Je ne supporte les moments où tu es tellement enfermé dans un schéma qu'au moment d'en sortir, tu prends peur. C'est assez lié à l'article « Je ne rentre pas dans une case » finalement : ce que je ne supporte pas, c'est la performativité des cases : tu as un certain comportement, les autres apprennent à te connaître comme ça, du coup ils sont habitués à te voir agir de la sorte, et finalement comme tu sais/penses qu'ils seraient surpris ou choqués de te voir agir différemment, tu te mets des barrières à toi-même sur certains sujets, même si c'est pas forcément des barrières conscientes, même si tu ne t'en rends pas forcément compte sur le coup.
Bon, moi j'essaie de me détendre à ce sujet. Maintenant je m'autorise à porter des talons un jour et des docs le lendemain alors qu'avant j'avais peur de mettre des talons, je pensais que ça ferait trop féminin pour moi et que ça choquerait. Je m'autorise à proposer aux autres de boire dans mon verre alors qu'avant j'avais la flemme parce que je savais qu'on me dirait « Quoi ? Toi tu proposes de goûter ? Mais je croyais que tu détestais qu'on touche à ton assiette ou ton verre

». Je n'évite plus les incohérences, je les amène progressivement pour qu'on cesse de les voir comme des incohérences.
Mais il y a certains points pour lesquels je sens que l'image que je me suis forgée (sans forcément l'avoir désiré) me restreint encore dans mon champ d'action.
Je m'en plains mais c'est la faute de personne, c'est normal, c'est la vie. On a tous besoin d'un minimum de repères pour appréhender les autres, on se constitue tous une image des autres à partir de ce qu'on a l'habitude de voir d'eux. Une personne qui change d'attitude du jour au lendemain c'est forcément un peu déstabilisant. Sauf que je pense qu'il y a des gens qui prennent cette classification permanente plus à la légère, et c'est peut-être justement les gens qui sont les plus détachés du regard des autres. Ils ne se demandent pas si ça colle à leur image, si ça va surprendre, ce qu'on va dire d'eux... Ils font leurs expériences. J'admire ces personnes-là, je trouve que c'est faire preuve d'une grande maturité que de vivre sa vie sans se fixer des limites souvent fantasmées.
Et c'est pour ça que l'article sur les cases aurait grave pu m'intéresser. J'aurais beaucoup aimé lire le témoignage d'une personne qui s'est affranchie de cette peur du regard des autres, et un témoignage qui, au-delà d'une série d'exemples, aurait proposé une interprétation.
Pas citer svp, je raconte beaucoup trop ma vie là et j'éditerai
