Perso, cela me prend beaucoup d'énergie mentale de minuter mon temps afin d'être ponctuelle. Certes, je suis à l'heure la plupart du temps et, généralement, les fois où j'ai peur d'être en retard, je me retrouve à arriver pile à l'heure (ou en tout cas avant l'autre personne) ou avec un retard de 10' maxi.
Et je pense que je préfèrerais devenir quelqu'un de moins regardant sur les horaires (avec pour conséquence un taux de retard plus important) si cela me faisait gagner en tranquillité d'esprit.
J'ai l'impression de passer beaucoup de temps à essayer -et la plupart du temps réussir- d'être à l'heure... pour me retrouver à attendre parce que les autres ne le sont pas.
Je n'ai pas envie d'échanger ma manière de faire avec quelqu'un qui est souvent en retard ET en état de stress par rapport à son retard, mais quelqu'un qui est en retard et qui s'en fout, carrément! Ca a l'air tellement plus confortable.
Sinon, je trouve que je vis très différemment les types de retard :
- je vis assez bien les retards pour lesquels je SAIS combien de temps j'aurai de retard / la personne en face de moi aura de retard.
- le train a percuté un sanglier, j'aurai une heure de retard : ok, je sais à quelle heure j'arriverai, je peux prévenir, ce n'est pas de ma faute donc
- une amie qui a quasi toujours quinze minutes de retard minimum et me tient au courant par intervalle de cinq minutes à partir de l'heure de rdv convenue. Ça me va, j'essaie même d'intégrer son retard dans mon horloge mentale mais... j'arrive quand même très souvent à l'heure dite plutôt que +15'
- une personne qui prévient la veille qu'elle aura du retard : je n'organise pas subtilement ma journée en fonction d'une heure qui n'est pas la bonne. Ce n'est pas du tout du fait de la personne mais j'ai tendance à me mettre en mode "attente" quand j'ai un rdv et ça m'empêche de me lancer dans des choses que j'aimerais faire
- je vis TRES mal les retards flous qui suspendent ma capacité d'agir :
- quand la personne est censée arriver et ne donne aucune nouvelle/ n'est pas joignable. Je me retrouve systématiquement à me demander si j'ai le bon lieu/heure/jour avant de relire les messages, me rendre compte que j'ai raison.
Certaines personnes de ma famille comptaient leur retard en jours quand j'étais enfant.
Exemple :
Mon père avait dit qu'il passait nous prendre le samedi après-midi. Arrivé midi : on a fait notre sac, on attend devant la porte d'entrée vitrée et on guette les bruits de voiture.
A 14h : ma mère nous fait manger. On mange vite pour ne pas être interrompu·es par la venue de mon père.
A 16h, ma mère appelle mon père (pas de portables à l'époque, donc on ne peut pas appeler mi-voyage) : "oh, je suis fatigué, je n'ai pas pris la route, j'arriverai demain". Sachant que le trajet prend minimum quatre heures : donc il aurait pu prévenir... 5h avant ? Bon, en vrai il devait dormir mais... s'il était à ce point fatigué (ce dont je ne doute pas), un appel la veille pour décaler ne constituait théoriquement pas une impossibilité absolue.
Du coup, ma mère est écumante de rage et explose au téléphone puis devant nous, on est super déçu·es (et je crois qu'on lui en veut subtilement à elle plutôt/autant qu'à lui je sais pas trop pourquoi), on a foutu un samedi en l'air.
Le pire dans l'histoire, c'est que mon père ne faisait même pas ça dans l'optique de garder un contrôle sur ma mère/ses enfants (certes, le résultat était le même : on avait passé la journée à l'attendre) mais parce qu'il n'a jamais compris que les autres ne sont pas télépathes et qu'il faut donc les informer de ses changements de plan.
- je dois partir avec quelqu'un et cette personne est en retard. Et je ne peux pas partir seule (quoique, je pense que je m'interdis de le faire mais je pourrais sans doute dire "ça me stresse de t'attendre, je t'ai demandé X fois d'être prêt·e à X heure, il est X heure +xx, je pars sans toi parce que cela me gêne trop").
Et la personne de se lisser les cheveux, de s'interrompre mi chaussage (réellement, je connais quelqu'un qui peut mettre sept minutes à enfiler ses chaussures), nettoyer son frigo... Et je dis : on est censé·es partir à telle heure... on était censées être parti·es il y a dix minutes, on a déjà X minutes de retard, je pense que je vais partir seule, tu me rejoindras en route... et l'autre : mais t'iiiiinquièèèète on est laaaaaaarge.
Il y a sans doute des gens qui sont capables de s'occuper tranquillement en attendant l'arrivée floue de quelqu'un sans que cela influe sur le contenu de leurs activités mais cette aptitude m'échappe complètement.
Les seules fois où j'y parviens, ça reste un semi-échec parce que je fais
exprès de démarrer une activité qui fera que l'autre devra m'attendre une fois arrivé·e (je pense surtout à des configurations amoureuses). Et malgré ça, ça m'arrive d'avoir fini l'activité en question avant que l'autre n'arrive (en vrai, pour une de mes relations, le pauvre était tributaire de la voiture en IDF, autant dire qu'il pouvait arriver avec entre 10' et 1h de retard et qu'il pouvait difficilement 1) m'envoyer un message 2) estimer son temps de retard. Donc 1) il se tapait une heure de bouchons 2) il se retrouvait avec quelqu'un qui tremblait de rage parce qu'elle avait passé une heure à l'attendre/à perdre son temps.
Au final, il avait appris à me donner des estimations très larges (donc il arrivait un peu en avance par rapport à ce qu'il avait dit et j'avais appris à lui exprimer ma frustration (ce qui faisait beaucoup descendre cette dernière).
C'est fou à quel point le moment de bascule j'ai hâte de le retrouver / j'ai envie de lui hurler dessus était nette dans le processus d'attente.
Bref, dans l'hypothèse ou je me retrouve quelqu'un, il faut vraiment qu'iel gère mieux le temps (et la communication) que mon père parce que ça risque de se finir en coup de poêle à frire dans la tronche.