J'ai fait une fausse couche — Témoignage

[Pepitozcrokett]

j'ai fait une fausse couche, à 12 semaines.

c'est vrai que c'est froid et absurde ces chiffres. la grossess c'est une suite de chiffres. Combien de semaines, de kilos, combien de centimètres le bébé? Tu dis à qqun j'ai fait une fausse couche à 12 semaines (ou 8 comme toi) il se dit bah c'est rien que le début d'une grossesse. Un accroc, une erreur de parcours.

A 12 semaines un embryon est formé, il a ses petits doigts ses petits orteil, presque tout en miniature, sauf qu'il fait une dizaine de cm, et une maman qui rêve de lui depuis 3 mois jour et nuit...

A l'echo des 8 semaines j'avais entendu son petit coeur battre, et puis à celle du mois d'apres, plus rien, grossess arretée, comme toi. Je me suis effondrée chez l'echographe. Tu sens un trou noir s'ouvrir sous tes pieds, et un sentiment de chagrin et de honte intense. Bref les joyeuseté du deuil tu les connais aussi.

par contre j'ai eu de la chance par rapport à toi (je suis effarée à la lecture de ton compte rendu) j'ai appelé la gyneco qui m'a eu tout de suite un RV le lendemain pour un curetage.

Il faut savoir pour les non initiés qu'une grossess arrêté n'est pas une urgence ùmédicale. Les hostos peuvent mettre jusqu'à 15j à t'avoir un Rv pour le curetage. C'est pas eux qui vievent avec un bébé mort dans le ventre pdt 15 jours je suppute.

Bref donc j'ai eu de la chance et une gyneco couillue qui a remué ciel et terre pour moi.

Elle aaussi  jugé que l'évacuation par abortif  serait inhumaine. perdre le tout en petits bouts, comme toi, aux toilettes ou dans le bain... Je ne comprends pas qu'on t'ai laissé vivre ça chez toi...

Bien sûr j'ai vécu le passage à l'hosto (pour les copines qui lisent, pour le curetage tu vas en service maternité et tu es effectivement mélangée aux joyeuses futures mamans...) j'ai aussi eu droit à mon réveil à une infirmière qui est entrée en fanfare dans la chambre pour me demander si je voulais "remplir le formulaire pour mon enfant"... heu non... c'est une grossesse arrêtée... (connasse). je me souviens aussi d'être restée le stylo en l'air chez l'anesthesiste avant l'opération. "je coche enceinte ou pas? - ben vous etes enceinte? oui, d'un bébé mort - mettez enceinte alors..." comme il me dirait coca dans ton whisky chérie?


oui je dois encaisser le manque de delicatesse de mon entourage pour qui c'est de l'histoire ancienne après qq mois de tact, les copines qui me parlent de leurs symptomes de grossesse, de la gerbe tout ça... je connais, tu te souviens, j'ai été enceinte 12 semaines... mais je dis rien, pour ne pas passer pour l'aigrie de service.

face à certains trucs on est vraiment seul ça je l'ai bien compris.


Bien sur la douleur s'estompe comme toutes les douleurs mais le bruit de ce petit coeur battant me hantera jusqu'à la fin. C'est ça le pire, qu'il ait vécu avant de mourir. Je ne sais pas si je suis claire? Parfois je pense à lui, ça aurait été été une fille, un garçon? Pour l'instant je ne suis pas retombée enceinte je te souhaite d'y parvenir plus vite que moi

plein de bisous

 

[lululurluberlu]

Je tiens tout d'abord à t'envoyer plein de bisous et de courage pour la suite. C'est un témoignage très touchant.
Comme beaucoup de monde, je suis toujours hallucinée de certaines réactions du corps médical, qui est censé t'épauler. Mais d'un autre côté, ça ne m'étonne pas. Je m'explique. Il y a quelques années j'ai avorté (par médicament). Je sais que c'est différent de toi, car moi c'était voulu, mais, le jour où je l'ai fait, l'infirmière a interdit à 2 amies à moi de rester avec moi dans la chambre où je devais rester pour la journée, pour voir si tout se déroulait correctement. J'ai donc dû rester seule de 8h le matin à 17h le soir. Dans une chambre pourrie ! Alors même si moi c'était "intentionnel" (je sais pas comment le dire), ça restait quand même dur pour moi d'affronter ça seule. J'étais totalement perdue. Ca a été douloureux, et même si 10 ans se sont écoulés, ça me laisse beaucoup de mauvais souvenirs.

 

[Maryana]

Je trouve ça bien de parler un peu de ce genres de choses de temps en temps sur Madmoizelle, surtout que comme on l'a constaté ici, la fausse couche est un sujet encore beaucoup trop tabou.

Bon courage à la madmoizelle pour surmonter tout ça 

 

[Mayaserana]

j'ai fait une fausse couche, à 12 semaines.

c'est vrai que c'est froid et absurde ces chiffres. la grossess c'est une suite de chiffres. Combien de semaines, de kilos, combien de centimètres le bébé? Tu dis à qqun j'ai fait une fausse couche à 12 semaines (ou 8 comme toi) il se dit bah c'est rien que le début d'une grossesse. Un accroc, une erreur de parcours.

A 12 semaines un embryon est formé, il a ses petits doigts ses petits orteil, presque tout en miniature, sauf qu'il fait une dizaine de cm, et une maman qui rêve de lui depuis 3 mois jour et nuit...

A l'echo des 8 semaines j'avais entendu son petit coeur battre, et puis à celle du mois d'apres, plus rien, grossess arretée, comme toi. Je me suis effondrée chez l'echographe. Tu sens un trou noir s'ouvrir sous tes pieds, et un sentiment de chagrin et de honte intense. Bref les joyeuseté du deuil tu les connais aussi.

par contre j'ai eu de la chance par rapport à toi (je suis effarée à la lecture de ton compte rendu) j'ai appelé la gyneco qui m'a eu tout de suite un RV le lendemain pour un curetage.

Il faut savoir pour les non initiés qu'une grossess arrêté n'est pas une urgence ùmédicale. Les hostos peuvent mettre jusqu'à 15j à t'avoir un Rv pour le curetage. C'est pas eux qui vievent avec un bébé mort dans le ventre pdt 15 jours je suppute.

Bref donc j'ai eu de la chance et une gyneco couillue qui a remué ciel et terre pour moi.

Elle aaussi  jugé que l'évacuation par abortif  serait inhumaine. perdre le tout en petits bouts, comme toi, aux toilettes ou dans le bain... Je ne comprends pas qu'on t'ai laissé vivre ça chez toi...

Bien sûr j'ai vécu le passage à l'hosto (pour les copines qui lisent, pour le curetage tu vas en service maternité et tu es effectivement mélangée aux joyeuses futures mamans...) j'ai aussi eu droit à mon réveil à une infirmière qui est entrée en fanfare dans la chambre pour me demander si je voulais "remplir le formulaire pour mon enfant"... heu non... c'est une grossesse arrêtée... (connasse). je me souviens aussi d'être restée le stylo en l'air chez l'anesthesiste avant l'opération. "je coche enceinte ou pas? - ben vous etes enceinte? oui, d'un bébé mort - mettez enceinte alors..." comme il me dirait coca dans ton whisky chérie?


oui je dois encaisser le manque de delicatesse de mon entourage pour qui c'est de l'histoire ancienne après qq mois de tact, les copines qui me parlent de leurs symptomes de grossesse, de la gerbe tout ça... je connais, tu te souviens, j'ai été enceinte 12 semaines... mais je dis rien, pour ne pas passer pour l'aigrie de service.

face à certains trucs on est vraiment seul ça je l'ai bien compris.


Bien sur la douleur s'estompe comme toutes les douleurs mais le bruit de ce petit coeur battant me hantera jusqu'à la fin. C'est ça le pire, qu'il ait vécu avant de mourir. Je ne sais pas si je suis claire? Parfois je pense à lui, ça aurait été été une fille, un garçon? Pour l'instant je ne suis pas retombée enceinte je te souhaite d'y parvenir plus vite que moi

plein de bisous

Voilà qui confirme bien le fait que c'est totalement minimisé, et que le corps médical fait vraiment preuve d'un détachement blessant... Courage à toi, plein de bisous et de pensées.

 

[Lilystressi]

C'est très touchant en effet comme témoignage. Après ça ne me parle pas du tout, car le fait que je puisse être enceinte est une véritable phobie chez moi, mais je me met à la place de toutes ces mamans qui doivent vivre le pire. Après je vais aussi comparer avec mon expérience, qui selon moi est surement encore pire psychologiquement pour la maman : une de mes cousines, enceinte, a découvert a 6 mois que son bébé avait un gêne qui déclenche la mucoviscidose. Au delà d'un certain pourcentage de chance, désormais il ne demande même pas l'avis de la maman, et tue le bébé directement. Comme elle était a 6 mois de grossesse, elle va devoir accoucher quand même de son enfant, qu'elle pense avoir tuée parce qu'elle a quand même donné son aval, même si elle n'a pas le choix.

 

[PKPdotcom]

Merci de témoigner, j'espère que ça t'aura fait du bien. Je te souhaite plein de courage et t'envoie pleins de bonnes ondes.

 

[Mayaserana]

Je tiens tout d'abord à t'envoyer plein de bisous et de courage pour la suite. C'est un témoignage très touchant.
Comme beaucoup de monde, je suis toujours hallucinée de certaines réactions du corps médical, qui est censé t'épauler. Mais d'un autre côté, ça ne m'étonne pas. Je m'explique. Il y a quelques années j'ai avorté (par médicament). Je sais que c'est différent de toi, car moi c'était voulu, mais, le jour où je l'ai fait, l'infirmière a interdit à 2 amies à moi de rester avec moi dans la chambre où je devais rester pour la journée, pour voir si tout se déroulait correctement. J'ai donc dû rester seule de 8h le matin à 17h le soir. Dans une chambre pourrie ! Alors même si moi c'était "intentionnel" (je sais pas comment le dire), ça restait quand même dur pour moi d'affronter ça seule. J'étais totalement perdue. Ca a été douloureux, et même si 10 ans se sont écoulés, ça me laisse beaucoup de mauvais souvenirs.

Le comportement du corps médical en cas d'avortement est vraiment honteux dans la plupart des cas. La plupart des témoignages que j'ai lus sur le sujet font état de gens qui traitent les femmes comme des criminelles. Alors que ça va bientôt faire 30 ans que c'est légal, je trouve ça horrible. De quel droit on t'interdit d'avoir du soutien amical alors que tu es hospitalisée ??

 

[Glouns]

Je n'ai pas de mot pour t'exprimer à quel point ton témoignage m'a touchée.
J'espère qu'il aidera beaucoup de monde à se rendre compte de ce qu'est une fausse couche et qu'il permettra à l'entourage des femmes qui font des fausses couches de les entourer avec toute la bienveillance et tout l'amour dont elles ont besoin.

Je te souhaite énormément de courage et je suis de tout cœur avec toi.  

 

[Mayaserana]

C'est très touchant en effet comme témoignage. Après ça ne me parle pas du tout, car le fait que je puisse être enceinte est une véritable phobie chez moi, mais je me met à la place de toutes ces mamans qui doivent vivre le pire. Après je vais aussi comparer avec mon expérience, qui selon moi est surement encore pire psychologiquement pour la maman : une de mes cousines, enceinte, a découvert a 6 mois que son bébé avait un gêne qui déclenche la mucoviscidose. Au delà d'un certain pourcentage de chance, désormais il ne demande même pas l'avis de la maman, et tue le bébé directement. Comme elle était a 6 mois de grossesse, elle va devoir accoucher quand même de son enfant, qu'elle pense avoir tuée parce qu'elle a quand même donné son aval, même si elle n'a pas le choix.

Oui, tous les cas d'IMG sont horribles aussi... Je pense bien à elle, même si je ne la connais pas. Je ne souhaite à personne de passer par là

 

[priscipessina]

Moi aussi je viens apporter mon petit temoignage.
J'habite en Angleterre (je ne sais pas si ca change quelque chose au suivi etc... ) et il y a un an j'ai moi aussi fait une fausse couche. Bizarrement, ici à part le test de grossesse, y'a pas de prise de sang pour confirmer, c'est RDV chez le docteur et inscription direct à un hopital ou on ne sera vu que plusieurs semaines apres.
Quand j'ai pris un rendez vous chez mon medecin pour savoir comment ca se passait, il m'a dit tout de suite "felicitations mais bon, il faut savoir qu'une grossesse  sur 5 finit en fausse couche", ce qui perturbe quand meme beaucoup quand c'est la premiere personne a qui tu dis ca et que tu attends ca depuis plusieurs mois .
J ai eu par la suite quelques saignements, et aux urgences à chaque fois on me repetait. la meme chose, que pour l instant ca allait mais que bon, avant 3 mois, mieux vaut pas s'emballer trop, j'ai eu une echo qui m'a dit que j etais a 5semaines et ou tout se passait bien, puis quelques semaines plus tard lors d'un retour en France, grosses douleurs,plus de saignements, direction les urgences ou la on me fait une echo et on me dit que la taille ne correspond pas au nombre de semaines et que y'a de grandes chances que ca se soit arrete. La encore l'interne me reexplique que c'est assez courant, ca veut pas dire que j'ai fait une connerie ou autre,c'est un genre de "selection naturelle" et que le foetus ne devait pas etre bien formé.
La aussi on m'explique les 3 choix, (en me disant que y avait une chance tres minime que ca continue car c etait encore trop top pour percevoir les battements de coeurs correctement mais vu la taille, fallait pas trop esperer) et j ai choisi d'attendre quelques jours pour voir si "ca se faisait naturellement". J'ai eu de la "chance" apres 2 jours de grosses douleurs, c'etait fini et je n'ai pas eu besoin de faire de curetage par la suite (encore une "chance").
j'avoue que j'ai beaucoup pleurer pendant ces quelques jours, mais apres cela, j'allais beaucoup mieux.


Je pense que la facon dont la chose a ete abordee dès le debut m'a beaucoup aider à relativiser. Ensuite en en parlant à des amies, et dans la famille, je me suis vite rendue compte que c'est effectivement une chose très courante mais que personne n'en parle car forcement on est triste.

Ce qu'il faut surtout se dire, c'est qu'effectivement cela peut arriver à tout le monde et cela n'a aucune influence sur les prochains "essais". Pour ma part, je suis retomber enceinte pratiquement juste apres le "delai" dont les medecins parlent ou notre systeme doit "recuperer"

Bon courage en tout cas!

 

[Mayaserana]

Je n'ai pas de mot pour t'exprimer à quel point ton témoignage m'a touchée.
J'espère qu'il aidera beaucoup de monde à se rendre compte de ce qu'est une fausse couche et qu'il permettra à l'entourage des femmes qui font des fausses couches de les entourer avec toute la bienveillance et tout l'amour dont elles ont besoin.

Je te souhaite énormément de courage et je suis de tout cœur avec toi.  

A l'occasion de la publication de cet article, j'ai discuté avec ma sœur qui s'en veut de ne pas avoir été assez présente : elle ne savait ni quoi me dire, ni quoi faire.

Je lui ai répondu que, dans mon cas, j'aurai simplement aimé pourvoir en parler. Quand on ne sait pas quoi dire à quelqu'un qui souffre, je pense que l'écouter est déjà un grand pas que peu de personnes arrivent à faire. Le "Tu veux en parler ?" est tout simplement libérateur, et a pour moi été trop rare.

Alors si je devais donner un conseil aux gens qui entourent quelqu'un qui souffre (ça vaut pour la fausse couche, mais pour un deuil ou une souffrance quelle qu'elle soit), je leur dirais d'écouter, de se rendre disponible pour écouter la personne. Pas besoin d'essayer de trouver des choses positives à lui dire, en tout cas pas tout de suite, pas tant que la souffrance est trop présente, parce que les phrases positives sont alors blessantes, car elles font appel à la raison, et pas aux sentiments. Or, quand on souffre on n'est pas capable d'écouter sa raison, et les sentiments rejettent tous les discours rationnels. L'aider à faire sortir ses émotions, à reconnaître et accueillir sa légitime tristesse, je pense que c'est ça qui aide vraiment.

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[Solstice]

Cet article m'a beaucoup émue, je te souhaite énormément de courage et je t'envoie tout mon soutien.  Ton article m'a touché, mais également ton dernier commentaire, on a la même façon d'utiliser la parole comme exutoire, je me sentais vraiment dans tes mots.

Pour le corps médical, je pense que ça doit être une fatalité d'être ainsi. Pas tous évidemment, mais beaucoup de médecins que j'ai du côtoyer (les allers-retours à l'hosto sont monnaie courante avec moi) étaient assez froids et distants. Ça me mettait toujours en colère et ça me rendait incroyablement malheureuse, je me disais que c'était leur travail de s'occuper des gens et de s'investir. Mais mon père m'a dit que, sans que cela excuse quoi que ce soit, ils font face à l'horreur et l'injustice de la vie au quotidien, constamment. Je me demande si cette barrière n'est pas un moyen, pour certains, de pas être complètement bouffés par ce qu'ils font. Ça, c'est la rationalité qui parle, mais les sentiments de colère et de solitude, eux, sont bien présents.

Je pense qu'aucune douleur ne doit être minimisée ou comparée à une autre. Personnellement, j'ai une vraie peur d'être enceinte et je déteste les enfants en général (en gros, si un jour je devais être enceinte, la question ne se poserait même pas, ce serait ivg) et j'essaie toujours de rester très terre-à-terre par rapport à ça, en me disant que jusqu'à la naissance, ce n'est pas encore une personne. Et pourtant, c'est vraiment là que ton témoignage m'a touché, tes mots étaient merveilleusement (même si tristement) bien choisis et les émotions tellement bien transmises... J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer devant mon écran, alors que je pensais que tous les sujets concernant les enfants ne pourraient jamais m'atteindre aux sentiments.

Je t'envoie pleins de câlins virtuels et j'espère que tu arriveras à traverser cette passe et faire pleins de beaux enfants.