Bon. Donc. J'ai conscience au vu des réactions sur le forum que je vais me faire démolir... Mais, sur ce sujet, je me sens obligée de réagir. Parce que je m'y suis pas mal intéressée, après avoir eu une discussion avec des amies qui disaient ne pas vouloir d''enfants. Et je dois dire que je peux "comprendre" les personnes qui ne veulent pas avoir d'enfants (du moins, je peux sans aucun problème accepter leur choix : c'est leur vie, elles font ce qu'elles veulent, ça ne changera rien à la mienne), SI et seulement SI ces personnes ne commencent pas à avancer des raisons pourries pour justifier un choix, qui est, en soi, difficilement justifiable (je vais y revenir par la suite pour expliquer pourquoi). Car oui, j'ai eu le droit au fameux : "ouiiii, mais moi, je lutte contre la surpopulation future de la planète en ne faisant pas d'enfants, donc c'est un choix altruiiiste, tu voiiiiis". (
) Ou à : "moi, je suis anticonformiste, je ne me laisse pas dicter mes choix par la société. Donc ne pas avoir d'enfants, c'est un gros fuck la société" (sic...). Ou "ouaiiis, mais attennnnds, vaut mieux ne pas avoir d'enfants que toutes ces personnes qui en ont, et sont même pas capables de s'en occuper".... Et ce genre de réponses, ça a le don d'un peu m'énerver... Parce que c'est totalement hypocrite : QUI se dit "oh, il y a surpopulation. Pour lutter contre ça, je n'aurais jamais d'enfants". Personne. On ne veut pas d'enfants, parce qu'on ne veut pas d'enfants. Point. Pas la peine d'évoquer des raisons toutes plus stupides les unes que les autres pour essayer de se justifier.
(et, en passant, la raison de la surpopulation, un tueur en série peut aussi l'utiliser pour justifier son choix : "ouais, j'ai tué pour lutter contre la surpopulation future de la planète. C'était un acte altruiste". On voit bien que c'est une justification complètement stupide, qui peut s'appliquer à beaucoup de choses.
Et en plus, si on veut vraiment, vraiment, vraiment lutter contre la surpopulation, et penser au bien de la planète, et qu'on ne veut pas ne pas avoir d'enfants.... Bah, on adopte. Car en plus de la protection de la planète, on rend quelqu'un heureux en lui offrant une meilleure vie. Donc on voit bien que le fait de ne pas avoir d'enfants est totalement indépendant de son souci de pollution de la Terre).
Donc, quand j'ai vu ce sujet, je me suis dit : "Huuuummm.... Est-ce que quelqu'un ENFIN oserait assumer son choix en disant "oui, je suis une égoïste, qui tient à vivre sa vie comme elle l'entend sans être embêtée par une petite créature vagissante, et je vous emmerde, je vis ma vie comme je le veux""???
Et ben non. Paf. Raté. Enfin, à moitié raté. Parce que, oui, tu n'as pas avancé la raison stupide du surpeuplement, que j'ai souvent entendue (et qui a très sincèrement le don de me mettre en pétard). Cependant, tu continues de clamer haut et fort : "mais noooon, ce n'est pas un choix égoïste. Je ne suis pas quelqu'un d'égoïste. Je vous assure. Pas égoïste du tout. Mais siiii, je vous assure, je ne suis pas égoïïïïsteeeuuuh.".
Parce que, que tu le veuilles ou non, C'EST un choix égoïste. Je sais que ça peut être difficile à entendre et à assumer (très peu des personnes ne voulant pas d'enfants avancent leur égoïsme pour justifier le fait qu'ils ne veulent pas d'enfants), mais c'est pourtant ainsi. Mais tu sais, en fait, ce n'est pas très grave de se montrer égoïste – nous le sommes tous plus ou moins, et, en tout cas, tous nos choix nous sont plus ou moins dictés par de l'égoïsme.
Alors, pourquoi est-ce égoïste? En fait, c'est facile à justifier : l'égoïsme se définit comme "l'attitude d'une personne dont les actions ou les idées sont uniquement orientées par ses propres intérêts" (oui, je suis allée faire un petit tour sur Wiki
). Là, en décidant de ne pas avoir d'enfants, tu penses avant tout à toi : tu ne veux pas que qqch t'encombre dans la vie de tous les jours, tu veux être libre comme l'air toute ta vie, tu veux pouvoir disposer de ton argent et de ton temps comme tu l'entends. C'est ton intérêt à toi qui prime, pas celui de la société, pas celui de l'espèce humaine, pas celui de ton entourage. D'ailleurs, ça se ressent très bien dans ton billet : "mes objectifs", "ma vie", "quand j'en ai envie", "ma version de la vie dont je rêve"... Ton post est parsemé de "moi", "mon", "je"...
Concernant la société, il y a une chose que tu as dit, et qui me fait bondit : "La société attend de tout être disposant d’ovaires qu’il définisse sa vie selon le projet à court ou à long terme de mettre bas.". Non, mais attends, la SOCIETE????.... Primo, ce n'est pas la société qui attend cela, c'est la VIE. Oui, la vie. Notre seule et unique raison d'être sur Terre, c'est de procréer, c'est de faire en sorte que notre espèce perdure en faisant des enfants. Il n'y a strictement AUCUNE autre raison de notre présence ici-bas. Au-cu-ne. En soi, la vie d'un seul être d'une seule espèce est totalement insignifiante – à moins, encore une fois, qu'il ne participe à la survivance de son espèce, à la continuation du cycle de la vie (c'est l'histoire de la viiiiiiie
).
Deuxio : bah évidemment qu'une société attend qu'on fasse des enfants... Q'on dispose d'ovaires ou de testicules d'ailleurs (mais la pression est moins importante pour les hommes, parce que, désolée messieurs, mais vous avez un rôle nettement moins prépondérant dans la conception de l'enfant que la femme – ils ne font qu'apporter la moitié de leur génome, donc réalisent quoi? 1% du job?). Et si une société attend qu'on fasse des enfants, c'est tout simplement parce qu'une société qui ne fait pas d'enfants est une société qui se meure... Vu qu'une société est composée d'humains, son but est sensiblement le même que celui de l'espèce humaine : continuer à perdurer, coûte que coûte. Donc oui, tu as le droit de parler de "dernier tabou de la société", si tu veux. Parce que je doute qu'un jour, le droit de ne pas avoir d'enfants que tu revendiques soit considéré comme qqch de normal... Car non, encore une fois, je me répète, ça ne l'est pas : nous sommes des animaux, nous sommes faits pour avoir des enfants, toute notre existence est centrée autour de ça. Du point de vue de la vie, avoir des enfants est un devoir, et non un droit, contrairement à ce que tu dis (bien entendu, de ton point de vue, c'est l'inverse – et c'est ton droit de penser comme ça
). (D'ailleurs, petit nota bene : non, voter n'est pas un droit, c'est un devoir!
).
En passant, je n'ai pas compris ta notion de l'altruisme.... Tu as plus ou moins dit dans ton post "je ne suis pas la norme, donc je suis altruiste". L'altruisme c'est le fait d'effectuer des actions qui seraient bénéfiques à des individus autres que soi-même.... Donc en quoi ne pas être dans la norme est un acte altruiste? Et, si l'on va plus loin, en quoi ne pas avoir d'enfants est un acte altruiste?.... Ca, ça me laisse pantois....
Je sais que tout mon discours peut sembler terriblement moralisateur et accusateur... Encore une fois, je comprends qu'il s'agit de vos vies, et que vous en faites ce que vous voulez. Et je suis tout à fait d'accord avec vous : vous êtes libres de mener vos vies comme vous l'entendez, avec ou sans enfants.
Mais si j'ai tenu à faire ce pavé, c'est pour que vous cessiez d'évoquer des raisons diverses et variées (et souvent stupides) pour justifier ce choix, et que vous assumiez l'égoïsme de celui-ci (encore une fois, ce n'est pas grave de se montrer égoïste. Ca l'est bien plus, pour moi, de faire passer de l'égoïsme pour de l'altruisme, ce pourquoi je réagis ici).
Et, de toute façon, mieux vaut ne pas avoir d'enfants que d'en avoir un et que vous soyez malheureux tous les deux (toi, parce que tu ne seras pas libre comme tu le souhaites, et lui, parce qu'il sentira que sa maman n'est pas totalement heureuse).
Et je te soutiens totalement face aux gens qui disent autour de toi "mais ça va venir avec le temps", blablabla... Ca, ça doit être drôlement chiant à entendre!
P.S. : Je tiens juste à revenir vite fait sur quand tu dis que tu n'as pas eu une enfance malheureuse. C'est très rarement le cas, la plupart des personnes ne voulant pas d'enfants ont eu une enfance très heureuse. Avec néanmoins soit une mère très présente (voire étouffante), ou au contraire une mère plutôt absente (pour laquelle l'enfant a pu d'ailleurs avoir l'impression qu'avoir un enfant fut un choix imposé, et non totalement voulu). C'est valable pour le père aussi. Je ne dis absolument pas que c'est ton cas, tu as peut-être eu des parents parfaits, c'était juste pour préciser!