Bon, j’avais dit que j’avais fait le tour du sujet, mais d’autres problèmes ont été soulevés alors c’est parti Bobby !
En fait, il faut savoir que je ne parle pas de Jennifer Lawrence pour les mêmes raisons que je parle d’Amy Poehler ou Tina Fey (qui sont peut-être les seules personnes à qui je voue une sorte de culte tant je les admire en tous points) (talents mis à part : toutes trois en sont blindées). Amy Poehler, par exemple, j’en parle souvent pour mettre en avant son féminisme, sa maturité, son intelligence, son humour à la fois faussement crétin et définitivement adulte. Même chose pour Tina Fey. Jennifer Lawrence, c’est plus sa maladresse, son humour crétin, son potentiel d’identification. Oui, je pourrais relayer une déclaration de Tina Fey sur, mettons, le féminisme : elle serait probablement intelligente, posée, on pourrait sûrement en tirer un enseignement. Je ne sais pas si je pourrais le faire avec Jennifer Lawrence dans l’état actuel des choses. Je ne ferai pas non plus de news sur Amy Poehler qui mange des chips : quand elle est drôle, ce n’est pas par maladresse, c’est par maîtrise de l’humour. Oui, je l’ai fait pour Jennifer Lawrence : ça renforce encore à mes yeux son côté bonne copine un peu bourrin.
Pour ce qui est des phrases sexistes et tout ce qu’elle a pu dire : je ne la connais pas personnellement, mais je pense sincèrement que tout n’est dû qu’à de la maladresse et de l’ignorance partielle. Elle a 24 ans et 24 ans, c’est pas beaucoup. Quand on ne vit pas au quotidien avec ces sujets, on fait parfois des conneries. Il aurait fallu me connaître il y a quoi, deux ans, avant que j’arrive chez madmoiZelle : j’ai toujours été féministe, égalitariste, j’ai toujours prôné la tolérance envers toutes les formes d’amour, toutes les orientations sexuelles, tous les genres, plus généralement toutes les différences qu’un être humain peut avoir par rapport à un autre. Pourtant, il m’arrivait parfois de ne pas suffisamment creuser mon propos et de dire un truc pourri. Et encore aujourd’hui, je suis pas à l’abri de blesser des gens (je pense par exemple à mon souci de ponctuation sur l’article sur le GenderSwap). L’idée me déglingue et je prends toutes les précautions du monde en cherchant mes mots, mais c’est possible. Alors j’imagine même pas une fille qui n’a pas pris le temps de se renseigner, parce que c’est pas son boulot, qu’elle a peut-être pas le temps et peut-être aussi qu’elle a beau être pro-tolérance, elle n’a pas envie de potasser dessus. Elle est pas obligée, quoi. Ce qui nous est cher à nous, à vous, ne l’est pas forcément aux yeux des autres.
Évidemment, j’aimerais qu’elle se penche un peu sur les quelques conneries qu’elle peut dire, qu’elle se renseigne, qu’elle prenne de la bouteille sur les sujets plus sérieux : je l’apprécierais d’autant plus. Probablement que ça lui viendra, qu’elle ressentira le besoin de s’informer pour éviter les maladresses qui peuvent blesser (pas celles qui consistent à manger des chips). Ça me rappelle une anecdote de la vraie vie : un jour, j’étais à une, comment dire, « réunion » avec plein de féministes. Il y avait aussi un garçon de 19 ou 20 ans qui commençait tout juste à se renseigner pour théoriser son féminisme. À un moment, je discutais avec lui, et il a dit une grosse connerie. Pas parce que c’est un con machiste (il avait prouvé le contraire dans toute la conversation précédente), mais parce qu’il ne se rendait pas compte que ce qu’il disait était offensant à cause d’une mauvaise tournure de phrase. Pour moi, J-Law, c’est pareil : vu les sorties féministes qu’elle a eu, vu son combat contre la grossophobie, ça m’étonnerait que quand elle dit des trucs sexistes ce soit pensé. Je pense qu’elle ne maîtrise pas encore tous les outils de la communication : la preuve dans le supposé shy-shaming : elle dit qu’elle déteste les gens timides, mais dans le même article, l’auteur-e la cite disant qu’elle « déteste » sa famille parce que ses frères la tiraient par les cheveux et niaient l’avoir fait après coup. Elle ne contrôle pas ce qu’elle dit à 100%, quoi. Peut-être que ça lui ferait du bien de prendre des cours de media-training, mais pour l’instant, il semblerait qu’elle n’en voit pas l’intérêt.
Pour les personnes qui me reprochent simplement d’avoir fait une énième news sur Jennifer Lawrence : je dis ça de manière bienveillante (je précise parce qu’à l’écrit ça pourrait passer comme quelque chose de méprisant alors que pas du tout du tout), mais je ne m’excuserai pas d’avoir fait cette news. Je sais pas vraiment si c’est ça que vous attendez, je suis un peu perdue face à tout cet emballement, mais en tout cas je vais vous expliquer pourquoi :
- oui, je fais des articles inutiles puisque principalement dans le seul but de divertir, mais je ne mens jamais sur la marchandise : comme le dit @
Marie-Charlotte , le titre est très clair. Il dit « Jennifer Lawrence, ses Doritos et ses robes », et c’est strictement de ça dont parle l’article. Je ne tease pas façon « Jennifer Lawrence a encore fait la zozotte », « Jennifer Lawrence en a fait une bien bonne » ou un truc du genre. Le but, c’est que vous puissiez éviter l’article si vous n’en avez rien à péter.
- oui, les médias parlent tout le temps d’elle. Nous aussi, aussi, même si un peu moins. Dans notre cas, on en parle quand elle fait vraiment des trucs qui collent le plus à la partie divertissement de la ligne édito, je dirai : Jennifer Lawrence bashe la grossophobie, ça tombe bien, parce que nous aussi (autant qu’on vomit le thin-shaming et tous les trucs avec shaming derrière un trait d’union). Jennifer Lawrence est maladroite avec ses chips, ça tombe bien, parce que nous aussi, on passe notre temps à parler de bouffe. Jennifer Lawrence se fait spoiler et ne s’en remet pas : c’est une fille connue qui vit « le pire truc » qu’on peut vivre quand on aime une série. On peut s’identifier à elle, parce qu’elle est dans la spontanéité, parce qu’elle a notre âge et qu’elle n’essaie pas de contrôler son image. Je trouve ça personnellement amusant de me dire qu’une personne qui a une vie si différente de la mienne en termes de thune a finalement un quotidien qui se rapproche à fond du mien. Après pour ses problèmes de sphincter, j’en ai parlé parce que, contre toute attente, je suis une grosse flippée de toutes les substances qui peuvent sortir de moi, sans vouloir donner de détails : si je fais autant de vannes là-dessus, c’est que c’est un truc qui me complexe beaucoup trop. Une façon comme une autre d’apprivoiser un peu plus l’étron, quoi. Avec le recul, c’est peut-être la seule news sur elle que je pourrais « « « « regretter » » » » : j’ai oublié que la plupart d’entre vous avaient une façon tout à fait sereine de considérer leurs intestins et que du coup, ça interpellerait pas autant les lectrices que ça m’a interpellé moi.
- oui, certains ont été saoulés (en lisant tous ces « on n’en a rien à foutre », j’avais l’impression de voir la même chose, en plus développée et en plus intelligent, que ce qu’il s’est passé sur la page Facebook des Inrocks quand ils ont relayé le clip d’un groupe américain pour lequel ils avaient l’exclu avec Julie Gayet dedans). Mais d’autres, beaucoup, ont eu l’air de sourire en lisant cette news. Et puis je me suis pas dit toute seule « hihi, je vais parler de Jennifer Lawrence parce que je sais pas quoi faire et parce que je l’aime bien » : j’ai fait un crash test dans la rédac et celles qui m’ont répondu étaient pipousées + mon patron était pour que je sonarise ça. Pour moi c’était banco.
J’espère que le sujet sera bientôt clos et qu’aucune de mes phrases ne sera mal prises. Pour tout le reste, je trouve qu' @
Arrrum a parfaitement décrit mes intentions alors je vous renvoie à ses commentaires.
Paix et amour
SPP