Mon petit témoignage...
Je ne pense pas avoir un terrain dépressif, à la base. Enfance heureuse, équilibrée, scolarité banale, bref, aucun signe de quoi que ce soit.
Puis, après un an dans le labo où j'ai été embauchée en CDI, je suis entrée lentement mais sûrement dans la spirale du harcèlement moral. Je me suis effondrée petit à petit, je pleurais en semaine et le weekend, jour et nuit, j'allais bosser la boule au ventre, et cela avait de mauvaises répercussions sur mon couple (normal) et inquiétait fortement mes parents (normal aussi). Mon médecin de l'époque, à qui j'en ai parlé, m'a prescrit un traitement à base de phytothérapie et d'oligothérapie qui m'a un peu apaisée, mais surtout m'a donné les coordonnées d'un collègue médecin psychothérapeute, grâce auquel j'ai remonté la pente, puis j'ai pu arrêter de le voir.
Quelques années plus tard, ma vie allait bien, j'avais changé de boulot, commencé une formation par correspondance...et là, mon copain m'a quittée. Tout s'est écroulé dans ma vie, je l'avais mis au centre de ma vie et je perdais tout. Pour certaines raisons, nous avons dû cohabiter pendant 7 mois après la rupture, ce que je ne souhaite à personne tellement c'est horrible à gérer (sexe et tendresse toujours présents, entrecoupés de méchanceté, d'égoïsme, de répulsion, de réconciliations-mais-pas-tout-à-fait). Ce n'était même pas une rupture franche de sa part : c'était à base de je t'aime toujours, je suis paumé, je sais plus où j'en suis, j'ai besoin d'être seul, non ya personne d'autre... (pour m'apercevoir que rien n'était vrai : il avait rencontré quelqu'un et ne voulait pas me faire souffrir, la bonne blague...c'était évidemment vachement mieux que je l’apprenne en vidant ses poches pour faire sa lessive, conne que j'étais).
Bref.
Au bout d'un mois, j'allais de plus en plus mal, j'ai donc refait appel à mon psychothérapeute, qui m'a reçue très rapidement. Au bout de 2 mois, c'est moi qui ai demandé à être mise sous antidépresseurs : lorsque je conduisais ma voiture, je pensais de plus en plus souvent que si je mourrais dans un accident ce serait mieux, et il était hors de question que j'en arrive là.
Moi aussi j'ai eu peur des médicaments, mais j'ai eu encore plus peur de mettre fin à mes jours.
2 semaines à gober ces sal*peries de médocs sans aucune amélioration, j'étais pas loin du fond du gouffre....et un matin, je me suis réveillée et le monde avait changé. J'avais du recul sur tout, j'ai pu encaisser pas mal de choses (nan pasque tant qu'à faire, autant grouper plein de grosses m*rdes sur 6 mois, hein!), et remonter la pente malgré quelques rechutes. Je suis devenue une fille que je pensais jamais pouvoir être : calme, souriante, d'humeur posée, et plus cette boule de nerfs, toujours à vif.
Là les médicaments m'ont à nouveau fait peur, parce que je craignais de ne jamais pouvoir arrêter : aucune envie de redevenir celle d'avant!
J'ai aussi dû demander des somnifères, car même si j'avais gagné en calme et en sérénité, je ne dormais toujours pas, et quand on est crevée, même sous antidépresseurs, on tient pas bien les chocs de la vie.
Tout ce temps-là, mon médecin psychothérapeute m'a suivie : les somnifères ont duré 4 mois, avec arrêt progressifs. Les AD ont duré 1 an 1/2. J'ai voulu arrêter plusieurs fois, il a refusé à chaque fois car je n'étais pas prête, en revanche on diminuait le dosage. Et puis j'ai arrêté. Sans heurt, sans problème, tout en douceur.
Depuis 7 ans que j'ai arrêté mon traitement, je suis restée stable dans ma tête, et même si j'ai pu connaître des passages à vide, je savais que je saurai les gérer moi-même.
Tout ça pour dire que je pense très sincèrement que les antidépresseurs ne font pas tout, mais qu'ils sont une formidable aide :
- s'ils sont associés à une psychothérapie.
- à partir du moment où on est suivi par un professionnel compétent. Autrement dit, un médecin de ville, à moins d'avoir un passé d'interne en psychiatrie, n'est pas le mieux placé pour gérer un traitement puis son arrêt.
N'ayez jamais peur de demander de l'aide.
J'ai quand même bien conscience que les épisodes dépressifs que j'ai traversés étant "événementiels", ils ne sont pas vraiment comparables avec les dépressions chroniques des gens qui en sont malades depuis leur enfance...