@Herenis okay imaginons que ce soit que ça.
C'est vraiment amusant April que tu fasses comme si je venais pas du même bord que toi à la base. J'ai l'impression d'argumenter avec mon moi du passé c'est assez bizarre comme impression ahah.
Les bases sont acquises une femme trans est une femme et un homme trans est un homme. Cependant tu en conviendras que à nos naissances notre sexe a été observé comme étant féminin et masculin (femelle/mâle) et que c'est quelque chose d'inaliénable sur le plan biologique (parce que les hormones et les chirurgies ne changent pas que notre corps à la base était d'un certain sexe). C'est pour cette raison que nous sommes trans. Si notre corps était changeable au point de changer notre ADN même, nous ne serions pas trans à vie... Et ça serait trop cool.
Je le pense aussi. A partir de là, on peut dire qu'une femme trans qui n'a pas un corps qui correspond à 100% à ce qu'on attend d'une femme, notamment une femme trans qui a un pénis, reste une femme?
Oui. De la même façon que certaines femmes intersexes ont un pénis et restent quand même des femmes.
Et donc, logiquement, que si avoir un vagin est ce qui est attendu d'une femme, ce n'est pas forcément nécessaire d'en avoir un pour l'être? Si cela n'est pas vrai, alors une femme trans n'est pas vraiment une femme, et cela contredit l'axiome posé à la base du raisonnement.
C'est aussi vrai.
Le problème avec le reste de ton raisonnement c'est que tu oublies que tu touches à peu près maximum 3 pourcents de la population mondiale. Tu conviendras de dire que "le sexe n'existe pas!" quand 3 pourcents de la population mondiale n'appartient de façon stricte à l'un des deux sexes... Assez peu scientifique au final. Les sexes et les caractéristiques physiques propres à chaque sexe existent parce qu'il y a des centaines d'années d'études médicales sur le sujet. S'il n'existait pas de sexes prédéfinis, il n'y aurait pas de personnes trans qui auraient besoin de transitioner de l'un à l'autre.... À vie.
Le fait est que de voir "homme avec un vagin" a toujours été un grand déclenchement de dysphorie chez moi. Le fait est que si j'étais un homme cis j'en aurais pas et je préférerai vraiment qu'on arrête de me mettre face à ce fait merci.
J'ai pu moi-même observer, étant mariée à une personne non-binaire et ayant pour meilleur-e ami-e une autre personne non-binaire, le désir (parfois couronné de succès, parfois non) d'avoir une apparence qui empêche autrui de les catégoriser comme homme ou comme femme.
Sauf que ces personnes là ont toujours un sexe biologique... Je suis d'accord pour le fait que ça n'a pas forcément sa place sur une carte d'identité et je serai tellement pour l'enlever plutôt que de rajouter une autre possibilité, mais cette donnée à simplement pour raison de dire si tu es une femme où un homme, pas dans le sens de la société, mais dans le sens du sexe biologique, pour t'identifier, vu que dans l'extrême majorité des cas bah... Le sexe bio correspond à l'apparence d'une personne.
Tu dois pas forcément comprendre pourquoi je me focus sur le sexe biologique, mais on va y revenir quand j'aurai fini de commenter ton passage.
Toutes ces observations ne me permettent pas de dire avec justesse ce qui définit un homme ou une femme. Mais je peux conclure certaines choses:
-ce n'est pas lié au corps d'une personne, et ce n'est pas lié à comment une personne veut que son corps soit.
-c'est lié à une reconnaissance sociale.
-lorsqu'il y a déconnexion entre la reconnaissance sociale et la façon dont l'individu se voit, il y a volonté de faire concorder les deux.
Donc parce qu'il y a 3% de la population dans le monde qui ne correspond pas à ces sexes, alors le sexe est uniquement social ? Vraiment ?
Je continue à penser qu'il vaut mieux dire que plusieurs raisons sont possibles, être ouvert à priori, pour que personne ne se dise "ah moi j'en aurais besoin mais je n'y ai pas droit", et être clair sur leurs effets, ce qu'elles font et ce qu'elles ne font pas.
Du genre savoir que prendre des hormones sans être dysphorique peut potentiellement en donner ? Me semble pas que ce soit un truc qui soit dit très souvent et si les gens comprenaient ce qu'étaient la dyshorie ils n'essaieraient pas à cause de cette potentialité.
Et on est d'accord pour dire qu'il est bon de se questionner sur les raisons de son désir de traitement hormonal ... mais je tiens à dire aussi que ce n'est pas forcément facile de se "justifier" avec un raisonnement bien huilé son désir de traitement hormonal. Je pars aussi de l'à priori que le mieux, ce n'est pas d'avoir un corps "sain" qui n'a pas besoin de médicaments ou d'hormones, mais que le mieux c'est que la personne soit heureuse, dans un bien-être.
C'est effectivement vrai et j'ai eu une discussion avec une amie très intéressante sur ce sujet mais pareil j'y reviendrai après.
J'ai beaucoup l'impression que tu voies ça avant tout et uniquement comme un problème, que si tu pouvais ne pas être trans tu le serais avec joie, que tu te dis qu'un corps trans est un corps cassé, moindre, moins bien, que en bref c'est un net négatif, et c'est être une version "moins bien" qu'un corps cis, et (peut-être pas toi, mais de manière plus générale chez les gens avec un discours similaire au tien) qu'être une personne trans c'est "moins bien" qu'être une personne cis. Et ce indépendemment de toutes les autres caractéristiques qui caractérisent la personne.
Ah je savais pas que tu considérais le fait de passer sous la table d'opération plusieurs fois + d'être hormoné à vie + d'être infertile + de devoir recourir à des objets externes pour atténuer la dysphorie comme "
quelque chose de positif".
Je pensais aussi que le discours transmedicaliste avait une vision négative de la chose, qu'ils étaient triste à se plaindre tout le temps de la dyshorie, que être trans c'était pas une maladie etc... Tu sais ce qui m'a fait changer d'avis ? La réalité des choses qui est : je ne serai jamais 100% mâle. Ah je serai mâle au bout d'un moment ! Mais jamais complètement. Parce que je resterai infertile et dépendant d'hormones et de chirurgies. Mon corps mâle sera construit et non pas "de base" comme 99% des autres personnes de mon sexe. D'où c'est pas quelque chose de négatif ? D'où le fait de travailler activement pour atteindre l'équilibre qu'il faut pour ton corps pour survivre sans vouloir te mutiler est quelque chose de pas "net négatif"?
Je considère que ça m'a formée en bien.
Tu me fais penser à toutes les personnes qui disent que les abus émotionels qu'iels ont vécu les ont rendu plus mature (c'est pas le cas). Ouais tu comprends mieux ce que traversent les autres personnes trans et tu es plus à même de les aider, tu es plus ouverte et plus okay avec le reste des gens et de les accepter comme iels sont... ça s'arrête là. On a dû faire le deuil de beaucoup d'autres choses à côté, t'as très certainement vécu et vis toujours de la transphobie et en vivra toujours comme tu l'as expliqué. Tu es dépendante de tout un tas de traitement et de chirurgies pour corriger ton corps pour qu'il corresponde au sexe de ton cerveau.
Si tu penses que c'est pas possible d'être cis et d'avoir ces qualités tout en ayant pas ces problèmes, alors j'ai des news pour toi... :/
Mais dans l'ensemble je peux vivre avec moi-même maintenant. Et tous les traitements médicaux ont été positifs pour moi - parfois même de façon inattendue.
C'est fait pour donc j'espère bien !
Je suis moi, et je suis contente d'être moi.
J'aime cette phrase et je suis content pour toi.
Donc ! J'ai la chance d'avoir discuté avec une amie et ça m'a mis les idées claires pour savoir exactement comment expliquer l'importance du sexe biologique et pourquoi l'effacer de la société n'est pas la solution dans le combat féministe. Les choses vont se dérouler petit à petit je pense que c'est important de recommencer au point de départ, pour l'explication des choses que j'ai dis que j'en parlerai plus tard.
Premier point par lequel j'ai commencé avec elle, qui est "
qu'est-ce que la dysphorie ?"
Comme je l'ai répété plusieurs fois, c'est le décalage entre comment ton cerveau perçoit le corps, et comment le corps est. C'est très compliqué à expliquer à des gens qui sont cis, mais je vais essayer d'expliquer au mieux.
Ça se déclenche à la puberté, on ne sait pas exactement pourquoi, mais des études ont été faites qui ont montré que typiquement, les personnes trans qui sont sous les bonnes hormones marquent moins de points dans les diagnostiques de dépersonnalisation (c'est long à expliquer ce qu'est la DP, c'est très chiant. En gros c'est la sensation que ton corps est robotique, que les actions sont faites mécaniquement, que tu ne vis pas réellement mais que tu te regardes vivre etc...). Le lien est dispo
ici (en anglais déso). Ceci amène à penser que la dysphorie est un facteur très important dans la DP des personnes transex, et que c'est lié au fait que "ce sont les mauvaises hormones" qui sont donné de façon biologique. /!\ Attention la DP peut aussi être un symptôme de trauma /!\
De ce fait les caractéristiques sexuelles sont perçues comme étant les mauvaises à plus ou moins grand degré et ça devient
beaucoup plus facile sous hormones, comme en a témoigné April.
De ce que j'ai pu voir, par rapport à la dysphorie, dans les personnes Transex que je connais, ça se manifeste de deux façons. Soit une over-focalisation sur certaines parties du corps sexués qui devraient être différentes si c'était du sexe opposé (haine contre le corps, qui peut aller jusqu'à regarder ses mains et les haïr d'être si petites/grandes à cause du cartilage (c'est du vécu)), soit de la DP. Je pense que c'est un mixe des deux en général.
Comme vous pouvez le constater, dans ce discours, c'est pas d'un sexe à je ne sais pas quoi mais d'un sexe à celui
opposé. Parce que de la même façon qu'il y a deux sexes biologiques, il y a deux hormones sexuelles biologiques, deux gamètes biologiques etc... Les personnes transex ne haïssent pas leur corps car il est de leur sexe natal, ils le détestent car
il n'est pas du sexe opposé.
Deuxième point auquel on passe du coup, qui est "
d'où viennent les mots "homme" et "femme" ?"
Eh bien c'est simple... Ça vient du sexe ! Mais dans notre société, ces mots homme et femme ont un poids lié à des valeurs, et je pense que je ne vous apprends rien.
C'est donc plus ( + ) qu'un sexe, c'est devenu des
concepts. L'homme est fort, valeureux, courageux, violent, violeur, sadique, il porte des costards et il est carré, ce qu'on appelle le
masculin. La femme est au contraire pure, douce, agréable, petite, fragile, gentille, passive, ce qu'on appelle
féminin.
Pour la société au jour d'aujourd'hui, je suis une femme masculine parce que je rentre dans énormément de codes du genre masculin, typique de l'homme, alors que j'ai un sexe typiquement féminin faute d'hormones, au point de voir quelques hommes être mis mal à l'aise face à ma masculinité. C'est pas
ça qui fait que je suis transex. Des dizaines de milliers de personnes sont comme moi, et dans le milieu lesbien on les appelle des Butchs et elles sont cools et subissent beaucoup de pressions de la part de la société, tout comme moi, pour être féminin afin de correspondre aux rôles genrés. Et c'est quelque chose d'assez horrible qui fait beaucoup souffrir, le destin de beaucoup personnes non-conforme au genre.
Comme vous le savez tous, on (le corps féminin et j'inclus évidemment les corps des femmes trans) a aussi énormément de pression sur notre corps, qui est extrêmement sexualisé. Comment se sentir bien dans son corps dans ce genre de société ? On doit satisfaire le regard de l'homme hétéro, pour produire des bébés
(yuk). Donc la société estime qu'il faut porter des robes, mettre du maquillage, rentrer dans les codes genrés féminins, être une """
vraie""" femme. Si tu n'y rentres pas, tu n'es pas une """
vraie""" femme. Ça devient une insulte. Pis être une femme, c'est être [liste de trucs négatifs] donc en fait c'est nul. Et puis être un homme aussi non ? Les hommes sont des pervers violeurs sexistes et -phobes après tout. Si tu rentres pas dans les codes genrés féminins, et que tu ne veux pas satisfaire le regard que les hommes te portent, tu peux avoir des souffrances car la société te rejette (et je l'ai vécu beaucoup ça hein je sors pas ça de nul part, je suis comme vous).
Du coup... Je suis pas une femme, je rentre pas dans le concept de la femme, donc je peux pas être une femme ! Euh mais... On aurait pas oublié quelque chose là ?
Ah oui les sexes. Mais les sexes ça veut rien dire puisque les intersexes et les transex ils sont pas exactement dans un sexe, donc ça veut dire qu'on doit tout annuler et que l'homme et la femme ne doivent être que des concepts ! Non
C'est exactement la raison pour laquelle
on ne doit pas faire ça.
Déjà parce que perso je suis pas une identité pour un combat politique, tout comme les intersexes. Et ensuite parce que, vraiment ? 3% de la population mondiale ne respectent pas cliniquement la binarité des sexes, on va donc abolir toutes les règles biologiques existantes sur laquelle les sociétés se sont fondées depuis plus de 3000 ans ?
Et si on se débarrassait du
concept qui est lié au sexe plutôt ? Mesdames, messieurs et personnes non-binaires, je vous représente le
féminisme.
Troisième point donc, pour ce qui est de la "
dysphorie sociale ?"
Eh bien voilà. Ce n'est pas possible d'en avoir sans avoir de dysphorie de sexe à côté. Si je me sens mal quand quelqu'un me réfère en tant que "
femme", c'est parce que vu que le mot femme est lié au sexe féminin, eh bien je me sens mal de ne pas être mâle. C'est ça la dysphorie sociale,
toujours par rapport au sexe opposé.
Le reste vient des problèmes de sexisme internalisé (et homophobie, mais je ne suis pas qualifié pour m'exprimer sur ça) que j'ai expliqué plus haut, lié au
concept de la femme et de l'homme, pas au sexe. Ce dont beaucoup de personnes transex souffrent aussi (eh oui être transex ne guérit magicalement pas des problèmes de sexisme ou d'homophobie
). Ce qui fait que le mot "femme" en tant que concept (et le mot homme, pour les hommes, mais la majorité ici est AFAB), devient une prison dans laquelle la société nous met tout.e.s, qui nous force à être d'une telle façon, à se comporter d'une telle façon, à s'habiller d'une telle façon etc etc... Qui voudrait avoir le mot femme sur soi comme ça ? Ironiquement, vu que le concept de la femme est oppressif et génère beaucoup de douleurs et d'angoisse, on en vient à détester certaines parties de soi qui nous rappelle ce concept et à devenir embêté, oppressé par ces parties-là. Les pronoms. Le corps. Le corps devient une prison du concept qui nous oppresse. C'est extrêmement violent. Mais comme vous pouvez le remarqué, c'est lié au concept de la société, au regard des gens sur soi, à la "case femme".
Quatrième point, "
à propos des traumas ?"
C'est exactement la même chose que pour le sexisme (qu'on pourrait qualifier de trauma aussi je pense). Les parties de son corps nous rappelle le trauma passé et on n'en vient à les détester ou à vouloir être du sexe opposé parce que de cette façon ce ne se serait pas passé.
Cinquième et dernier point, "
okay mais merde j'ai mes hormones, même si j'ai pas de dysphorie et je vais bien mieux !"
C'est le point avec lequel j'ai discuté avec ma pote. Dans le sens où la société changera très certainement pas de si tôt, que ces concepts ne vont pas disparaître du jour au lendemain, que l'oppression va pas disparaître etc... Je suppose que si c'est trop dur de vivre comme ça et de se défaire des concepts de l'homme et de la femme, alors ouais, peut-être que transitionner ça peut être une solution sur le moyen/long terme. C'était un bon point de sa part, et du coup de la part d'April, et ça m'a fait penser à quelques trucs.
Cependant, je préfère lutter contre cette société sexiste, plutôt que pour le droit à ces personnes-là d'accéder à des soins dont iels n'ont pas besoin. Parce que sur le long terme, ce n'est pas la solution, que les risques de causer de la dysphorie à ces personnes est grande, que peut-être que ces personnes-là souffrent de DP maintenant à cause de ça, et que zut... Même si on estimes que le choix de tous est propre à eux, ce que je pense aussi, on ne devrait pas encourager les gens qui ne sont pas conforme à leur rôle de genre à transitionner Parce que ça change le corps à vie, parce que ça peut rendre infertile, etc etc... Et surtout je souhaite à personne de devoir rester sous hormones à vie... C'est pour ça que je mets l'accent sur le fait que voir un psy c'est bien, parce que je pense que sans dysphorie, il y a possibilité d'être bien dans son sexe (et même d'en être fier !) et de faire en sorte de s'éviter autant de problèmes et de la transphobie, d'une vie comme celle d'April vit, comme moi je vais très certainement vivre aussi.
Ces choses-là ne devraient pas faire de moi quelqu'un de transphobe, ou qui mérite un poing dans la tronche.
J'ai pris legit 2 heures à faire ce post pour expliquer vraiment de la meilleure des manières tout ce que j'ai tiré de tout ce que j'ai appris et du recul que j'ai pris par rapport à tout cela. Si votre premier réflexe c'est de me dire que je veux vous nuire, ou que je veux vous faire du mal, bah juste m*rde.
Si j'tenais pas à vous, à qui que ce soit, je me ferais pas chier à faire tous ces posts et à continuer de batailler alors que je suis littéralement tout seul (merci à mes big uppers). Quand bien même on peut penser que je peux me tromper, que je suis juste un petit trans qui a beaucoup de transphobie internalisée, que je me suis "perdu", vous pouvez pas dire que je fais ça dans le but de vous nuire et que je mérite d'être blessé pour cette raison. J'ai beaucoup de problèmes, vraiment, mais je suis ni perdu ni stupide, et j'ai dépassé énormément de choses qui m'ont vraiment libéré, et si j'avais été une femme cis, j'aurai vraiment été très heureux et épanoui de m'être sorti de tout ça et j'espère que ça vous arrivera à vous aussi.
En attendant, je suis moi, un homme, et ça veut pas dire que je suis mauvais ou que je suis destiné à être méchant, parce que c'est moi qui définit ce que la case
homme veut dire pour
moi, pour mon (futur) sexe, pas la société.