Mon dieu en lisant ce témoigne, j'ai reconnu certains aspects de mon expérience il y a 2 ans :
C'était un stage de 6 mois dans une petite boite, j'avais une tutrice officielle mais c'était un autre chef de projet qui s'occupait de moi, il était adorable avec moi et j'ai appris beaucoup de choses à ces côtés. J'étais motivée, mon travail valorisé et je m'entendais bien avec le fondateur.
Le 1er incident fut avec le directeur adjoint, qui me convoqua pour lui présenter en personne une recommandation rédigée par mes soins avec les conseils de mon tuteur d'adoption. Il m'a clairement bousculé en me disant "Pourquoi tu as mis des majuscules ici ?" et de répondre naïvement "Le chef de projet m'a donné des consignes précises à suivre" pour entendre en réponse "Donc si je te dis de te jeter par la fenêtre, tu vas le faire aussi? Bah vas-y". Je me suis sentie stupide, choquée et je n'ai pas su répondre. Ma tutrice m'a convoqué, m'a faire sentir stupide au point de me réfugier aux toilettes et craquer. J'ai été taxé de "gamine sensible, qu'ici c'était pas les bisounours". Quelque temps plus tard, en pleine réunion, ma tutrice craquait à son tour et pleurait à chaudes larmes. J'étais proche de la secrétaire, la seule à me parler et a qui je me confiais, elle aussi d'ailleurs n'était pas heureuse. Je commençais à me douter que quelque chose n'allait pas.
Après à peine 3 mois de stage, le chef de projet a posé sa démission, je l'avais vu un jour perdre son sang froid, tapant dans le mur en criant "c'est une maison de fou". J'étais triste car je savais que je serai seule pour la suite de mon stage.
Là tout s'est enchainé, une chef de projet est revenu de son congé maternité, j'avais même acheté un cadeau pour son petit garçon... Elle m'a détesté de suite. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi. Elle était très garçon manqué, mal dans sa peau et je pense que ma "coquetterie" lui a déplu. Elle a monté toutes les femmes salariées contre moi, plus personne ne me parlais, plus de bonjour, on me méprisait. Quand cette chef de projet passait près de moi, elle m'attrapait une mèche de cheveux et disait "J'ai tellement envie de te les couper, si j'avais des ciseaux je le ferais". Je ne savais pas comment réagir. Je lui rendais des présentations qu'elle s'appropriait auprès des chefs, fièrement, sans me citer dans le projet. Je ressentais tellement d'injustice. Elle me surveillait sans cesse, ne ratant aucune occasion pour me critiquer ou se moquer de moi avec ses collègues.
Ils ont ensuite recruté 4 autres stagiaires, nous étions à ce moment là 5 stagiaires pour 8 salariés, on frôlait déjà largement l'illégalité. Mais j’étais heureuse d'avoir d'autres stagiaires avec moi, l'ambiance était bonne. Jusqu'à ce que la chef de projet décide de nous mettre en compétition tout le temps sur des tas de projets, le tout dans une ambiance malsaine, critiquant chaque stagiaire auprès des autres stagiaires.
Les 3 derniers mois ont été un véritable enfer pour moi, j'avais une boule au ventre en y allant, je pleurais tous les soirs, je me sentais nulle, stupide, j'avais perdu toute confiance en moi. Je ne prenais plus d'initiatives, j’essayais de rester le plus longtemps aux toilettes pour échapper à cette ambiance. Je devenais agressive avec mon copain, je me fermais au monde extérieur. Je me sentais inutile. J'aurais du partir, mais j'ai écouté mes parents et j'ai tenu jusqu'au bout.
Entre temps, la secrétaire a fait un burn out, a été en congé maladie pendant un long moment, ma "tutrice" continuait de craquer au boulot, une chef de projet enceinte de 7 mois a bossé une nuit entière sans repos, une stagiaire, fille d'un client, a démissionné car on l'accusait de trop boire aux apéros (wtf c'est le fondateur qui servait lui même les verres) et j'ai finalement appris que le fondateur lui même avait été arrêté pour un burn out à son tour quelques mois après la fin de mon stage...
Bref, aujourd'hui, cela fait 6 mois que je suis en stage dans un journal, tout se passe super bien, je suis incroyablement heureuse et je vais bientôt débuter un autre stage dans un autre grand journal. Je pense à présent avec pitié à ces salariés de cette boite qui doivent encore souffrir d'un management pourri et de chefs exécrables.
Double fuck à ma perte de confiance en moi, cette épreuve m'aura permis d'être plus forte malgré tout et de ne plus jamais me laisser faire. Jamais.