Le baby-clash : quand le couple est en crise après la naissance d’un enfant

[Membre supprimé 332225]

@GwenP Moi aussi je suis fortement en colère, et coincée, parce que j'ai épousé l'un des leurs (à une époque où j'avais une conscience féministe moins développée qu'aujourd'hui, et l'objectif de tomber amoureuse et fonder une famille. Je ne pensais pas encore à toutes ces questions de charge domestique et mentale, je ne savais même pas que ça existait).
Je pense qu'il existe des hommes réellement soucieux de ces questions et sensibles au bonheur de leur partenaire et de leur nourrisson. Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'une majorité. La plupart des hommes élevés dans cette société, surtout les quarantenaires et cinquantenaires, sont habitués à ne pas gérer le quotidien ou à faire semblant. Inconsciemment ou consciemment, ils utilisent leur femme et les exploitent.
Je pense que l'éducation des garçons et des filles est à revoir, mais on n'y arrivera pas sans une volonté collective.
Et nous, épouses/compagnes, on a maintenant la responsabilité de quitter nos partenaires devenus trop cons qui nous prennent pour des connes.
Mais la liberté, ça se paye. Il faut accepter la douleur et le chagrin, éventuellement la solitude. Il faut franchir le pas.
Je ne suis pas sûre d'y parvenir.

 

[Furya]

On avait beaucoup parlé avec mon compagnon avant d'avoir un enfant. A la base, la répartition des tâches devaient être équitable. Se lever une nuit sur deux pour les biberons... Et notre fils est arrivé et dans les 2 mois où il a fallu se lever la nuit pour les biberons, je pense que s'il a fait deux nuits, c'est le bout du monde
Pendant le congés mat, clairement je m'occupais de tout. Après je peux comprendre, il venait de commencer son travail... Mais la reprise du boulot n'a pas vraiment changé la routine. Il est un père génial pour notre fils, par contre toute la logistique du foyer à côté, rien du tout. Ça m'énerve tellement et ça me déçoit... Je sais que si j'avais les moyens, finalement je serais mieux seule. Être mère solo c'est dur (je l'ai fait pendant une semaine où monsieur était isolé à cause du covid) mais finalement, ça enleve la déception de s'attendre à quelque chose qui n'arrive pas...

Bon maintenant, au moins je lui refile son fils sans trop de scrupules quand j'en ai marre mais je sais que je suis quand même le parent par défaut...

(le pire c'est que mon copain est très deconstruit et féministe mais il ne voit pas le problème chez nous, quelle ironie)

 

[Ahimsa]

Je corrobore certains des témoignages ci-dessus.

Avant que notre fille naisse, on était plus ou moins à 50% dans notre couple. Peut être pas tout à fait , mais bon… je m’occupais clairement de la majeure partie des taches ménagères, mais il faisait la cuisine à 85% je dirais.

Aux yeux de notre entourage mon mec est super féministe et investi et hyper égalitaire.

Puis notre fille est née et a passé ses 3 premiers mois à ne pas pouvoir être posée jour et nuit, et là, il a complètement démissionné. Juste, il avait pas les épaules. J’ai pris teeeellement cher… j’étais la seule à pouvoir gérer la petite, je ne dormais plus du tout, j’avais mal partout, j’avais perdu pas mal de poids, je pleurais en permanence. Il gérait pas mal l’intendance, mais à côté de ma souffrance et de mes sacrifices, c’était peanuts.

Par la suite la vie est devenue bien plus facile avec une puce merveilleuse qui dort très bien. Mais ma charge mentale a explosé. On a du commencer à faire très très gaffe aux sous alors qu avant on était plutôt à la cool, évidemment changement d’appart pour plus grand, ass mat car pas de crèche, etc… et je me tape tous les comptes et le budget seule, les déclarations de l’ass mat, les factures… juste il sait pas faire ça, il vaut vraiment mieux que ça soit moi. Avant la question ne se posait pas on avait quasi zéro administration en commun. J’ai commencé à gérer la cuisine aussi, car comme il est hyper dépensier et pas organisé, c’était plus possible qu’il fasse cette partie sans que ca soit n’importe quoi. Bref, maintenant je dirais que je gère l’immense majorité des choses à la maison.

Mon mec est tjs la même personne, mais oui, la naissance d’un enfant, les grandes responsabilités, les contraintes budgétaires, la fatigue, le sacrifice parental. Ça fait en général pas ressortir le meilleur des hommes éduqués comme de gros égoïstes incompétents.

 

[Slaw]

@Ahimsa : je compatis, ça doit être rude de savoir que l'équilibre de ton foyer repose à 80% sur tes épaules.
Quand tu dis que ton mec ne sait pas s'occuper des aspects administratifs de la vie de couple... est-ce à dire qu'il occupe un poste sans aucune dimension administrative ? Si tel est le cas, que fait-il ?
Et pareil, quand tu dis qu'il "n'avait pas les épaules" pour gérer une situation stressante/fatigante dans le temps, est-ce qu'il occupe aussi un poste super cool où il n'a jamais à gérer des urgences ou des situations stressantes sur plusieurs mois ? Si tel est le cas, que.. ?

Si tel n'est pas le cas et qu'il est capable de le faire au travail mais pas chez lui... c'est plutôt qu'il n'a peut-être pas très envie de s'y mettre, non ? Et cela doit être plus facile de se dire qu'il ne le fait pas parce qu'il n'en est pas capable que parce qu'il n'en a pas envie et qu'il te laisse donc gérer (et t'épuiser) à sa place. Mais ça veut aussi dire qu'il serait capable d'apprendre (avant que tu fasses un burn-out ?).
Enfin je trouve ça étrange quand même : les hommes "n'ont pas les épaules" et ne sont "pas capables" de gérer leur famille mais il parviennent à déterrer des ressources morales et physiques insoupçonnées pour, au pif, gouverner un pays, mener des armées, réaliser des films, conduire des orchestres... et tout ça en dormant très peu ? Je trouve ça louche.

Je ne souhaite pas avoir d'enfants (ni cohabiter si jamais je trouve un mec) et l'idée d'être la manager non-payée ne serait-ce que d'un foyer de deux adultes est ma principale motivation là-dessus. Et quand je vois les couples hétéro autour de moi, même s'il y en a qui ont l'air plutôt sympa, la charge domestique n'est JAMAIS équitablement répartie et elle l'est toujours en faveur des hommes (que cela soit l'organisation des vacances, le fait que la femme du couple serve d'agenda à son mec, qu'elle gère le déménagement seule pendant que son mec regarde un replay de match de foot ou qu'elle s'occupe de son beau-père (le père de son mec, donc), ou encore qu'elle organise des moments "retrouvailles" autour de la bière pref de son mec)...
Petite pensée à un ex qui m'avait dit sur un ton accusateur qu'il n'envisageait pas d'avenir à long terme avec moi parce que je ne voulais pas d'enfants... alors qu'il était super passif dans le couple (tout en faisant plein du trucs seul/avec ses potes). Ben, peut-être qu'au lieu d'aller "ranger les transats" pendant que je m'occupe de la vaisselle/du ménage/des affaires/du rangement de la maison de TES parents après une soirée avec TES amis, tu aurais pu me montrer qu'on formait une équipe ? Peut-être qu'il aurait fallu me donner envie de me reproduire et de construire une famille avec toi et de me montrer que tu n'allais pas me laisser affronter ça toute seule.

 

[Ahimsa]

@Slaw mon mec a un job de « terrain » et relations clients dans lequel en effet il y a très peu d’administratif. J’ai un job de cadre avec de grosses responsabilités. Mais il ne s’agit pas tant de ca, ni d’ envie comme tu dis car en soi, j’ai pas envie non plus que de conditionnement de la plupart des hommes cishet assistés toute leur vie jusqu’à la paternité.

Dans mon cas, le différentiel avant/après enfant est vraiment important en effet. Tout ça pour dire que non, on ne peut pas savoir avant, et ce cas de figure est très très fréquent.

Pour répondre à @Naos, non dans mon cas ça n’a pas vraiment changé mon regard sur lui parce que je suis très consciente qu’on est encore dans un système d’inégalités dans les couples hétéros et je ne me suis jamais fait aucune illusion, je m’y attendais un peu en fait. Mais je trouve quand même terrible que les schémas se mettent en place aussi facilement quand tu étais « épargnée » à la base…

 

[Furya]

@Naos j'ai l'amour très fluctuant depuis toujours mais je pense que les moments où je l'aime moins sont plus fréquents qu'avant.

Dans mon cas, il y a aussi le fait qu'il ait repris une activité pro à plein temps après avoir été précaire pendant longtemps. Clairement il en faisait plus avant, même si parfois je rentrais du travail et il n'avait rien foutu de la journée. Il a déjà osé me sortir "j'ai du travail je suis fatigué", c'est vrai que moi je me tourne les pouces... J'ai cru le passer par la fenêtre quand j'ai entendu ça. En fait, il ne pense pas aux à côté, donc il ne comprend pas le stress et la place que ça représente. Oui on est parent mais il faut aussi penser à acheter de la nourriture, les vêtements, prendre rdv chez le pediatre et pour nous aussi, le ménage, les lessives, les repas... D'après lui il faudrait être chill, un peu se laisser porter mais si on fait ça , on arrive vite à ne plus avoir de fringues et plus rien à manger. J'ai essayé avec la lessive, de ne pas m'en occuper pour voir... Ben j'ai vu... Je suis incapable de faire comme Titiou Lecoq malheureusement. Je préfère faire et j'essaie très fort de ne pas m'attendre à ce qu'il fasse quelque chose pour ne pas être déçue (mais après quand il fait, je trouve que ce n'est pas bien fait parce que pas à ma façon. Mais sur ça, j'arrive à lâcher prise). C'est pour ça que sans me séparer de lui, j'aimerais parfois avoir vraiment les moyens d'acheter un appart dans notre résidence juste pour n'avoir à gérer que mes affaires et pas les siennes, de pouvoir passer du temps ensemble sans pour autant gérer toute la logistique... Mais ça coûte cher et ce n'est pas gerable. Je me dis que quand notre fils sera plus grand (vers 3ans, quand il pourra jouer 20min tout seul ou regarder un dessin animé à la télé) ce sera peut être plus gerable aussi.

 

[Moony Moomin]

J'ai lu tous vos commentaires et je suis à la fois tellement triste pour vous, et super en colère contre les hommes. (oui je dis les hommes, comme groupe social, pas de "not all men" ou de ouin-ouin sinon je récupère les male tears pour mettre dans mon thé ) Et même colère est trop faible, j'avais carrément des bouffées de haine à leur encontre en vous lisant. Ne voulant pas d'enfant, ni même relationner avec un homme (mon côté misanthrope et vieille fille à chat il paraît), j'ai malheureusement pu constater chez l'une de mes amies que ce schéma s'est malheureusement répété. Outre le fait qu'il l'a allègrement trompée après la naissance de leur fille, ce qui a conduit à leur divorce. Bon, je n'ai pas à me prononcer dessus mais je trouve hallucinant la facilité qu'ils ont à se débarrasser de la culpabilité de laisser leur conjointe se prendre la majorité de la charge mentale alors même qu'elles se sont payé une grossesse et un accouchement, ce qui n'est pas sans créer de l'épuisement, un chamboulement hormonal important etc. Je trouve hallucinant de faire un gosse mais de ne pas assurer derrière et de ne pas prendre sa part, voir même de ne pas compenser et de ne pas en faire plus pour laisser sa conjointe récupérer. L'audace de ces mecs quoi. *retourne avec son chat et ses lapins*

 

[Ahimsa]

@Moony Moomin Je comprends. Je te conseille de ne pas aller te balader sur le compte Instagram @taspensea, ça rend littéralement dingue

 

[Kettricken]

Moi aussi, j'ai de grosses bouffées de colère en lisant les commentaires
@Furya si tu lui dis platement que vous ne faites pas du tout une nuit sur deux, il dit quoi ? Et si tu le secoues pour qu'il se lève à ta place ?
Des mamans m'ont déjà dit que rien que secouer leur mec les réveille elles et qu'elles sont de toutes façons énervées et donc autant se lever. Mais je me dis que ça peut valoir le coup pour certains de les contraindre à respecter leur engagements.

La grosse difficulté du combat féministe, c'est que l'ennemi est dans la maison, et qu'on l'aime et que c'est difficile de choisir de partir en guerre.
Donc à la fois je donne ces conseils et à la fois je comprends aussi qu'on ne veuille pas se lancer là dedans.

 

[Furya]

@Kettricken alors vu qu'il dort bien maintenant, je ne dis rien parce qu'il n'y a plus besoin. Quand il pleure pour un cauchemar, je me lève parce que j'ai le sommeil plus léger. Par contre, j'avoue faire parfois la sourde oreille le week-end le matin. Genre dimanche matin, je ne me suis pas levée. Mon compagnon s'est levé et il n'a rien dit (heureusement). Je culpabilisais un peu en me disant que si je ne me levais pas, il n'aurait pas la possibilité de dormir un peu le week-end parce qu'il reste à la maison le lundi avec notre fils, mais j'ai réalisé que du coup moi non plus je n' ai pas de jour où je peux rester au lit du coup ! (vu que je me lève forcément le week-end quand mon compagnon bosse)
En fait, c'est vraiment le manque d'investissement à la maison qui m'énerve (par contre, on était parti une semaine et en rentrant il avait quand même tout fait à la maison mais une fois rentrée, pouf quasi plus rien !)

 

[Kettricken]

@Furya chez nous, les mauvaises nuits ont duré peu ou prou 3 ans et demi
Je n'aurais donc pas survécu si mon compagnon m'avait laissée gérer seule. Enfin si mais pas notre couple.
Même si une fois passé la première année, je me suis plus levée que lui simplement parce que ça m'était plus facile de m'endormir en tenant mon fils dans les bras ou sur un matelas à côté de lui. Mais en échange, c'est quasi toujours lui qui se lève le we

 

[B8zzy]

Ici ça va faire deux ans que j'ai pas eu une seule nuit sans levé et oui c'est moi qui me coltine le séchage de larmes a chaque fois (bon pendant 7 mois j'allaitais un bébé donc bon y'avait pas le choix que ce soit moi). Il a bien géré quelques crises mais c'étaient les 2eme ou 3eme de la nuit.

Je reprend le travail mercredi et je suis en stress intégral de me dire que si ça continue comme ça les nuits je vais pas survivre (oui, on est lundi, 3eme jour de classe, on en est déjà au 3eme jour de larmes parce que le gosse est ingérable).