sofea;4827689 a dit :
Souffrir n'est pas le lot des surdoué, tout le monde souffre, aucun surdoué ne le niera (j'espère du moins). Mais le problème des surdoués est l'incapacité à penser à autre chose, parce que tant que toutes les capacités ne sont pas occupées, il en restera toujours un peu pour penser à ladite souffrance et la faire tourner en boucle ad nauseam.
C'est un problème que connaissent aussi pas mal de personnes non surdouées qui ont un trouble mental (dépression, anxiété, etc.).
Je suis biaisée par mon expérience, mais je doute qu'on puisse facilement cesser de penser à ses souffrances.
(Notez : je ne dis pas cela pour nier l'intensité des souffrances des personnes surdouées ni leur existence, j'émets simplement l'hypothèse que la souffrance est une chose difficile à éliminer de ses pensées, mais ses causes et la manière de la ressentir varient en fonction des individus).
@donoma : Je te trouve à la fois extrêmement impolie envers les personnes surdouées (ou qui y songent) de ce forum et envers toute personne en souffrance.
Oui, lorsqu'on pense à sa souffrance, on est tourné vers soi-même, mais ça n'empêche aucunement d'écouter les autres et de se montrer altruiste ou empathique.
Ce sujet évoque un thème précis et un type de souffrance précis, il est évident que les Madz qui s'y reconnaissent vont parler de leur propre ressenti, même s'il y aura parfois des petites erreurs de jugement (comme la notion de personnes normales qui semblent toutes identiques, encore que je doute que ce soit à prendre littéralement dans la mesure où les HQI sont aussi présenté-e-s à travers des portraits types que ce soit dans l'imaginaire commun ou dans la littérature).
Par ailleurs, j'ai l'impression que tu reproches implicitement aux personnes malheureuses de l'être ou d'évoquer l'une des raisons de leur mal-être. C'est déplaisant. Parler de "norme de la maladie mentale" (je sais, c'est un résumé grossier) m'horripile. La différence, la maladie mentale sont toujours mal vus. A l'origine, je voulais d'ailleurs critiquer une partie de l'article en demandant pourquoi avoir écrit "je n'étais pas bipolaire ni dépressive, mais surdouée" dans la mesure où il n'est pas impossible d'être les deux. Évidemment, je me rends compte que ce n'est pas forcément le cas de l'autrice, mais j'ai l'impression que notre conception de la psychologie fait que, parfois, on supprime un aspect de la psychée d'une personne (dépression chronique, trouble déficitaire de l'attention, bipolarité, etc.) lorsqu'on souhaite poser un autre diagnostique. Il y a des comorbidités pourtant, et plus que des comorbidités : les angoisses, la dépression, l'association de plusieurs troubles ne sont parfois que les témoins d'une neurologie unique. Je voulais apporter ce petit message pour les personnes qui se sentiraient moins légitimes ou n'auraient pas accès aux aides / diagnostiques nécessaires à cause d'un autre diagnostique. :-)
Mais au fond, si le rejet des pathologies mentales est clair, notre société a une vision très hypocrite de la douance qui mêle admiration / envie et rejet, surtout si la personne diagnostiquée se révèle en souffrance ou pas aussi productive que la société le souhaiterait.
J'ajouterai que s'il y a peu de personnes épanouies, il faudrait chercher les causes sociétales qui se cachent derrière plutôt que de venir taper sur des personnes qui témoignent. Certaines pistes ont déjà été évoquées ici (école, mais aussi travail, valeurs patriarcales, individualisme, etc.).
Pour ma part, je ne suis pas (à ma connaissance, mais j'en doute très honnêtement) surdouée. Je vais rejoindre certaines personnes sur un point : il y a une tendance à résumer les problèmes d'une personne à "tu serais pas surdoué-e par hasard ?" dans certains milieux (je parle des personnes "sensibilisées" à la question du harcèlement et des émotions des personnes surdouées vu que d'autres ont bien plus l'image du/de la scientifique bien intégré-e, il faut dire que chaque personne a un profil unique).
J'y ai le droit systématiquement quand je parle de mes souffrances passées et présentes, de mes angoisses, de mon estime très basse ("en reconstruction"), de ma manière de penser et ce... malgré des difficultés intellectuelles (spatiales principalement) souvent évoquées (je chercherai plutôt le diagnostique de handicap cognitif, mais j'ai peur d'avoir un retard mental ou rien du tout à part de la flemme).
Ce que je trouve dommage, ce n'est pas tant qu'on propose ce diagnostique même si on n'est pas spécialiste, une piste est une piste pour quelqu'un en souffrance, c'est que le discours tourne souvent à "tu es plus intelligent-e que les autres, réjouis-toi" comme si ça allait aider la personne qui fait part de ses souffrances. Je trouve que c'est encore se servir de l'idée que la douance est nécessairement supérieure (oui, il y a des capacités en plus, comme quelqu'un de très doué en sport ou en musique en aurait, mais pour moi, tous les profils sont à encourager sans toujours se placer dans une optique de production) et enviable (alors que le monde n'est adapté qu'à un mode de fonctionnement), donc que mettre ce mot sur une souffrance devrait suffire à supprimer toute souffrance. C'est horriblement simpliste et ça montre qu'il y a de la communication à faire autour de la douance, comme il y en a à faire autour du retard mental (non, le cliché de l'imbécile heureux n'est pas viable), du handicap (visuel, auditif, moteur cognitif, etc.), de la maladie mentale et du reste.
A mon avis, si la société était moins excluante, on aurait déjà quelques améliorations, même si ça ne fera pas tout.
@Lumiciole : Impatiente de lire ton témoignage !