mayaserana;4477573 a dit :
zola;4477538 a dit :
(Je n'ai pas lu les autres commentaires mais je voudrais réagir par rapport à un passage précis de l'article)
Comment leur expliquer que ce qui me fait souffrir, c’est justement qu’il n’ait pas eu la chance de vivre ? Comment leur expliquer que faire une croix sur une vie rêvée, imaginée, pour un enfant, ce n’est pas moins difficile que de faire une croix sur un véritable enfant qui a vécu ? Car la vie de cet enfant, je l’avais imaginée, je l’avais projetée, et en cela, pour moi, elle était aussi réelle que la vie d’un enfant qui est né, qui a respiré, qui a parlé. Voilà pourquoi je pleure encore : je porte le deuil d’une vie rêvée.
Je trouve ça super hard comme phrase, comme réaction. Non une fausse couche n'est en aucun cas comparable à la perte d'un enfant. Et je trouve que c'est un manque de respect énorme envers les personnes qui ont perdu un enfant.
J'aurais voulu être plus compatissante dans mon commentaire, mais cette phrase m'a un peu fait bondir.
Il faut que tu réalises que ce que tu as perdu c'est un rêve. Cet enfant n'existait pas. Pas encore. Il n'existait que dans ton esprit. Je ne veux pas dédramatiser ce que tu as vécu. On sent bien, par ton témoignage, que cette épreuve a été incroyablement difficile pour toi. Et je le comprends. J'ai ressenti un peu la même chose lors de mon IVG. La veille de mes 16ans (joyeux anniversaire =/). Et pendant longtemps, je me suis demandée quelle vie ce petit bout que j'avais tué aurait pu avoir. Et puis, j'ai compris. J'ai réalisé.
Et cette pensée : "cette petite chose que tu avais en toi était ton enfant" c'est à cause de ça que dans certains pays l'avortement n'est pas autorisé. Et c'est pour ça que je veux autant insister sur le fait que non, ce n'était pas un enfant.
Cet enfant n'a vécu que dans ta tête et ton cœur. Tu l'as projeté un peu trop vite, et aimé un peu trop fort. Mais ce que tu as perdu, ce n'était pas lui. Cet enfant que tu as attendu, voulu et aimé tu peux encore l'avoir.
Je comprends que ça puisse te choquer. Mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti. Et c'est aussi une façon de faire comprendre le type de souffrance que cela engendre. Je suis profondément persuadée qu'on ne peut pas hiérarchiser la souffrance, ni la douleur ressentie suite à un deuil, quel qu'il soit. Dire "ça n'a rien de comparable à la perte d'un enfant" c'est, pour moi, dire "c'est moins grave". Mais "plus grave" ou "moins grave", ça dépend de la façon dont les gens le vivent. Hiérarchiser, ça reviendrait à dire "c'est plus grave de perdre son père/sa mère que son cousin" mais tout dépend des relations qu'on avait avec les personnes. Je ne sais pas si je m'exprime bien, en fait...
Je comprends ce que tu veux dire parce que la perte d'un enfant est au-delà du deuil, et de la douleur, c'est un deuil puissance mille avec option éternité. En ce sens, je comprends que tu puisses être choquée, parce que ma propre douleur est une douleur de deuil "normale".
Concernant l'avortement, je suis totalement pour, et je ne pense pas que la pensée "cette petite chose que tu avais en toi était ton enfant" change cela, parce que là encore, mon point de vue, c'est que ça dépend de la façon dont on ressent les choses. Si pour toi, c'est un enfant, tu peux mal vivre l'IVG. Si pour toi, c'est "un amas de cellules", tu vas bien vivre l'IVG. Et en la matière, c'est la pensée de la mère qui importe, parce que c'est sa vie qui sera chamboulée par son choix. Jamais je ne remettrai en cause le droit à l'IVG ni ne culpabiliserai une femme d'avoir fait ce choix.
Je savais que le risque de FC était important avant 3 mois, et très peu de personnes étaient au courant de ma grossesse (ce qui explique que peu de personnes étaient capables de me soutenir après, pendant la fausse couche, même si j'en ai mis certaines au courant après). Et si, c'est lui que j'ai perdu. Parce que je l'ai très précisément imaginé : c'était un petit garçon blond aux yeux bleus. Aujourd'hui, quand j'essaie de me projeter dans une nouvelle grossesse, je ne vois plus ce petit garçon aux yeux bleus. Alors si, cet enfant-là est mort.
Je suis d'accord, on ne peut pas hiérarchiser la douleur. Mais on ne peut pas non plus la comparer. Tu ne peux pas dire que ce que tu as vécu est semblable à la perte d'un enfant. Et c'est bien ce que tu dis. C'est ça qui me gêne. Tu n'as pas perdu d'enfant. C'est comme ça que tu le ressens, soit. Tu imagines que la douleur est la même, peut être. Mais tu ne peux en aucun cas certifier que c'est la même chose.
C'était peut être juste mal formulé, mais c'est ce que tu as dit. Et c'est pour ça que ça m'a choquée. Tu ne peux pas la comparer à quelque chose que tu n'as pas vécu.
Pour ce qui est de l'avortement, je comprends tout à fait ton ressenti. Je voulais simplement essayer de clarifier ma pensée : si l'avortement est autorisée, c'est bien parce qu'avant un certain stade, cette petite chose qu'on a en nous n'est pas un enfant. Pas scientifiquement parlant. Après je comprends qu'il en soit un pour toi. Mais c'est uniquement parce que tu l'as imaginé et projeté. Et moi, c'est en comprenant ça que j'ai pu tourner la page après mon IVG.
Alors si j'insiste là dessus c'est entre autres parce qu'il me semble important de le préciser - l'IVG étant interdite dans certains pays à cause de cette pensée là (donc même si ce n'est que la tienne et que je le comprends, ça me semble important de le dire) et aussi parce que ce que tu ressens, je l'ai ressenti à moindre échelle (- 1000) après mon IVG.
Et que je voulais partager mon point de vue avec toi. Mais je l'ai peut être fait de manière maladroite finalement et je suis désolée.
Je vais faire une comparaison qui, au premier abord va paraitre complètement con... Mais j'espère que tu comprendras pourquoi j'en parle. Dans Desperate Housewives, Gaby tombe enceinte et fait une fausse couche. Sans rentrer dans les détails du pourquoi du comment, quelques jours plus tard, un gars l'emmène dans un parc, lui donne un ballon et lui dit qu'il représente l'enfant qu'elle a perdu. Il lui dit de lâcher le ballon, de le laisser partir.
Cette série a beaucoup de défauts, mais j'avais trouvé ce moment assez touchant et vrai. Quand on fait une fausse couche, on ne peut pas enterrer ce petit être qu'on a perdu. Parce qu'il n'existe pas vraiment. Et c'est difficile d'en faire son deuil. C'est pour ça que je pense qu'un suivi psychologique pourrait vraiment t'aider. Pour que, d'une manière ou d'une autre, tu arrives à laisser toute cette histoire derrière toi. Moi j'ai pu le faire en prenant conscience de ce dont je t'ai parlé plus haut (entre autres), toi tu as certainement besoin d'en faire le deuil. Ou peut être qu'il existe encore d'autres solutions. Mais je pense que tu as besoin d'en parler d'avantage que dans ce témoignage.
Je m'excuse si j'ai été maladroite dans mes propos. Et je te souhaite vraiment de réussir à tourner la page.