C'est vrai que cela fait du bien de lire ce genre d'articles, surtout quand on n'ose pas trop en parler et qu'on ne l'assume pas forcément. Pourtant je suis d'accord avec le fait qu'il ne devrait pas y avoir de honte à être toujours vierge après 20 ans, mais notre société hypersexualisée peut mettre une telle pression... Je sais que si en soi ma virginité ne me dérangeait pas particulièrement, c'était surtout le fait d'entendre tout le monde parler de sexe qui me faisait me sentir un peu "anormale"...
Au collège et au lycée (et même après d'ailleurs), j'ai presque toujours vécu la même situation : tomber folle amoureuse, ou, sans aller jusque là, m'intéresser à une personne qui n'a que faire de moi. Je n'ai jamais beaucoup plu, et les rares fois où c'est arrivé c'est moi qui n'étais pas intéressée. Du coup à part quelques baisers je n'ai rien vécu sur ce plan durant toutes ces années. Après ça je me suis davantage intéressée aux filles, et avec deux d'entre elles je suis allée un peu plus loin que ce que j'avais pu faire avec des garçons, mais si j'avais des sentiments pour elles je me rends compte maintenant que sexuellement elles ne m'attiraient pas vraiment.
Cependant, le réel problème, celui qui fait que je me suis retrouvée vierge à 23 ans, c'est surtout qu'après le lycée je me suis complétement mise à l'écart de la société, jusqu'à passer mon temps enfermée chez moi, à ne sortir que pour aller en cours (de temps en temps) et à être absolument terrorisée à l'idée d'adresser la parole à quiconque en dehors de ma famille. Je n'avais plus d'amis, pas de connaissances, et je me sentais terriblement seule. Ne parlons même pas de mon estime de moi qui, n'étant déjà pas très haute, a fini par toucher le fond, et même aujourd'hui, alors que j'ai progressé sur tous les points, cela reste mon plus gros problème. Le fait d'être vierge n'était donc pas mon souci prioritaire, puisqu'avant ça j'aurais au moins aimé avoir des amis, bref, sortir de ma solitude et de mon enfermement quoi...
Puis cette année est arrivée. J'ai débarqué dans une nouvelle ville, dans une nouvelle école, et par je ne sais quel miracle je suis devenue comme une autre personne. Au bout d'une semaine je discutais avec tout le monde, j'étais enfin sociable et je me suis fait trois véritables amies pour la vie
. Malheureusement je suis aussi tombée amoureuse, et la situation que j'avais déjà vécu tant de fois s'est répétée. J'ai passé l'année à me morfondre (notamment au lieu de bosser pour mon concours) pour un garçon qui ne partageait pas mes sentiments. A côté de ça, fréquentant du monde pour la première fois depuis des années, j'ai pu me rendre compte que j'étais très en décalage avec les autres sur tout ce qui concernait le sexe, et j'ai commencé à complexer un peu d'être visiblement la seule à être toujours vierge. Mes amies, en ayant assez de me voir déprimer pour ce garçon, ont décidé de m'inscrire sur Tinder et Adopteunmec pour essayer de me faire passer à autre chose. Je n'ai pas du tout été emballée par ces apps, à tel point que je laissais mes amies répondre à ma place. Rien à faire, personne n'arrivait à m'intéresser.
C'est là que je suis tombée sur l'article de Madmoizelle qui m'a fait découvrir Okcupid. Sous ces bons conseils je m'y suis inscrite et j'ai commencé à discuter avec pas mal de mecs bien plus intéressants que ceux que j'avais pu voir sur les deux autres apps, mais le problème avec moi est toujours le même : aussi intéressantes que les conversations soient je finis toujours par me lasser pour telle ou telle raison. Et puis finalement, avec l'un d'eux la conversation a fini par durer. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, il n'était pas spécialement plus intéressant que les autres, mais même après plusieurs jours j'avais toujours envie de lui répondre. Je lui ai donné mon numéro et on a discuté par sms, de plus en plus, pendant plus de 2 mois, jusqu'à quasiment passer nos journées à nous écrire. On a décidé de se rencontrer, même si je n'étais pas sûre du tout qu'il me plairait (pas forcément mon genre physiquement, même si je dis toujours que je n'en ai pas, et plein d'autres choses qui me gênaient un peu chez lui), et que j'avais également peur qu'il ne soit pas aussi enthousiaste en me voyant IRL (parce qu'il semblait vraiment l'être).
Le grand jour est arrivé il y a deux semaines, il était comme je m'attendais qu'il soit. Pas forcément un coup de coeur, mais je m'étais attachée à lui par messages donc il me plaisait relativement bien. Au début les blancs se sont multipliés (aussi timide l'un que l'autre), mais après quelques verres on a commencé à discuter et on est rentrés chez lui. Assez rapidement il m'a embrassée puis m'a emmenée dans sa chambre... Je ne lui avais rien dit concernant ma virginité mais il s'en est rendu compte, ou du moins il a eu de gros doutes, mais j'ai été trop honteuse (et bête) pour les confirmer. J'ai eu un peu mal mais le plaisir a vite pris le dessus, et j'en garde un bon souvenir. Je me suis surtout dit qu'il n'y avait pas de quoi en faire toute une montagne. J'ai eu peur au début qu'on ne cherche pas la même chose (une relation sérieuse), mais quelques minutes après que je sois partie il m'a envoyé "Je t'aime" et deux jours après c'était lui qui venait chez moi.
Pour une fois la situation est inversée, car même si je m'attache progressivement à lui, pour moi ce n'est pas un coup de coeur comme cela semble l'être pour lui, et au risque de paraître un peu égoïste ça me fait du bien. Je n'ai plus envie de m'attacher à des personnes qui ne partageront jamais mes sentiments. J'ai envie de prendre mon temps et j'espère pouvoir lui dire que je l'aime aussi un jour. Si l'on m'avait dit il y a quelques mois que j'en serais là aujourd'hui je n'y aurais jamais cru, comme quoi il ne faut jamais désespérer, bien que j'aie encore du chemin à faire, même les blocages les plus profonds peuvent disparaître
J'ai peut-être un peu débordé du sujet mais ça m'a fait du bien de dire un peu ce que j'avais sur le coeur