S
segolene-bordelaise
Guest
Je peux vous dire que moi aussi, j'ai bossé à la SNCF ... mais j'ai démissionnée et je vais vous expliquer pourquoi! J'ai suivi une formation de CRL c'est à dire Conductrice de Ligne. Beaucoup de gens croient que conduire un train c'est "appuyer sur un bouton et que tout est automatique" donc quand je suis arrivée en formation, je me suis dis que j'étais tombée dans une planque!
On déchante rapidement!! La réglementation qu'on nous a demandé de maîtriser et apprendre par coeur est extrêment précise mais complexe et surtout, très très volumineuse! Elle se décompte en milliers de pages dans ce qu'on appelle des "référentiels conducteurs lignes". On apprend tout, absolument tout, pas seulement la signalisation et toutes les règles qui encadrent la circulation des trains mais on demande aussi au conducteur de connaitre les schémas électriques de leur locos, pouvoir expliquer précisément comment fonctionne l'électrotechnique de la locomotive de A à Z et surtout ... et c'est la ou ca a pêché pour moi, de pouvoir gérer quand tout part en vrille : perte des freins, anomalie mécanique, électronique, pneumatique etc. ce qui demande une très grande compréhension des systèmes qui va très loin. C'est sans compter savoir gérer les anomalies à l'infrastructure (voie, signaux, caténaires etc.) C'est un vrai boulot qualifié qui demande énormément de formation : il faut compter un an de rythme de formation qui ressemble un peu à une prépa pour ceux qui connnaissent. A moins d'avoir des très grandes facilités bien sur!
Conduire un train n'a absolument rien de "appuyer sur un bouton". En fait, on manipule un ensemble d'appareillage dont la finalité a pour but de faire varier les intensités/tensions au borne des moteurs, parfois au moyen d'élimination de résistances dans un circuit monté soit en série ou en parallèle. Autant vous dire qu'on est toujours en activité, à surveiller des voltmètres lignes, des ampèremètres, des indicateurs divers en plus de la signalisation, des vitesses à ne pas dépasser et tout!
On devait connaitre par coeur nos lignes : vitesses, point de freinage, directions, déclivité, bref les "renseignements techniques" qu'on avait retranscris sur nos "études de lignes".
J'ai donc échouée quand on est arrivée au validations des modules appellés "anomalies" ... le rythme de la formation était trop soutenu pour moi et j'ai pas réussi à maintenir le niveau. Aucune erreur était tolérée, les chefs nous criaient dessus comme du poisson pourri à la moindre erreur (parfois, j'ai cru qu'on allait s'en prendre une)... petite anecdote, mon premier jour de formation .... mon cadre nous a dit (j'étais la seule fille du groupe de 12) ... avant de faire de vous des mécaniciens (jargon interne pour désigner le conducteur de train), je vais faire de vous des ... HOMMES. Autant dire que ca a donné le ton et la mentalité très militaire (et machiste vous avez pu le constater les syndicats ont défoncés ce chef pour ce commentaire ....), très stricte et rigoureuse de la formation. Tout le contraire des clichés que j'avais gobée .... les ex militaires de la formation disaient qu'ils se reconnaissaient bien dans la SNCF
Avec les horaires de malade et les déplacements que je me tapais, j'ai pas réussi à tenir le rythme! Un jour on se lève à 03H47 pour finir à 10H13, pour reprendre le soir même à 19H43 après avoir dormi dans un foyer à 300 KM de chez soit, pour ensuite finir à 02H00 et reprendre à 16H00 et finir à 23H54. Ca m'a vraiment tuée l'organisme .... et en plus, les exemples que je donne la ne sont pas forcément les plus durs!! Les collègues masculins supportaient mieux le tout, certains aimaient même ce rythme mais moi, je n'y arrivai pas physiquement. Certaines journées de conducteurs font jusqu'à onze heures d'amplitude ... c'est pas rien je vous assure!
A l'époque ou j'étais, on vivait aussi une série noire d'accidents mortels de cheminots lors de manoeuvres, chantiers sur les voies et ti et tout ... vraiment pas la panacée comme j'ai pu croire.
Après mon échec et celui de deux autres, certains ont été licenciés, pour ma part, on m'a proposée un reclassement dans un service qui s'occupait des bulletins de service (rapport écrit que doivent rendre les conducteurs après chaque journée) ... j'ai démissionne rapidement parce que le salaire était trop faible et ne me permettait pas de nourrir correctement ma petite famille!
Depuis, j'ai trouvé du boulot ailleurs, dans le privé, dans le transport aérien en tant que PNC. Je touche pour les coups des "vrais" avantages bien plus intéressants (CE, prix sur les billets d'avions) et les horaires sont difficiles, mais les jours de récupération sont mieux organisés pour nous permettre de réparer un peu les dégâts, contrairement à la SNCF ou le rythme d'un roulant peut vraiment être très dur à mes yeux.
La réalité que a décrit mamzelle dans son message c'est peut être la réalité de quelques personnes dans des bureaux. Mais ce que mi j'ai vécue, c'est un autre monde!! Les congés par exemple étaient presque toujours refusés pour les gars de la conduite!! Ils avaient parfois 2 semaines de congés de l'année précédente en retard sur l'année en cours parce qu'ils avaient été refusés!! Les chèques vacances ou les tickets restos, la ou j'étais, ca n'existait pas. En même temps, il y'avait une cantine correcte donc ca compensait ...
De ma petite expérience donc de la seuneceufeu, j'en tire plutôt une expérience mitigée. Ce fut un échec pour moi donc ca biaise et ca casse, mais en tout cas, j'en suis sortie avec un IMMENSE respect pour le savoir faire et la technicité impressionnante de ceux qui font rouler les trains ... de leur tenacité aussi à tenir le rythme (j'ai essayé j'ai pas réussie) Les avantages qu'ils ont ne sont vraiment pas volés et je ne les jalouse pas.
Au moins je parle un peu en connaissance de cause, même si comme tout le monde, je vais râler si mon train a du retard un jour ce qui franchement, n'est pas si souvent le cas. je le prend pour aller bosser à l'aéoroport cdg roissy (il y'a une gare TGV) et j'ai jamais raté un avion que je devais faire pour l'instant ....
On déchante rapidement!! La réglementation qu'on nous a demandé de maîtriser et apprendre par coeur est extrêment précise mais complexe et surtout, très très volumineuse! Elle se décompte en milliers de pages dans ce qu'on appelle des "référentiels conducteurs lignes". On apprend tout, absolument tout, pas seulement la signalisation et toutes les règles qui encadrent la circulation des trains mais on demande aussi au conducteur de connaitre les schémas électriques de leur locos, pouvoir expliquer précisément comment fonctionne l'électrotechnique de la locomotive de A à Z et surtout ... et c'est la ou ca a pêché pour moi, de pouvoir gérer quand tout part en vrille : perte des freins, anomalie mécanique, électronique, pneumatique etc. ce qui demande une très grande compréhension des systèmes qui va très loin. C'est sans compter savoir gérer les anomalies à l'infrastructure (voie, signaux, caténaires etc.) C'est un vrai boulot qualifié qui demande énormément de formation : il faut compter un an de rythme de formation qui ressemble un peu à une prépa pour ceux qui connnaissent. A moins d'avoir des très grandes facilités bien sur!
Conduire un train n'a absolument rien de "appuyer sur un bouton". En fait, on manipule un ensemble d'appareillage dont la finalité a pour but de faire varier les intensités/tensions au borne des moteurs, parfois au moyen d'élimination de résistances dans un circuit monté soit en série ou en parallèle. Autant vous dire qu'on est toujours en activité, à surveiller des voltmètres lignes, des ampèremètres, des indicateurs divers en plus de la signalisation, des vitesses à ne pas dépasser et tout!
On devait connaitre par coeur nos lignes : vitesses, point de freinage, directions, déclivité, bref les "renseignements techniques" qu'on avait retranscris sur nos "études de lignes".
J'ai donc échouée quand on est arrivée au validations des modules appellés "anomalies" ... le rythme de la formation était trop soutenu pour moi et j'ai pas réussi à maintenir le niveau. Aucune erreur était tolérée, les chefs nous criaient dessus comme du poisson pourri à la moindre erreur (parfois, j'ai cru qu'on allait s'en prendre une)... petite anecdote, mon premier jour de formation .... mon cadre nous a dit (j'étais la seule fille du groupe de 12) ... avant de faire de vous des mécaniciens (jargon interne pour désigner le conducteur de train), je vais faire de vous des ... HOMMES. Autant dire que ca a donné le ton et la mentalité très militaire (et machiste vous avez pu le constater les syndicats ont défoncés ce chef pour ce commentaire ....), très stricte et rigoureuse de la formation. Tout le contraire des clichés que j'avais gobée .... les ex militaires de la formation disaient qu'ils se reconnaissaient bien dans la SNCF
Avec les horaires de malade et les déplacements que je me tapais, j'ai pas réussi à tenir le rythme! Un jour on se lève à 03H47 pour finir à 10H13, pour reprendre le soir même à 19H43 après avoir dormi dans un foyer à 300 KM de chez soit, pour ensuite finir à 02H00 et reprendre à 16H00 et finir à 23H54. Ca m'a vraiment tuée l'organisme .... et en plus, les exemples que je donne la ne sont pas forcément les plus durs!! Les collègues masculins supportaient mieux le tout, certains aimaient même ce rythme mais moi, je n'y arrivai pas physiquement. Certaines journées de conducteurs font jusqu'à onze heures d'amplitude ... c'est pas rien je vous assure!
A l'époque ou j'étais, on vivait aussi une série noire d'accidents mortels de cheminots lors de manoeuvres, chantiers sur les voies et ti et tout ... vraiment pas la panacée comme j'ai pu croire.
Après mon échec et celui de deux autres, certains ont été licenciés, pour ma part, on m'a proposée un reclassement dans un service qui s'occupait des bulletins de service (rapport écrit que doivent rendre les conducteurs après chaque journée) ... j'ai démissionne rapidement parce que le salaire était trop faible et ne me permettait pas de nourrir correctement ma petite famille!
Depuis, j'ai trouvé du boulot ailleurs, dans le privé, dans le transport aérien en tant que PNC. Je touche pour les coups des "vrais" avantages bien plus intéressants (CE, prix sur les billets d'avions) et les horaires sont difficiles, mais les jours de récupération sont mieux organisés pour nous permettre de réparer un peu les dégâts, contrairement à la SNCF ou le rythme d'un roulant peut vraiment être très dur à mes yeux.
La réalité que a décrit mamzelle dans son message c'est peut être la réalité de quelques personnes dans des bureaux. Mais ce que mi j'ai vécue, c'est un autre monde!! Les congés par exemple étaient presque toujours refusés pour les gars de la conduite!! Ils avaient parfois 2 semaines de congés de l'année précédente en retard sur l'année en cours parce qu'ils avaient été refusés!! Les chèques vacances ou les tickets restos, la ou j'étais, ca n'existait pas. En même temps, il y'avait une cantine correcte donc ca compensait ...
De ma petite expérience donc de la seuneceufeu, j'en tire plutôt une expérience mitigée. Ce fut un échec pour moi donc ca biaise et ca casse, mais en tout cas, j'en suis sortie avec un IMMENSE respect pour le savoir faire et la technicité impressionnante de ceux qui font rouler les trains ... de leur tenacité aussi à tenir le rythme (j'ai essayé j'ai pas réussie) Les avantages qu'ils ont ne sont vraiment pas volés et je ne les jalouse pas.
Au moins je parle un peu en connaissance de cause, même si comme tout le monde, je vais râler si mon train a du retard un jour ce qui franchement, n'est pas si souvent le cas. je le prend pour aller bosser à l'aéoroport cdg roissy (il y'a une gare TGV) et j'ai jamais raté un avion que je devais faire pour l'instant ....