Merci pour ce témoignage !
Je lis qu'il y a autant de réponses ici que de profils ou de types d'intelligence, donc voici mon témoignage, un parmi d'autres
Déjà, c'est Madmoizelle qui a été à l'origine de mes démarches !
J'ai 31 ans et j'ai découvert que j'étais HP (haut potentiel, on dit en Suisse comme en Belgique, apparemment) il y a deux ans et demi environ. Mais mon profil cognitif étant quelque peu "déséquilibré", ce n'a pas été évident à établir et personne dans mon enfance ne s'est posé la question.
En effet, j'excellais littéralement dans tout ce qui avait trait aux langues et étais un véritable boulet en sciences. D'ailleurs, ma mère me disait toujours "tu es comme moi ma fille, très bonne en français et nulle en maths". Je me suis toujours vue comme ça du coup, alors qu'avec le recul, je m'aperçois que j'ai décroché des maths car on m'y a tôt demandé d'apprendre quelque chose par coeur, sans comprendre.
Bémol : je hais l'appris par coeur. Je vais bientôt commencer une thèse de doctorat à l'uni alors que je n'ai jamais rien appris par coeur de ma vie. J'ai toujours fait en sorte de comprendre.
Les relations avec mes camarades de primaire puis de cycle d'orientation étaient un cauchemar, je n'avais ma place nulle part. Seule personne de mes classes à avoir des parents divorcés, ou presque, je vivais un quotidien assez différent des autres. On a mis sur cette situation ma difficulté à m'intégrer.
Heureusement, à la fin du CO, j'ai trouvé quelques amies. Toutes brillantes, à tel point que je me sentais l'idiote du groupe et me demandais ce qu'elles faisaient avec moi.
A partir de mes 12 ans, je vivais chez mon père qui, toujours en se justifiant de ne jamais me pousser, mais frustré de ne pas avoir fait d'études, m'a poussée toujours plus loin, un pallier après l'autre.
Tout s'est assez bien passé jusqu'au collège et l'obtention de ma maturité fédérale (un peu comme le bac français), mais c'est en entrant à l'uni que ça s'est fortement dégradé.
J'avais déjà perdu un an de CO car mes parents n'avaient pas compris que je pouvais commencer en section latine, j'ai donc du redoubler une année pour avoir une chance d'aller au collège, et donc de faire un matu (j'ai commencé en section générale).
J'ai ensuite reperdu une année au collège, car, attirée toujours par des gens plus âgés, mon premier copain avait 10 ans de plus que moi et cette relation de deux ans ne m'a de loin pas apporté que du bon et je ne travaillais pas mes cours, écumant les bars valaisans avec lui le weekend alors que j'avais entre 15 et 17 ans.
A 17 ans, j'en ai eu assez, je l'ai quitté et repris ma vie en main.
Bref, en arrivant à l'uni, mon sentiment d'imposture était maximal. Surtout que mes quelques rares amies savaient que l'uni était leur voie toute tracée, car elles étaient filles d'ingénieur, de diplomates ou de médecins et leurs parents avaient toujours pensé qu'elles iraient là.
Moi pas, je suis fille d'ouvrier et ma progression a éét réévaluée marche après marche. Comme si on avait jamais pensé que je pourrai y arriver. Et ce que je faisais n'était jamais assez bien pour mon père, qui prenait plaisir à me rabaisser dès qu'il pensait me voir aborder une attitude "infantile".
Bref, l'uni, au début, ça a été la merdouille. J'ai mis 6 ans à obtenir mon Bachelor (au lieu de trois) parce que je sautais des cours et ne savais pas trop quoi faire de moi. J'ai rencontré ma meilleure amie au début de l'uni, une fille incroyablement smart et gentille, que je pensais - une fois de plus - ne pas mériter.
6 mois avant la fin de mon Bachelor, j'ai lu un article sur MadMoizelle. Sur une mad' qui parlait de sa douance - je l'ai remerciée par MP depuis !- et je me suis reconnue dans certains de ses traits de caractère.
Elle donnait le lien du site Zebra Crossing.
J'ai cliqué.
J'ai parcouru les "symptomes caractériels" du HP.
J'ai fini en pleurs devant mon écran.
Ça avait clairement touché quelque chose.
Je me suis inscrite sur leur site et j'ai posté timidement sur leur forum. L'accueil a été très chaleureux et je me suis un peu sentie en territoire connu.
L'ayant vu sur le site, je me suis procurée "trop intelligent pour être heureux". Je m'inscrivais quelques mois plus tard pour passer le test chez une psy spécialisée sur la douance, à Martigny.
Le score n'était juste pas un 130, mais le tableu clinique y était totalement. J'avais un fort déséquilibre entre les 4 types d'intelligence testés.
J'ai donc contesté le résultat - encore le sentiment d'imposture ! avant que la psy ne me fasse remarquer que les items les plus bas - bien que dans la moyenne supérieure - étaient ceux qui avaient le plus souffert d'inhibition intellectuelle compte tenu de mon parcours personnel.
Bref, je ne suis pas la HP type qui pourra envoyer une fusée sur la lune et je crois que les gens en attendent trop du profil-type du surdoué, celui que les médias mettent en avant comme le petit prodige. Chaque histoire est différente et la mienne en est une preuve parmi d'autres.
Merci d'avoir lu mon pavé