Je me suis toujours trouvée grosse, avec 10kg de plus ou de moins

[Oceane]

Un truc m'interpelle dans son article :
elle se trouve grosse mais en réalité on ne sait pas comment elle est réellement. Or "gros" ça peut correspondre à un panel très vaste de corpulences. T'as des filles qui se trouvent grosses à 55kg (pour une taille inférieure à la moyenne).
Elle parle d'avoir fait 15kg de moins dans sa vie du coup je me dis qu'elle devait faire 50kg à un moment et que maintenant elle fait 65kg? Je ne dirais pas que c'est mince mais c'est certainement pas le "grosse" qu'on imagine souvent quand quelqu'un nous dit qu'il ou elle est gros.

Aussi elle en veut à la société de perpétuer des clichés sur le gros et le sport mais est-ce que quelqu'un lui a déjà fait une remarque? Je ne sais pas si c'est le cas mais si ça s'était déjà produit elle aurait dû le mentionner dans l'article.
Or là elle exprime une sorte de vérité générale un peu facile pour son témoignage alors que je n'ai pas l'impression qu'on lui ait vraiment fait des reproches sur ses compétences physiques dans sa vie.

Coralie m'a demandé de te répondre (elle est en train de s'inscrire sur le forum et attends de pouvoir répondre par elle-même). Je copie/colle donc ce qu'elle a écris :

« J'ai toujours été un peu ronde, mais pas énormément. Quand les petites filles en primaire faisait 27kg, j'étais déjà à 35 ce qui m'a valu une mise au régime dès l'âge de 8ans par ma mère. Depuis je n'ai jamais arrêté, mon soucis de poids à commencé vraiment tôt ainsi que ma mésestime de moi-même. A l'âge de 20 ans je faisais 65kg pour 1m57, légèrement en surpoids mais ce n'était pas dramatique. Je me trouvais pourtant grosse. J'ai fais plusieurs régime au cours de ma vie qui ont été plus ou moins concluants mais j'ai toujours tout repris. Après mon année en Erasmus je suis montée à 70kg et j'ai fais fondre le gras avec le sport sans pour autant perdre les kg, mais physiquement on voyait que j'étais plus tonique et plus fine. Aujourd'hui, deux ans plus tard avec prise de pilule et mise en couple (1ère fois) je pèse 78kg pour 1m57.

J'ai eu toute ma vie des remarques de ma famille sur mon poids, quant au sport, hélas oui j'ai déjà subit le cliché sur les gros. Le plus fameux a été lors d'une compétition en badminton, j'ai un jour entendu un chef d'équipe dire à ses joueuses "jouez sur la grosse!" avant un match en double dame. Dommage pour eux, j'étais meilleure que ma partenaire correspondant aux standards de beauté (et là on a un bel exemple de l'idée "Grosse=feignasse= va pas courir sur le terrain" véhiculée dans la société). Ensuite, on a pas besoin de subir des remarques directes pour ressentir cette idée véhiculée que les gros sont des feignasses qui se laissent aller. A l'heure actuelle, baladez-vous un peu sur les réseaux sociaux et consultez les commentaires d'articles montrant des femmes rondes et vous verrez le nombre de personne qui disent "elle a cas bouger de son canapé!" et autres méchancetés.

Ensuite cette article ne s'adresse pas qu'aux femmes rondes, ils s'adressent en réalité à tout le monde. Toutes les personnes qui ont un soucis avec leur corps et se voient trop négativement. J'ai écrit sur la grosseur parce que me sentir grosse est le problème de ma vie, mais je me doute bien que tout le monde se sent concerné et espère que ceux-ci ouvrent comme moi les yeux sur le vrai problème : grosse ou mince, on peut tous avoir une perception de soi négative au point de s'en rendre malade et c'est dommage. On a qu'un corps, on a qu'une vie et c'est bête de la gâcher à essayer de correspondre à des standards imposés par la société ou par notre cerveau alors que tout est en constante évolution. Les femmes jugées belles il y a 100 ans ne sont pas les mêmes aujourd'hui. L’important, c’est avant tout de s’accepter soit même, car, si la société vous accepte peut-être aujourd’hui, qui vous dit qu’elle ne vous rejettera pas demain ?

Et si jamais vous souhaitez me voir en chair et en os, je ne suis pas timide et vous invite à consulter mon blog (je suis auteure) "coraliedarcy-wordpress" où j'ai posté cet article avec photo à l'appui.

Merci en tout cas pour vos commentaires gentils et réconfortants. Je m'excuse auprès de ceux que j'ai pu offenser avec certains propos. Bises ! »

 

[_MM_]

Je me reconnais également dans ce témoignage, même si c'est à bien moindre mesure dans mon cas... Lorsque j'avais 13-14 ans et que j'étais objectivement une crevette (46kg pour 1m60), que je faisais pas mal de sport et que je rentrais allègrement dans du 34, j'avais réussi à me persuader d'être grosse et je suis passée vraiment pas loin de troubles alimentaires... Au final, pendant mes années lycées, j'ai pris 8kg et peut-être 2cm, mais je me sentais tellement mieux dans mon corps, je me sentais beaucoup moins grosse qu'avant! Comme quoi, on peut vraiment se persuader de n'importe quoi et c'est très dur d'être objectif et compatissant envers son corps... Maintenant je me dis que même si je n'ai pas le corps de rêve, j'ai la chance d'avoir un corps en excellente santé qui me permet de faire tout ce que je veux dans ma vie!

 

[Tiael]

Le problème c'est que les gens associent "faire du sport" et "perdre du poids", alors quoi oui dans une certaine mesure, mais le muscle pèse plus lourd que la graisse donc le chiffre sur la balance ne baisse pas (voire il augmente).
Plutôt que le chiffre, il est plus sain (pour la santé mentale hein) de regarder une silhouette globale et un tonus pour savoir si on est en forme

 

[Nastja]

@Oceane
Réponse pour Coralie :
Je suis désolée d'avoir commenté un peu trop vite et d'avoir jugé tes propos
C'est terrible ce que ce prof de badminton à dit à son équipe à ton sujet.

J'espère que tu réussiras un jour à te sentir bien dans ta peau peu importe ton poids.

J'aimerais savoir cependant ce que la minceur t'apporterait à toi personnellement. Ce n'est pas une question pour te juger, juste pour comprendre les mécanismes derrière ce désir de vouloir être mince.

Moi par exemple j'aimerais être mince pour avoir confiance en moi et oser faire ce que je n'arriver pas ou mal à faire. En étant mince je m'habillerais "mieux" et j'aurai plus confiance en moi. Je dégagerai plus de confiance qui se reflétera auprès des autres ce qui fait que j'oserai sûrement aborder plus facilement les gens, être moins focalisée sur moi-même en pensant constamment ("à quoi je ressemble? Est-ce que cette personne n'est pas entrain de se dire que je suis nulle?"), à oser postuler et me présenter en entretien et peut-être sortir à nouveau avec quelqu'un.
Pour avoir déjà réussi à perdre du poids et avoir frôlé mon poids idéal je sais que je me sentais beaucoup mieux physiquement et que "j'osais" beaucoup plus. En gros ça me boostait énormément.

Du coup je voulais savoir si c'était pareil pour toi.

 

[coraliedarcy]

@Nastja Hello ! C'est Coralie enfin avec son compte et je peux répondre par moi même. Ta question est très pertinente! Et je me rends compte en essayant de trouver la réponse que ce n'est pas que pour moi que je veux perdre... alors oui, il y a eu des moments de pleurs dans la cabine parce que ce que je voulais porter ne m'allait pas (mais au final j'arrive toujours à trouver des tenues qui me plaisent), je suis restée longtemps célibataire sans expérience mais c'était plus à cause de mes valeurs (rêver du prince charmant) que de mon manque de confiance en moi. Et je suis une personne sociable donc en réalité le physique ne me complexe. En vrai, presque toute ma vie ma mère m'a dit que j'étais grosse et elle me le fait comprendre encore aujourd'hui et en fait c'est surtout pour ça que j'ai ce désir de perdre et que je ne suis jamais satisfaite... Maintenant dès que je vais chez elle je fais attention à ce que je vais porter, car récemment j'ai eu le droit à un nouveau speech que j'avais grossi et que je m'habillais pas en conséquence, que c'était moche. Je suis retombée dans une spirale infernale (pesée tous les jours, culpabilité, baisse de confiance) alors que depuis quelques mois j'allais mieux surtout grâce à mon petit ami. Maintenant je ne sais pas si je veux perdre pour moi ou pour quelqu'un d'autre. Surement les deux quand même, mais je sais que si je maigris et que la balance devient "gentille", le miroir ne le sera jamais à cause de mon regard... Je tente d'y travailler!

En tout cas j'espère que tu parviendras au but que tu souhaites atteindre. Tout ça est très dur...

 

[lolanavy]

@coraliedarcy je me retrouve parfaitement dans ce que tu racontes. Ma mère me fait aussi culpabiliser au possible à propos de mon poids, elle m'en parle constamment (et je pèse mes mots, je vis à l'étranger depuis 8 mois et c'est un sujet de conversation qui revient à chaque appel téléphonique, et c'est quasiment la première chose dont elle me parle en me voyant quand je rentre)

C'est très difficile parce que d'une part j'ai pris du poids et j'ai du mal à l'accepter, je dois apprendre à apprivoiser un corps que je ne connais pas et ça demande du temps, d'un autre côté c'est tellement contre productif de se faire harceler par un membre de sa famille à ce propos. Je sais que c'est pas méchant pour elle, elle a juste beaucoup de mal à me voir comme ça et pense qu'en me poussant, ça va m'aider, mais c'est juste le contraire. En ce moment son trip c'est de me demander systématiquement combien de sport j'ai fait dans la semaine, et combien de kilos j'ai perdu depuis qu'on s'est parlé.

Sauf qu'on sait tous que le poids ne se perd pas en un claquement de doigt (enfin du moins pas chez tout le monde), et les petites victoires personnelles sont pour elle jamais assez. C'est usant, fatiguant, sachant que moi-même je n'arrive plus à me voir dans ce corps.

J'ai écrit un texte à propos de mon ressenti face à mon poids, je ne sais pas si ça intéresse quelqu'un ou si je devrais le poster quelque part.

 

[Cococinulle]

@coraliedarcy @Lisartistique
Vous avez déjà essayé de prendre de la distance avec vos mères ? En étant le moins en contact possible avec elles ?
ou de leur expliquer que ça n'aidait pas, au contraire



(et @Lisartistique n'hésite pas à le poster ici si tu en ressens le besoin - en sachant que cette partie du forum est publique)

 

[lolanavy]

@Cococinulle Malheureusement j'ai déjà beaucoup essayé de lui dire que ça n'aidait pas, le souci étant que je n'arrive pas à rester "sérieuse" quand ce sont des sujets qui me touchent personnellement, donc je finis systématiquement en larmes et là c'est difficile d'être prise au sérieux. Et je ne souhaite pas me distancer de ma mère, parce qu'à côté de ça nous avons une bonne relation.

 

[Cococinulle]

@Cococinulle Malheureusement j'ai déjà beaucoup essayé de lui dire que ça n'aidait pas, le souci étant que je n'arrive pas à rester "sérieuse" quand ce sont des sujets qui me touchent personnellement, donc je finis systématiquement en larmes et là c'est difficile d'être prise au sérieux. Et je ne souhaite pas me distancer de ma mère, parce qu'à côté de ça nous avons une bonne relation.

Ca me fait de la peine de lire que tes larmes ne sont pas prises au sérieux, alors que ça devrait justement être le signe que c'est bien du sérieux

 

[Nastja]

@coraliedarcy
Peut-être qu'inconsciemment tu veux que ta mère soit fière de toi? Et ça passerait par son approbation concernant ton physique? Sauf que tu ne veux pas qu'elle approuve ton physique tel qu'il est mais qu'elle approuve un physique mis sur un piédestal?
Une sorte de : "regarde maman j'y suis arrivée! Je suis mince tu peux être fière de ta fille! "
Peut-être que ça n'a rien à voir mais c'est une piste.
Peut-être aussi que tu te mets la pression sur quelque chose de difficilement atteignable (être mince mais aussi avoir un joli corps, rentrer dans de jolis vêtements...) et y parvenir serait une sorte de consécration? Parfois on met la barre haute pour se sentir encore plus fière. Certaines se contente de petites victoires au jour le jour et d'autres veulent la grosse victoire, la médaille d'or. Du coup pour toi la médaille d'or serait d'atteindre ce poids tant rêvé tout en sachant qu'il est difficile à atteindre.

Il se peut aussi que tu ne sois pas satisfaite de ton résultat quand tu perds du poids parce que ton corps ne correspond pas à la morphologie féminine qu'on nous vend comme la plus sexy (la morpho en X ou en H pour les mannequins). Du coup si tu as un corps différent de ces morphologies sur vas avoir tendance à ne jamais être satisfaite : "je viens de perdre 15kg et pourtant je n'ai toujours pas la taille fine et mes épaules sont tombantes (exemple au pif, je ne connais pas ta morphologie)". C'est difficile de voir où l'insatisfaction peut se situer. On imagine qu'en perdant du poids on va d'un coup ressembler à Brigitte Bardot en maillot alors que si notre morphologie est à l'opposé de Brigitte Bardot, on n'aura jamais un corps ressemblant, même en perdant 20kg." Et c'est l'erreur que font beaucoup de femmes. Un peu comme la fille qui aurait un visage rond naturellement et qui pense qu'en perdant du poids son visage deviendra ovale. Et elle continue à perdre du poids parce que le visage reste rond, un rond maigre mais toujours un rond.

Donc peut-être que c'est de là que venait ton insatisfaction générale peu importe ton poids? Parce que tu ne sais pas encore apprécier ta morphologie?

Est-ce qu'il y a des filles ou des célébrités dont tu trouves le corps magnifique et que tu aimerais avoir ? Est-ce que ce corps est atteignable pour toi en toute sincérité ?
Moi par exemple je trouve les meufs assez grandes super belles, avec leurs jambes longues... et je sais que je n'aurai jamais leur morphologie de corps car je ne suis pas grande. Même en maigrissant de 60kg je n'aurai jamais ce type de jambes longues et fines. Du coup je me focalise plutôt sur des femmes de mon "gabarit". ça ne m'empêche pas d'être un peu envieuse mais bon, c'est irréalisable.
Toi si tes modèles sont réalisables sans mettre ta santé en danger tu peux peut-être tenter de t'en rapprocher pour voir si tu te sens mieux. Par contre si tu te rends compte objectivement que ton idée de la beauté est à l'opposé de toi alors ce ne sera que frustration sur frustration.

@Madhiko
Je pense que les mères mettent la pression par déception. Leur enfant ne correspond pas à leur "idéal" et parfois c'est une blessure d'ego. C'est un peu le même mécanisme lorsque l'enfant choisit un métier aux antipodes de ceux des parents, où qu'il ramène le mauvais copain ou la mauvaise copine ou qu'il fait des choix vestimentaires hasardeux.
L'enfant, pour beaucoup de parents est une extension du parent.

T'as aussi des parents qui pensent que c'est mauvais pour la santé d'être en surpoids ou qu'ils sont persuadés que c'est irrémédiable. Un peu comme si leur gosse se mettait à fumer. Ils se sentent obligés d'intervenir pour stopper la "descente aux enfers".

Et enfin t'as le parent narcissique qui a besoin d'être rassuré sur sa propre valeur et qui rabaisse son enfant juste pour lui montrer qu'elle ou lui est mieux.

Dans les deux premiers cas (et en réalité le 3ème aussi), je pense que sincèrement le parent en souffre. Je ne dis pas qu'il faut aller consoler le pauvre parent qui fait des remarques méchantes mais comprendre le mécanisme de fond peut aider à aborder la conversation différemment. Genre : "non je ne suis pas en mauvaise santé et je comprends que tu t'inquiètes parce que tu penses que je mange beaucoup de sucre raffiné pour faire ce poids mais je vais t'expliquer ce que je mange dans une journée etc." ou "non je ne suis pas en compétition avec toi, je trouve que tu as un très joli corps même s'il est différent du mien et je suis sûre que tu plais à beaucoup de monde telle que tu es, mais moi je me plais à moi-même comme ça et je plais à mon compagnon" ou "je sais que tu aimerais une fille mince, qui bosserait dans une ambassade et serait mariée à un homme beau et riche mais je ne suis pas comme ça, j'ai ma propre vie et j'ai décidé qu'elle serait comme ça. Je suis sûre que toi non plus tu n'aurais pas aimé que mamy te dicte ta vie, te dise quelle couleur de cheveux te va mieux ou si tu devrais te faire opérer".

 

[coraliedarcy]

Quand j'évoque le sujet avec ma mère elle reconnaît qu'elle peut être dure, mais estime que ce qu'elle a fait était nécessaire. Mais elle est focalisée sur la balance et non sur l'aspect physique. Quand j'avais pris 5kg en Erasmus et que j'avais passé des mois à faire du sport et réussi à m'affiner et faire disparaitre ses kg à l'oeil mais pas sur la balance, elle persistait à me dire "70kg c'est trop gros faut que tu perdes !", sans constater mes efforts... bref quand on en parle le ton monte vite du coup et j'ai des trémolos dans la voix. Mais ma mère aussi a eu des soucis de poids et s'est toujours trouvez grosse même quand elle ne l'était pas et, 4enfants plus tard, elle n'a pas réussi à perdre ses kg de grossesses. Elle doit avoir peur en voyant le poids qu'elle a pris durant sa vie que j'en prenne autant en étant déjà dodue jeune... je ne sais pas... Mais elle n'a pas été pareille avec mes soeurs qui n'étaient pas en surpoids jeunes, pourtant ajd aucune de nous n'est mince... Mais c'est toujours moi qu'elle "surveille".

@Nastja Je ne sais pas si j'ai un idéal, mais c'est sûr que j'aimerai des cuisses plus fines, moins de ventre, des bras plus fins... mais avant tout, j'aimerai pouvoir m'aimer comme je suis. Aimer ce corps qui me porte partout, qui est a des formes, mais en forme. Qui me permet de faire toutes ces choses que j'aime et qui est, objectivement, sain malgré les kg en trop. Objectivement, à part l'esthétisme, je sais qu'un corps plus fin ne fera pas un meilleur travail que le corps que j'ai maintenant. Et le côté esthétique d'un corps fin je ne sais pas si je le désire parce que j'aime vraiment ou si c'est à cause de ces filles minces qu'on montre partout, cet idéal standard qu'on nous affiche partout et pousse à aimer dès le plus jeune âge...

 

[Mijou]

A la réédition de ce témoignage, je suis toujours sidérée de voir à quel point un chiffre, qui est l'un des rares chiffres qui ne soit pas du tout objectif car il dépend de pleeeeein de facteurs, peut conditionner tout une façon de penser et induire une spirale tellement destructrice, que j'ai moi aussi connu.

Je suis en surpoids, depuis la primaire, et j'ai comme beaucoup ici fait le yoyo... il y a un poids "palier" que je redoute d'atteindre, mais quand je repense aujourd'hui à tous ces chiffres qui ont pourrit ma vie, je suis sidérée.
J'ai une grosse charpente, de gros os, et pas mal de masse musculaire (sport depuis toute petite puis métier physique depuis mes 19 ans). Mesurant 1,70m, mon poids de forme, que j'ai conservé grosso modo de mes 18 à 25 ans, c'est-à dire celui qui restait stable et surtout dans lequel je me sentais bien (le mieux en tout cas) était 80 kilos et une taille 44... Soit en suproids selon les standards et ces conn*** d'IMC, en attendant j'avais une silhouette qui sans être mince était harmonieuse et sportive. Je collectionnais les relations, sentimentales ou coups d'un soir, et c'est la seule période où je n'ai jamais eu de remarques désobligeantes sur mon apparence. Quand je regarde les photos de l'époque je ne me trouve pas grosse. Pas fine, mais pas grosse.

A une époque, j'ai fait un burn out, je suis descendue à 70 kgs et une taille 42, tout en continuant un métier physique.Tout mon entourage me trouvait " trop mince" (ce sont leurs mots), sur les photos ma tête parait énorme par rapport au reste de mon corps et le reste fait bizarre par rapport à ma carrure (épaules et hanches). Et moi je me sentais mal, je me sentais fragile physiquement, j'avais tout le temps froid. Pourtant j'avais toujours un bon capital muscle (ce qui explique mon poids sur la balance, toujours au-dessus des normes acceptables selon la presse "féminine", celle qui est toxique et te dis qu'il faut faire 10kgs de moins que tes centimètres, et pour laquelle j'aurais du perdre encore 10 kgs), et notamment le bas de mon corps qui conservaient des formes toniques, mais des formes. Mais ma silhouette pour le coup n'était pas du tout harmonieuse. A l'époque j'en revenais pas de rentrer dans un 42, d'avoir si peu de ventre, ou de bras, j'étais même contente du fond de ma dépression (liée au burn out), puis j'ai réalisée que je n'avais en réalité pas en corps en bonne santé... En plus, j'avais les inconvénients de la perte rapide de poids, notamment au niveau des bras, où la peau pendouillait.
Et pourtant, si on regarde les chiffres... j'étais toujours "grosse".

Aujourd'hui, je me stabilise, toujours au dessus de mon poids de forme que j'aimerais retrouver, mais sans que ça me pourrisse la vie. En tout cas je suis stabilisée en ayant changé de boulot pour un travail de bureau, en ne mangeant pas toujours très bien et en faisant du sport de façon épisodique. Je me réconcilie peu à peu avec mon corps, comme il est.
Mon gynéco m'a dit une phrase très juste (avec son humour un peu space que j'adore) : "vous ne serez jamais sylphide, c'est pas votre nature ! Si vous n'êtes pas bien dans votre corps, ce qu'il vous faut c'est faire du sport... mais pas pour maigrir !" Je trouve ça assez juste.