Laisser ses enfants seuls : banal dans les années 1990, impensable aujourd’hui ?

[Ange en danger]

Pour ma part mes enfants ont 5 ans et 2 ans. Je les préviens mais cela m'est arrivé très souvent de descendre à la boîte aux lettres ou vider les poubelles toute seule. Quelques fois ça m'est arrivé de descendre à la pharmacie (à 2 pas) vite et pas tranquille sans eux,je me voyais pas descendre avec eux déjà en pyjama. Avant que ma fille ait appris à sortir toute seule de son berceau, mon fils à l'école, cela m'est arrivé pendant sa sieste de descendre à la pharmacie sans stress.

Je me rappelle avoir lu un commentaire sur le topic à propos des parcs et moi aussi je pense que le rapport aux dangers des parents jouent dans les accidents des enfants. Ma soeur et une de mes cousines sont très protectrices et leurs enfants ont pleins de petits accidents, comme si cela ne leur venait pas à l'esprit de faire preuve de prudence tout seul. Moi je suis plutôt du genre à dire "je te préviens tu peux te faire mal en faisant ci ou ça. Je t'ai prévenu et si tu te fais mal tu vas tout seul à l'hôpital" ; ben c'est très efficace car souvent il arrête net

 

[miniro]

Ah marrant, je vois tout le temps des enfants jouer seuls vers chez moi, je ne pensais pas que les mœurs avaient tant changé.

Pour faire des recommandations ça pourrait être bien aussi d'étudier comment les adultes d'aujourd'hui se sont construits selon qu'ils pouvaient rester seuls ou non.

Je trouve les personnes qui avaient le droit de sortir et de rester seules plus épanouies et confiantes en elles, mais ça vaudrait le coup de véritablement étudier le sujet.

En attendant si j'avais des enfants je leur lâcherais la grappe et je leur ferais confiance, à moins qu'ils ne développent jamais une notion du danger. Bien sûr que des bêtises arriveront mais c'est aussi comme ça qu'on apprend.

Mes parents nous laissaient seuls, parmi nos activité nous avions regarder la télé, jouer aux lego, lire, jouer avec des bouteilles de gaz, faire un lance-flamme avec de la laque, essayer de faire brûler/escalader/couper des trucs.

On a eu mis feu à l'appart et fait de belles conneries avant même d'avoir 10ans. Mes gamins sortent jouer dehors à portée de vue, mais les laisser plus de 10minutes seuls c'est impossible. Lorsque je reviens des toilettes ou de sous la douche j'ai déjà des meubles brisés et/ou des expériences chimiques donc... j'ai survécu avec beaucoup de chance à mon enfance et j'ai un tas de cicatrices j'apprécierai que mes enfants n'aient pas à compter sur la chance pour atteindre leur majorité. Pis bon le jour où j'ai in extrémis arraché mon enfant(6ans) de la prise lorsqu'il allait mettre la langue ...

J'sais pas pour vous mais au vu du nombre de mes amis/connaissances qui ont eu des accidents graves/sont morts/sont partiellement handicapés car on était pas surveillés bah j'assume de faire gaffe à mes marmots.

 

[miniro]

Il ne faut pas oublier que Fourniret etc, c'est rare en fait. Dans les cas de violences sexuelles sur mineurs, l'agresseur est le plus souvent (94% des cas) qqun que l'enfant connait, qui fait de son entourage, voire de sa famille.

Source : https://www.memoiretraumatique.org/campagnes-et-colloques/2015-campagne-stop-au-deni.html

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[miniro]

Ma soeur et une de mes cousines sont très protectrices et leurs enfants ont pleins de petits accidents, comme si cela ne leur venait pas à l'esprit de faire preuve de prudence tout seul. Moi je suis plutôt du genre à dire "je te préviens tu peux te faire mal en faisant ci ou ça. Je t'ai prévenu et si tu te fais mal tu vas tout seul à l'hôpital" ; ben c'est très efficace car souvent il arrête net

Si les enfants sont dyspraxiques ou ont un TDAH non diagnostiqués c'est tout à fait normal. Mes gosses savent exactement ce qui peut causer des blessures mais sur le moment ils le font sans réfléchir, comme mettre les mains sur la grille du four à 250 degrés ou grimper sur les rideaux car on vient de relire Tarzan, perdre l'équilibre lorsqu'on veut atteindre le dessus de la bibliothèque Billy...

 

[cococat]

C’est interressant comme questionnement. Ma fille de 6 ans est énormément en demande d’autonomie et de petits moments seules : aller chez sa grand mère qui h habite à 2 min toute seule, aller acheter du pain, aller chercher elle même quelque chose à la voiture. Elle est sûrement très prête à tout ça mais moi non. Je ne me sens pas du tout capable de laisser ma fille comme ça car j’ai une peur bleue dés enlèvements (plus que des accidents domestiques) ce qui fait que je la bride un peu alors que cela pourrait lui être bénéfique.

 

[TheMadTink]

C'est marrant que la peur du dehors se soit accentuée, alors que la société est paradoxalement devenue moins violente.

La violence dans "les banlieues" à globalement baissée, les attentats des années de plomb sont trèèèès loin derrière nous, on a plus de caméras, plus d'appareils connectés, plus de policiers dans la rue (en tout cas si vous êtes dans une grande ville).

Alors oui, on a plus de circulation aussi et plus de comportements dangereux/agressif au volant en ville, mais globalement, en terme de violence dans la rue c'est mieux maintenant que dans les années 80.

Perso, à 8 ans j'allais à l'école toute seule, à 11 ans je prenais le RER pour aller au collège et je faisais 1h30 de trajets par jours, je passais mes mercredis après midi toute seule à trainer dans le centre commerciale pas loin de chez moi ou à la maison. À 13 ans je traînais aux Halles toute seule, à 14 je prenais le RER pour aller me balader à pied dans Paris sans aucun adultes ni aucun autres ado de mon âge. J'avais un téléphone et une heure de "couvre-feu" mais mes parents me laissaient faire.

C'es une question de classe sociale aussi je pense, aujourd'hui les gens qui peuvent se le permettre prennent des nourrices ou font faire milles et unes activités à leur enfant pour qu'il ne soit jamais seul. Perso mes parents avaient pas de thune et des horaires de travail réglementé (#l'hôpital) ils avaient pas d'autre choix que de nous apprendre à être autonome. Et j'ai pleins de collègues actuellement qui font pareil pour les mêmes raisons.

 

[KittyKiller]

Je n'ai vraiment pas l'impression non plus qu'il y ait plus de dangers ou de faits divers aujourd'hui. Je ne suis même pas sûre qu'ils soient plus médiatisés, peut-être en nombre ? J'ai grandi dans le Nord-Est de Paris en pleine époque du tueur de l'Est parisien, tout le monde en parlait, ça ne nous empêchait pas de rentrer de l'école sans parents, même le soir après mon cours de danse, on nous disait juste de ne pas rester seul(e)s, de faire attention, etc. Bon, mon école était littéralement à 5 min de chez moi, et j'avais plusieurs camarades qui vivaient dans la même rue, ça rassure je suppose. Pourtant ma mère était hyper surprotectrice par bien d'autres aspects ("attention !" à tout, critique permanente de sa soeur qui laissait ses enfants s'amuser, récit du spectre des accidents potentiels dès que je demandais à faire quoi que ce soit, obligation de l'accompagner partout...), mais rentrer seule de l'école, j'ai dû le faire depuis le CM1 (8 ans dans mon cas). En revanche, je crois que j'ai dû attendre le collège (10 ans) pour avoir le droit de rester un peu seule à la maison - avant, il y avait l'étude pour la fin d'après-midi, le centre aéré le mercredi, et une copine de ma mère qui me gardait si besoin.

 

[B8zzy]

C'est vrai que quand j'étais en CM2 ma soeur venait me chercher z la sortie de l'école, z 3 minutes à pied (en passant par une pinède). Je me souviens que ça l'a gonflait car c'était pile pendant son épisode de série préférée, des flics a Miami je crois (et non c'était pas les experts).

Je sais pas si j'ai envie de donner ce type de responsabilité/ stress z mon aîné. Bien sûr que ça aide, bien sûr que ça les rend important. Mais s'il arrive qqchise je n'ai pas envie qu'il croit que c'est de sa faute ! Ça reste un enfant.. et même un adolescent, c'est pas son rôle de surveiller le plus petit.

Audj c'est ma théorie, je changerai sûrement d'avis plus tard quand j'aurai pas le choix.

 

[haricotbleu]

J'ai eu cette conversation avec ma mère il n'y a pas si longtemps justement. J'ai grandi en ville, banlieue parisienne (dans le 93, dans une ville avec une mauvaise réputation), et pareil je me souviens que j'avais énormément d'autonomie et de liberté. Je passais des heures dehors dans la cour de la résidence ou à arpenter ma ville et le parc a pieds, en roller ou en vélo, seule ou avec des amis. À 12 ans je faisais du babysitting chez une amie de ma mère le samedi toute la journée pour deux enfants de 9 et 6 ans. J'allais au cinéma, à la zone commerciale, a l'école et au collège, au sport le soir après l'école, seule ou avec des amis de mon âge. Je restais seule à la maison assez souvent, le mercredi après midi par exemple puisque mes parents travaillaient.
Pourtant ma mère s'était déjà fait des frayeurs avec moi lorsque j'étais plus petite (elle m'a perdue dans un marché un jour, une soirée en rentrant du cirque j'ai failli passer sous une voiture), mais pour autant ça ne l'a pas traumatisée plus que ça. Et elle a grandi dans la campagne profonde donc la ville aurait pu l'inquiéter mais au contraire ça la rassurait. Il y avait une part de nécessité, mes parents n'avaient pas la possibilité de me faire garder pendant qu'ils travaillaient. Mais il y a avait aussi une part de personnalité, goût de l'indépendance très tôt pour ma part et mes parents qui n'étaient pas très branchés "jeux et activités avec les jeunes enfants".
J'étais assez mature pour mon âge, responsable et autonome. Je ne saurais pas dire si je suis devenue comme ça parce que mon entourage me faisait confiance ou inversement. Sans doute un peu des deux. Ma petite sœur n'a pas eu le même traitement et clairement on sent qu'elle est beaucoup moins autonome que je l'étais en tant que jeune adulte (nous avons des caractères diamétralement opposé et puis c'était la petite dernière).
J'avais le droit de tout et à côté de ça j'avais des amis qui n'avaient le droit de rien et j'avoue que c'était gratifiant.

Je ne sais pas du tout comment je te reagirai avec mes propres enfants un jour mais effectivement on sent qu'aujourd'hui on met beaucoup plus de pression sur les parents pour beaucoup de choses, dont la sécurité. Dans l'hypothèse où je tombe sur le modèle "enfant fiable", la pression sociale me fera probablement faire la surveillance davantage que mes craintes ou la nécessité.

 

[CherryHana]

Je me sens toujours en décalage dans mon approche des choses parce qu'autour de moi, beaucoup de gens me disent ne jamais laisser leurs enfants seuls à la maison mais en revanche, ils vont seuls à l'école.

Je ne suis pas du tout prête à laisser mon fils de 8 ans aller seul à l'école ou même chez ses grands-parents (qui habitent à 5 minutes à pieds) car je trouve ça trop dangereux. Il n'a même pas de route à traverser. Juste longer les trottoirs mais il y a des sorties de garage et les gens ne font jamais attention. Ça me terrorise donc j'attendrai qu'il soit au moins au collège.

Mais on l'a déjà laissé seul à la maison à 8 ans pour 2h environ (on avait été faire une promenade avec sa petite soeur et en bon pré-ado, il ne voulait pas venir). D'abord à 8 ans, je le trouve responsable. Je sais qu'il ne va pas fouiller ou essayer de faire des bêtises/se mettre en danger. Il n'essaie même pas de regarder les écrans si on lui a dit non. En principe, il lit sagement dans son lit. Ensuite on l'a briefer sur ce qu'il doit faire en cas de soucis (si incendie, aller sur le toit terrasse et attendre les secours, si quelqu'un sonne, faire comme s'il n'était pas là et ne jamais répondre et il peut nous appeler avec le fixe, notre numéro est préenregistré).
Dans quelques années, on compte bien lui faire garder sa petite soeur. Il est très en demande de ça et ils s'adorent. On fera des essais petit à petit, de quelques minutes, jusqu'à pouvoir aller au resto en bas de chez nous.
Et là aussi je me sens en décalage car mes amies prennent des baby-sitters Aka des ados de 16-17 ans qu'elles ne connaissent absolument pas pour garder leurs enfants (parfois très petits) et je n'aurais jamais pu faire ça. Je n'ai jamais laissé mes enfants à des inconnus (même recommandés par des amis). Je ne juge pas car chacun fait avec son ressenti mais j'avoue avoir plus confiance en mes enfants que dans des inconnus (d'où le fait qu'il soit tout seul dehors me fait très peur alors qu'à la maison, je le sais en sécurité).

 

[Barbe Bleue]

@KittyKiller

Spoiler: HS perso

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[Aesma]

J'ai grandi dans un hameau, à la campagne au sein d'une famille nombreuse. Je pense que j'étais 80% du temps sans surveillance. Les parents nous foutaient toustes dehors au moindre rayon de soleil (et souvent aussi lorsqu'il faisait moche ), on habitait au bout d'une petite allée où vivaient plusieurs autres enfants avec qui l'on allait jouer.

Je me souviens que c'était no limit sur l'allée et côté "cambrousse", on grimpait en haut de la colline, on construisait des cabanes dans la forêt et on inventait des jeux près de l'étang (oups). Parallèlement à ça il fallait faire attention à la "grande route" aka l'autre bout de l'allée qui restait une rue excessivement peu passante mais qui permettait de rejoindre le village. On l'empruntait seul·e quand on allait à la boulangerie en vélo à 1km de là (ça me semblait le bout du monde)

Je me souviens également qu'on l'empruntait avec ma petite soeur car ma mère n'avait pas le temps de faire le trajet jusqu'à la maison avant de repartir chercher les grand·es au car qui revenaient du collège. Elle nous déposait donc au bout de la fameuse grande route (et une fois sur 2 on coupait à travers champ en déchirant nos vêtements sur les barbelés par peur de croiser un bélier belliqueux) donc effectivement c'était ok de nous laisser seul·es à la maison alors que nous avions moins de 10 ans (juste le temps de faire l'aller-retour, donc je dirais 30 bonnes minutes sachant qu'on a également passé de très nombreuses heures à la garderie à l'école)

Et parallèlement je trouvais ça incroyable quand ma petite cousine à son entrée en 6e s'est vu offrir par sa mère un réveil matin et un portable et se retrouvait à prendre le métro seule pour aller au collège. Le côté village me semble tellement + safe alors qu'il ne l'est pas forcément

Sur l'autonomie qu'on peut avoir quand on est enfant, perso j'ai un souvenir assez marqué de m'être perdue dans un labyrinthe de maïs quand j'étais petite, ma mère regardait ailleurs donc on en avait profité pour sortir du chemin avec les grand·es, on avait rapidement paniqué et je m'étais retrouvée isolée, au milieu des épis qui faisait largement 2 fois ma taille. Rétrospectivement je suis hyper impressionnée, je me souviens que j'avais pris du temps pour réfléchir et que j'avais décrété qu'il fallait que j'aille tout droit pour en sortir, j'avais fini par retrouver une grande route et je l'avais suivie jusqu'à l'entrée du labyrinthe. Pas un exploit en soi sauf que si ma petite soeur ne nous avait pas suivi dans cette connerie c'est parce qu'elle était encore en poussette-canne, nous n'avons qu'un an d'écart donc je devais avoir 3 ou 4 ans lors de cette aventure.

Et moi qui bosse aujourd'hui en collège c'est assez bizarre de voir les écarts, nombres d'élèves, y compris en 6e, s'occupent d'aller chercher les + peti·es à la maternelle en sortant des cours quand à côté de ça y a des parents qui continuent d'accompagner leurs enfants à l'école y compris à 12-13 ans.