne vois pas bien quelle contrainte pour toi il représente (de plus pour une personne désco que pour une personne scolarisée j'entends). Chez les sco, il y a plein de jeunes avec des looks parfois très "alternatifs", alors pourquoi pas chez les désco
...
Je suis désolée si mon message fait très brouillon, j'ai dû le rédiger en vitesse, j'espère que ça reste compréhensible quand même
.