@Sadala Je peux comprendre ton incompréhension dans le sens où on peut se dire "y'a pas de quoi être fier d'un tel système si les gens qui le vivent se retournent contre lui". Sauf que ça dépend de quel point de vue tu te places : tu peux aussi tirer une certaine fierté de voir ton pays être à la pointe des luttes anti-racistes dans le monde. Parce que c'est le cas même si ça peut sembler paradoxal : les Etats-Unis sont probablement une des démocraties les plus structurellement racistes au monde, mais c'est aussi ce pays qui est à l'avant-garde des luttes anti-racistes et qui a donné naissances à des figures très inspirantes bien au-delà de la communauté Afro-américaine et bien au-delà des frontières américaines. Si tu prends Martin Luther-King ou Rosa Parks, on peut les compter comme des figures fondatrices de la nation américaine et finalement voir d'autres militants et activistes marcher dans leurs pas à l'étranger, c'est une forme d'hommage à leur combat et ça rejaillit sur la société qui les a vus naitre. C'est ça aussi le soft-power. Pour en donner un autre exemple, c'est comme quand les manifestants pro-démocratie hong-kongais ont chanté la chanson des Misérables face à la police chinoise : ça fait vibrer une corde chez les Français parce que Les Misérables c'est "notre" héritage, on en a tous lu des passages à l'école, Victor Hugo il est au Panthéon, c'est une figure majeure de la nation française, donc quand il est repris par des gens qui se battent pour leur liberté à des milliers de kilomètres de chez nous, c'est un peu la France qui est représentée. Même si le pays est parfois le dernier à respecter l'idéal dont il fait la promotion, il y a une forme de fierté à voir que c'est cet idéal qui est mobilisé par d'autres face à l'autoritarisme et qu'à travers l'oeuvre de Victor Hugo, quelque part, c'est la France qui fait référence en matière de défense des droits de l'Homme.
Au fond du fond, je crois qu'il y a de ça dans le choix d'Assa Traoré en une du Times. Le bénéfice symbolique va dans les deux sens : en la reconnaissant comme une héritière des luttes américaines pour les droits civiques elle acquiert ses lettres de noblesses et en retour, la distinction d'une personnalité étrangère qui reprend le flambeau dans son pays, redore celles de la nation américaine.
Au fond du fond, je crois qu'il y a de ça dans le choix d'Assa Traoré en une du Times. Le bénéfice symbolique va dans les deux sens : en la reconnaissant comme une héritière des luttes américaines pour les droits civiques elle acquiert ses lettres de noblesses et en retour, la distinction d'une personnalité étrangère qui reprend le flambeau dans son pays, redore celles de la nation américaine.