Je ne voudrais pas être redodante avec le commentaire de quelqu'un d'autre, mais je n'ai pas eu le courage de tout éplucher. Alors je me lance.
Premièrement, je trouve ça super comme initiative de faire de la prévention en écrivant un article sur la grossesse. Vraiment, j'ai l'impression en ce moment que les langues se délient, les solidarités se créent entre meuf/meuf, mecs/meufs, on se responsabilise, on s'émmancipe, ouverture des consciences, joie, CHOIX.
Mais j''ai aussi l'impression que les nouvelles générations réagissent en réaction aux discours précédents. Bien sûr qu'il faut sortir de la dichotomie bien/mal qui créée encore plus de souffrance et alimente les jugements moraux.
Seulement, à mon avis, un avortement n'est jamais anodin. Les médecins se donnent bonne conscience en hiérarchisant la vie, "quand il y a un coeur, c'est un peu un humain, quand il y a un cerveau d'avantage encore, et quand il te récite du Victor Hugo alors là, ça y est, il fait parti de l'humanité". Mais pour moi, un embryon c'est déjà un élan de vie. C'est déjà une vie. Et responsabiliser, c'est dire "oui, tu vas ôter la vie". Parce que c'est de la réalité, parce qu'on sort de sa toute puissance, parce qu'on ose affronter ses peurs, parce qu'on mesure son acte, parce qu'on s'autorise alors à ressentir ce que cela implique dans notre chair.
« On explique que ce n’est pas un bébé, c’est un embryon, ce n’est pas une personne. »
La vie me semble sacrée, dans toutes les formes de sa manifestations. A quelle minute je suis devenue une personne ? Quand mes connections neuronales se sont faites ? Quand mon pouce préhenseur à poussé ? Ou à la seconde où j'ai choisis, dans un niveau de conscience simplement du vivant, de me developper dans la corps de ma mère ?
On observe avec les méthodes thérapeutiques nouvelles, celles qui incluent la mémoires cellulaire, que des stress peuvent être enracinés dans les premiers mois foetal et déterminer des comportements à l'âge adulte si on ne les conscientise pas. Et que ce sont ceux là même qui sont parfois les plus tenaces. Truc de dingue non ? Alors comment douter que l'embryon soit vivant ? Que ce que nous avons vécu à ce stade puisse aujourd'hui encore nous avoir laissé des traces ? Est-ce si insignifiant que ça ?
Avoir un enfant a des conséquences, avorter a des conséquences. Quel avenir pour un couple qui a connu dans son intimité la mort d'un enfant ? Comment l'enfant futur peut-il grandir sereinement dans ce ventre qui a connu la mort ? Comment une femme dépasse t-elle la tristesse, la culpabilité, l'angoisse ?
Oui, c'est hyper important d'en parler, d'être soutenu par des personnes qui témoignent d'un respect profond et sans jugement pour le choix qui est fait. Je suis persuadée que reconnaître l'être vivant qu'on a avorté est la condition première pour pouvoir espérer se sentir gueri. Nier que c'est un acte engageant qui n'implique pas que "mon corps, mon choix" mais bien "mon corps, l'enfant, mon choix et tout un tas d'autre dimension", c'est pour moi passer à côté de la possibilité de faire un choix en conscience.
Je sais combien c'est un sujet sensible aujourd'hui, mais c'est un discours auquel je crois profondément et qui a du sens dans une cohérence globale du vivant, c'est pour ça que c'est important pour moi de l'écrire ici.