je me pose la question, comment on compte la blonde qui se retrouve dans le corps d'un homme (Jack black) ?

genre, si les deux personnages féminins discutent DANS le jeu, alors que l'une d'entre elles est coincée dans un corps de mec, est-ce que ça compte quand même pour le test Bechdel? et du coup est-ce qu'on considère qu'il y a parité ou pas dans l'équipe d’aventuriers?
Je pense que les personnages sont à parité (la blonde s'identifie comme une femme, c'est seulement l'univers du jeu l'identifie comme un homme, elle est donc toujours une femme). En revanche, les acteurs non. Et tout dépend de la manière dont le film traite ça. Je faisais ce commentaire de la non-parité surtout parce que j'avais lu dans les pages précédentes que quelqu'un s'en plaignait!
Pourquoi se baser sur le test de Bechdel ?
Même s'il est intéressant, il comporte quand même de grande faille. Par exemple, Le 5ème élément qui est quand même un film avec une femme assez badass je trouve (dans mon souvenir en tout cas) ne le passe pas. Je trouve donc dommage de décrire un film selon ce test là.
Oui je suis d'accord que le Bechdel n'est pas un test infaillible. Souvent, un film le passe sans que les personnages féminins soient très bien lotis (par exemple, il suffit d'avoir quelques scènes sexistes où les femmes discutent shopping et cuisine entre elles sans mentionner un homme pour que le test soit positif). A l'inverse, certains éléments sont plus durs à évaluer (ex: si on a un film sur un groupe de femmes avocates, chercheuses, politiciennes ou scientifiques, il y a de fortes chances que leurs conversations de boulot parlent d'hommes célèbres ou influents sans pour autant que ces hommes soient jamais importants comme personnages - ça passe ou pas?) Mais je trouve qu'un film qui ne le passe pas du tout pose malgré tout question.
Pour l'exemple que tu cites, le personnage féminin est badass oui... mais ce qui est problématique c'est qu'elle soit présentée comme exceptionnelle dans un univers d'hommes qui sont eux plus ou moins normalement badass. Lilou est LA femme du film. Ce n'est pas la femme principale, ou la femme badass, c'est juste la femme. Alors que les hommes ont plein de personnalités, de fonctions etc. C'est donc aussi problématique que ce soit le seul personnage féminin marquant, ce qui continue à perpétuer l'idée que la norme est masculine, que le monde est construit par et pour les hommes, que les femmes s'organisent autour des hommes, réagissent en fonction d'eux, que le point de vue principal est masculin.
Le test de Bechdel permet d'évaluer la représentation des femmes dans une oeuvre et l'indépendance de leurs intrigues par rapport à celle des hommes, mais il ne peut pas mesurer l'intérêt d'un personnage féminin individuellement.
Donc on peut avoir des personnages féminins badass, passionnants, voire principaux, y compris dans des oeuvres destinées aux femmes et se rendre compte avec le Bechdel Test qu'il y a quand même un souci parce que l'oeuvre ne présente alors pas un panel de femmes cools mais UNE seule femme exceptionnelle cool au milieu de plein d'hommes. Par exemple, l'héroïne du premier film d'
Hunger Games est vraiment un potentiel modèle pour les fillettes... sauf que la plupart des personnages marquants autour d'elle, avec qui elle interagit en alliée ou en ennemie, sont des hommes (à la limite des fillettes si on prend en compte Rue et sa soeur). Les filles de son âge ou les femmes plus âgées sont inutiles ou figurantes. Du coup, ça donne l'idée de "elle est différente des autres femmes". Donc d'un côté, c'est un beau personnage féminin, mais d'un autre l'intrigue reste très masculine.
Pour revenir sur le 5e élément, je pense que c'est un truc récurrent de Luc Besson d'avoir une muse, une femme exceptionnellement forte mise sur un piédestal et de la faire éclipser les autres femmes... sans pour autant éclipser les hommes. Ce n'est pas un réalisateur très féministe.
Si on compare à d'autres projets de Milla Jovovich, elle passe totalement le Bechdel Test comme héroïne d'action dans sa saga
Resident Evil et ce n'est pas étonnant car elle a été très impliquée dans le projet (qu'on trouve ça pourri, c'est un autre débat), ce n'est pas le scénario d'un homme qui fantasme sur une femme forte, c'est un scénario fortement influencé par une femme bien dans sa peau qui avait envie de s'éclater à jouer les héroïnes d'action. Donc à la différence du 5e élément, les
Resident Evil ne donnent pas l'impression que l'héroïne est au-dessus des autres femmes et donc un objet de fascination pour les hommes qui fixent la norme. L'héroïne n'a pas besoin d'être "différente des autres femmes" ou de croiser le chemin d'un homme pour avoir droit qu'on parle d'elle. Elle s'appuie au contraire sur une série de femmes toutes aussi fortes qu'elle, et leurs intrigues sont relativement indépendantes de celles des hommes.
C'est beaucoup moins fréquemment le cas quand une oeuvre ne passe pas le Test de Bechdel.