En lisant l'article, j'ai ressenti plein de choses différentes, je me suis dit que j'allais passer pour une rabat-joie. J'ai été assez surprise finalement de lire dans les commentaires des phrases qui traduisaient parfaitement mes pensées...
Moi aussi, cet article me fait tiquer.
Je fais partie de celles qui n'ont pas de passion, mais j'ai beaucoup de centres d'intérêts. Quand je vais à la bibliothèque, il y a des tas de rayons que j'ai envie de dévaliser. Il y a plein de livres qui m'"appellent".
J'ai eu un parcours post-bac chaotique, j'ai fait de longues études, eu un double diplôme. Les deux domaines dans lesquels j'ai étudié alors m'intéressaient, vraiment. Je n'avais pas fait ces études par dépit ou par défaut,
c'était un choix. Et pourtant ! Moi aussi, j'ai eu cette pulsion (?), cet élan qui m'a poussée à décider, comme Camille, "de ne plus me contenter d’une vie qui ne me plaît que moyennement".
Je suis partie un an en voyage. Ah ça, j'ai voyagé, des idées plein la tête, vraiment je ne pense pas un jour pouvoir revivre une année aussi formidable que celle que j'ai vécue.
Et puis je suis rentrée en France, pour plein de raisons (notamment celle de l'argent, eh oui toujours l'argent...), et entre autres parce que vivre comme je l'ai fait, même si ça me faisait vibrer, ce n'était pas réaliste
pour moi.
En revanche, cette année m'a aussi permis de réfléchir, et de trouver une voie professionnelle qui me correspond beaucoup mieux. Ce n'est pas une passion. Mais malgré tout mon futur travail me correspond, je sens que j'ai enfin trouvé ma voie. J'ai eu le courage (je ne sais toujours pas comment...) de me relancer, après mon voyage, dans la préparation d'un concours, et de repartir pour 4 ans d'études. Et croyez-moi, ça me coûte, sur tous les plans. Je sais pourquoi je le fais, je sais que ça en vaut la peine. Je sais que je me dirige vers une vie que j'ai envie de vivre.
Tout comme je sais que j'aurais pu aimer une vie très différente, à faire autre chose, dans d'autres pays, des trucs complètement différents...
Malgré tout, j'ai plus que jamais conscience que mon parcours est le mien, et je ne pourrais jamais conseiller à quelqu'un de faire ce que j'ai fait...
Enfin, évidemment, je souhaite à chacun de trouver sa voie, d'écouter son coeur et ses envies (sortez les violons
), mais je ne pourrais m'empêcher d'y ajouter : tout ça, c'est aussi possible en gardant les pieds sur terre.
Moi aussi, la forme de l'article me dérange plus que le fond. On peut sortir de sa zone de confort tout en prenant des précautions pour ne pas foncer droit dans le mur.
Parce que ne pas avoir de regrets, c'est beau, mais ça marche dans les deux sens... Décider de vivre sa passion à fond sans prévoir de filet de sécurité est, à mon sens, tout aussi dommage que de subir sa vie.
Pourquoi faire tout noir ou tout blanc ?
Que Camille nous raconte son vécu comme ça ne me dérange pas, bien au contraire, je trouve ça intéressant. Ce qui me dérange davantage, c'est d'impliquer le lecteur directement là-dedans. Parce que de manière très égoïste, je me demande comment j'aurais réagi à la lecture de cet article il y a quelques années, quand j'ai moi aussi connu cette euphorie, cet idéalisme... En fait, je suis contente de ne pas l'avoir lu à ce moment-là.
Je remercie aujourd'hui ceux qui m'ont encouragée dans les décisions que j'ai pu prendre, mais je les remercie encore plus de l'avoir fait en me raccrochant toujours à la réalité (ce que je trouvais parfois lourd à l'époque...
). J'avais besoin d'un regard extérieur.
Je réagis un peu à chaud, j'ai peur de passer pour une vieille aigrie, mais pourtant je vous assure, j'ai des rêves plein la tête et je compte bien les vivre, j'ai encore toute la vie devant moi mais je suis maintenant persuadée que j'en profiterai mieux en ayant préparé mon terrain...