Je suis enceinte… je fais quoi ?

[Pinceau_]

Je ne vois pas en quoi c'est "choquant" de dire que l'embryon n'est pas un bébé mais bel et bien un amas de cellules ? C'est une réalité scientifique, on ne va pas dire le contraire quand même !

Justement, c'est une réalité scientifique. Pas une réalité morale, ni spirituelle, ni religieuse, ni même mentale. Uniquement scientifique. Bon, ça sort un peu du débat, ça part un peu dans le côté philosophique/métaphysique, mais il est bon de se souvenir que la science évolue toujours, aujourd'hui on considère scientifiquement que l'embryon est un amas de cellules, peut-être que dans 50 ans on se rendra compte qu'il y a une particule particulière qui se crée lors de la rencontre des gamètes, et que cette particule est la cause de "la vie". Je considère que "La Réalité" n'existe pas, chacun a sa propre réalité.

@Bêbêle Oui c'est vrai, néanmoins l'article se veut une liste des possibilités qui s'offrent à une jeune fille enceinte, et se dit neutre, ce qu'il n'est pas.

@Laheria La cible de madmoizelle.com c'est plutôt 15/25 ans il me semble.

 

[Laheria]

@Disarming @Ptit_Lili @Pinceau_ Merci j'ai pensé après coup que j'aurais pu aller chercher moi-même. Honte éternelle !

 

[Tourterelle]

Salut,
je viens mettre mon grain de sel en tant que vieille qui a accouché : une grossesse ça coûte très cher.

La mienne a coûté autour de 8000€ en prenant en compte absolument tout, de la première échographie de datation jusqu'à ma sortie de la maternité. Je n'ai pas pu me faire rembourser tout, malgré que j'ai une bonne mutuelle et que j'ai essayé de ne faire aucun dépassement d'honoraires. Il m'en est resté environ 1200€ de ma poche. Je détaille :

- pas mal de petits maux de la grossesse sont adoucis par des médicaments peu ou pas remboursés. On peut certes choisir de s'en passer, mais quand on subit ces petits maux on vit mieux en se soignant. Ça varie évidemment énormément d'une femme à l'autre, et vous pouvez tout à fait traverser une grossesse sans jamais rien prendre, et je vous le souhaite !
- Il est parfois difficile de trouver un professionnel ne faisant pas de dépassements d'honoraires. Pour les trouver, il y a le génial site http://annuairesante.ameli.fr/ sur lequel on peut faire une recherche par secteur : secteur 1, ça veut dire que le professionnel de santé applique le tarif le plus bas, donc que vous devriez théoriquement être intégralement remboursée.
- le choix de l'hôpital où vous accoucherez : il y a du privé et du publique, je ne suis pas spécialiste mais peut-être que des Mad peuvent détailler. À partir du moment où vous êtes inscrites, essayez de faire tous les rendez-vous médicaux et les ateliers de préparation à l'accouchement dans cet hôpital, ça diminue les risques d'avancer des frais dont on n'est jamais 100% sûr qu'ils seront remboursés.
- La préparation à l'accouchement j'avoue, c'est à cause de ça que mon accouchement a coûté si cher, car je l'ai fait avec une sage-femme libérale qui prenait 75€ par séance alors que la sécu n'en rembourse que 25. Vous pouvez tout à fait trouver une préparation gratuite dans votre maternité.
- Et enfin, l'accouchement en lui-même est très cher mais pris en charge par la sécu, par contre la chambre simple (si vous voulez être seule dans votre chambre) est à vos frais, et ça chiffre très vite ! J'ai eu une mauvaise surprise avec ma mutuelle dont j'étais persuadée qu'elle me rembourserait la chambre (c'est un des trucs évidents qu'est sensée faire une mutuelle) et en fait non.
(On pourrait aussi parler de la rééducation du périnée, qui est indispensable et pour laquelle il y a aussi de bonnes chances d'avoir des dépassements d'honoraires non remboursés par la mutuelle. Je ne l'ai pas comptée dans mes 8000€, c'est une vingtaine de séances de kiné ou sage-femme libérale, et c'est vraiment important de le faire !)

Voilà, tout ça pour dire que ça mériterait presque un article sur «Comment ne rien payer pendant sa grossesse», parce que c'est bien de vouloir rassurer les gens en disant que c'est possible, mais c'est très théorique !

Déjà, c'est une évidence, si vous êtes présentement pas ou mal inscrite à la sécu (c'était mon cas), si vous avez perdu votre carte vitale, si vous êtes une quiche avec les feuilles de soin, ou si vous n'avez pas les nerfs de harceler votre mutuelle pour savoir comment déclarer quel type de dépenses, vous aurez très probablement des frais, et ils peuvent être importants !

Je me souviens aussi d'une amie qui a dû avorter en urgence et qui, mal renseignée, est allée dans une clinique privée où elle a payé de sa poche... Dans l'urgence, dans la confusion de la situation, face à son corps qui met un processus en route sur lequel on ne peut pas faire pause, il est facile de faire des erreurs.

Bon courage à toutes, et n'hésitez pas à demander de l'aide

 

[Fanfantasyland]

@jorda
Certes, mais en ce cas, je trouve que c'est un peu hypocrite. Autant que cette dame du Planning familial milite pour un allongement de la limite de l'avortement. Car je me trompe peut-être, mais je ne me rappelle pas que ce sujet ait été débattu ces dernières années en France.

Sinon, sur cette phrase en particulier :

C'est pourtant ce que beaucoup de gens font.
Quand une loi ne plaît pas (voire punit pénalement) et que dans le pays voisin il y a la loi inverse, on trouve légitime d'aller dans le pays voisin, et je trouve que c'est normal.

Je la trouve dérangeante... Car en ce cas, on peut tout faire, tout se permettre! Je ne sais pas, mais certainement que les évadés fiscaux ont finalement très exactement le même raisonnement... Ca concerne bien sûr un sujet tout autre que celui de l'avortement, mais avec une logique finalement similaire : la loi de mon pays ne me plaît pas et va à l'encontre de mon intérêt actuel? Alors je vais voir ailleurs!... Un telle logique, c'est donné le blanc-seing à beaucoup de dérives au final...
Pour moi, les lois dans un pays existent toujours pour une raison donnée. Je ne sais pas ce qui justifie cette limite de 12 semaines en France, mais il y a sans doute une raison à l'origine. Après, rien n'empêche un changement si le besoin s'en fait ressentir, et s'il n'y a pas plus de risques pour la santé de la mère.
C'est ainsi que je conçois les choses : je préfère essayer de changer les lois de mon pays si celles-ci ne sont pas/plus justifiées plutôt que d'essayer de les contourner. Après, quand une femme fait un déni de grossesse et s'aperçoit à 15 semaines qu'elle est enceinte, et qu'elle ne peut pas avorter : oui, ok, à la limite. Mais de la façon dont s'est dit, j'ai eu l'impression d'une dimension "vous découvrez que vous êtes enceinte de 11 semaines moins un jour? Vous inquiétez pas, vous pouvez prendre votre temps pour réfléchir, rien ne presse, vous pouvez prendre le temps de la réflexion pendant quelques jours voire quelques semaines et au pire aller dans un autre pays". C'est une impression que j'ai eue, mais peut-être que je me trompe.


Sinon, le Danemark autorise vraiment 24 semaines?... Alors, autant je veux bien être ouverte d'esprit, mais tout de même, 24 semaines, c'est presque 6 mois, ce n'est plus du tout un embryon... Là, c'est plutôt un bébé "en maturation", et à quelques semaines près, il serait même viable... Je trouve dérangeant qu'on autorise l'avortement à un stade aussi avancé de la grossesse. Sans compter que j'imagine qu'à ce stade-là, c'est dangereux pour la mère.

 

[jorda]

@Gabelote

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@Fanfantasyland en fait on part du principe que les lois d'un pays sont "justes". Sauf que ce n'est pas toujours le cas. Oui un pays a des raisons pour instaurer ses lois. Pour autant, est-ce que ce sont forcément de bonnes raisons? Il y a beaucoup à débattre dans ce genre de sujet.... et puis il peut aussi y avoir des blocages culturels qui feront que les lois ne bougeront pas. Et même s'il y a des lois qui autorisent certaines choses, la mentalité du pays pourra faire que dans les faits ça sera extrêmement compliqué à obtenir, du coup, l'étranger devient à nouveau une piste.
Sinon, c'est les pays-bas où c'est 24 semaines... et c'est un pays qui est du coup pas mal sollicité pour les situations particulières d'avortement, justement...
Après, ce n'est pas à la portée de tout le monde d'aller dans un autre pays...

 

[Gabelote]

@jorda ce que tu expliques confirme tout ce que j'avais à dire sur le sujet : c'est extrêmement complexe d'avoir une réglementation qui satisfasse tout le monde sur le sujet. Car on est bien d'accord qu'il y a une réelle souffrance des enfants nés sous X (je vais pas parler de filiation, on est sur le forum de madmoizelle).
Sur le droit à savoir, il est protégé par la Convention des droits de l'enfant, il me semble que la France est signataire mais n'a pas ratifié (c'est pas pour excuser que je précise ça, c'est juste pour avoir un peu de contexte).

L'enfant existe, elles le savent et elles n'y pourront rien

Du point de vue de la mère, si elle y peut quelque chose : elle peut se prémunir contre toute apparition de cet enfant dans leur vie future.
J'essaye de me mettre dans la peau d'une femme qui n'a pas eu trop le choix, qui a accouché sous X, qui ne veut pas entendre parler de cet enfant qu'elle n'a voulu, et pour laquelle la grossesse a pu avoir un effet dévastateur. A la place de cette femme, je ne voudrais pas me dire, 18 ans plus tard "il.elle peut surgir à tout moment dans ma vie".

fait que le bassin ne soit pas assez bien formé pour laisser passer un bébé par voie basse.

Y'a des milliers d'accouchement de très jeunes filles un peu partout dans le monde chaque année. Il me semble que le seul facteur de surmortalité soit la qualité des soins, et non l'âge ou la physiologie de la mère. Je connais une femme, 45kg, 1m50 (à peine), un physique de brindille, qui a eu avec succès 4 enfants par voie basse, et pourtant elle a un plus petit gabarit que bien des adolescentes.

 

[ColonelDandelion]

J'avoue (cela a pas mal dérivé sur un autre article donc j'ai hésité à poster), je suis assez d'accord avec @Laheria et @Pinceau_ sur le traitement.

J'aurai apprécié un passage plus long sur le fait de se poser la question "est-ce que tu veux vraiment cet enfant (ou non) et oui, tu peux le vouloir même si tu n'es pas soutenu".

Car oui, on peut tomber enceinte, et se dire que la réaction "raisonnable" c'est d'avorter.

 

[Marcelline P.]

Tout d'abord, merci pour cet article vraiment nécessaire dans le contexte actuel de réaffirmation d'un authentique choix !
Seul bémol, comme l'ont souligné les premiers commentaires (j'avoue n'avoir pas tout lu) : il manque pas mal d'informations sur le versant "je le garde" de l'article. C'est très dommage, parce qu'elle est là aussi, la clef du choix. Féministes, on se bat pour avoir l'égalité effective des droits, donnons aux divers sujets l'égalité effective dans l'information ! o/ ^^

Je souhaiterais aussi voir apparaître sur MMZ une rubrique dédiée à la maternité : j'ai beau être jeune (24 ans) je connais pas mal de filles ayant déjà un enfant et franchement, ce serait bien que MMZ offre son regard déculpabilisant, léger tout en étant sérieux et comme celui d'une bonne pote bien renseignée à toutes ces madz (perso j'en ai marre de devoir, pour me projeter sur ce que c'est que d'être mère, aller sur des sites culcul-la-praline ou peu adaptés aux codes de notre jeunesse...) BREF. Décomplexons AUSSI les jeunes mamans

 

[Esther]

Alors, pour répondre à un certain nombre de questions...

Je ne vais pas citer tout le monde puisque clairement vous êtes beaucoup à avoir réagi sur ce point, mais l'absence de mention de l'accouchement sous X est en effet un manque dans l'article, pour différentes raisons techniques, MAIS : on en parlera bientôt ! Ça mérite clairement d'être évoqué, je suis d'accord avec vous.
Pour ce qui est du déni de grossesse en revanche, je pense que c'est un sujet différent dans la mesure où lorsque vous êtes en déni de grossesse, le fait est là, vous êtes enceint•e. Ca pourrait faire l'objet d'un autre article, mais je ne pense pas que ça avait sa place ici.

Ensuite, quant au ton de l'article qui serait orienté, je pense que c'est à relativiser. J'ai cité Véronique Sehier en ces termes :
« Il y en a aussi qui nous disent « moi je veux le garder, mais chez moi on ne veut pas ». C’est pour ça que c’est important qu’à un moment donné il y ait une rencontre avec la personne seule. »
Ca marque pour moi le fait que l'avis de la personne enceint•e prime avant tout, et on le répète plusieurs fois.
Mais il faut aussi noter le contexte dans lequel on baigne en ce moment, avec une offensive des anti-choix qui est assez virulente entre afterbaiz, les survivants et leurs différentes (et nombreuses) actions... Le climat actuel culpabilise bien plus à mon avis les personnes qui souhaitent avorter que celles qui veulent poursuivre leur grossesse, d'où le fait que l'article insiste sur cet aspect là davantage.

@Theiaiko Vraiment désolée de ne pas avoir mentionné les puéricultrices, mais c'est une citation qui n'avait pas pour but d'être exhaustive à mon avis... (je pense qu'il y a encore bien d'autres corps de métiers qui agissent dans ces PMI, non ?) Pardon pour ça !

 

[jorda]

@Gabelote

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[Illyria]

Pardon, mais pour le fait qu'on n'appelle pas un embryon un bébé, cela n'a rien à voir avec le ressenti de chacun. C'est juste que la limite de l'avortement repose là-dessus. Si on commence à dire qu'on ne peut pas différencier de manière si stricte un embryon d'un enfant ou d'un bébé, on interdit l'avortement demain. Et par ailleurs, oui, les anti-IVG surfent largement sur cet argument.La séparation embryon/bébé pour une IVG est précisément la différence entre un avortement et un infanticide.
Du coup, ça me paraît quand-même important de mettre l'accent dessus.

Et cela ne nie en rien le droit des personnes ayant malheureusement subi une fausse couche à souffrir de cette perte. Beaucoup commencent à se projeter bien avant d'avoir atteint ce seuil légal.

 

[Gabelote]

@jorda
en fait j'ai confondu avec les USA pour la convention des droits de l'enfant. La France est bien signataire et a ratifié.
Tu m'excuseras de ne pas enchaîner, parce ce que j'aurais l'impression de me répéter. On est dans la confrontation de deux situations de souffrance extrêmes, et je ne souhaite pas poursuivre cette confrontation, je ne pense pas que ça apportera quoique ce soit au sujet d'échanger des "l'enfant souffre" "oui mais la mère aussi" sur plusieurs pages.